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Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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écuries. Ce à quoi je consentis, fort heureux qu’il me traitât à
la parfin en gentilhomme, sinon comme il m’en flattait en ami, l’amitié lui
étant, je gage, un sentiment de trie et de trac inconnu.
    N’en ayant pas l’usance, étant
content des miens, je vendis le cheval dont je tirai cinq cents écus, et
j’offris le diamant à Angelina, un joaillier l’ayant serti en bague, lequel
joaillier me disant que la pierre valait bien mille écus. À ce que j’opine, le
Duc n’eût pas donné la moitié autant en deniers à un médecin qui ne lui eût pas
fait sentir qu’il était né.
    Jugeant que les forces dont
disposait le Roi, environ vingt-cinq mille bons soldats, n’étant point
inférieures à celles que le Guise avait amassées à l’Est du royaume grâce à
l’or de Philippe II, Épernon opinait qu’il fallait incontinent en découdre
avec le Duc rebelle, ce que je lui ai cent fois ouï dire au Roi quand Sa
Majesté le venait visiter au château de Saint-Germain-en-Laye pour s’enquérir
de sa santé. Mais Sa Majesté qui nourrissait, je crois, une vue plus profonde
de la situation, arguait qu’il ne pouvait faire la guerre au Duc de Guise tant
que celui-ci couvrirait ses entreprises du manteau de la religion, lequel
manteau lui valait un soutien si fort du clergé et du peuple qu’il importait de
prime de lui retirer.
    Raison pour quoi le Roi signa avec Guise,
sur l’intercession de la guisarde Reine-mère, ce traité de Nemours, apparemment
si désastreux et si ignominieux, par lequel le Roi de France, reconnaissant
quasiment pour légitime la rébellion contre lui dressée, assurait au Duc la
garde des villes qu’il lui avait prises.
    — Le pis qui est en tout cela,
me dit Pierre de l’Étoile, au matin où il m’apprit ces nouvelles (étant
toujours merveilleusement informé de tout), c’est que le Roi est à pied, et la
Ligue à cheval.
    — Nenni, dis-je, le pis est la
révocation où on l’a contraint de tous les édits de pacification et
l’injonction faite par édit aux huguenots de quitter le pays sous six mois,
sous peine de confiscation de leurs biens ! Beau feu de joie allumé sur un
tonneau de poudre !
    — Vous êtes-vous apensé, dit
Pierre de l’Étoile gravement, que Monsieur votre père pourrait pâtir de cette
confiscation ?
    — Que non pas ! Mespech
est ce jour d’hui ès poings de mon frère aîné, lequel, ayant tourné jaquette,
est dévot catholique. Mais qui ne voit que Sa Majesté n’a évité la guerre
civile avec Guise que pour tomber dans une guerre civile avec les huguenots.
C’est Scylla après Charybde !
    — Mais on peut bien penser,
cependant, dit Pierre de l’Étoile, son amère lippe dessinant un sourire, que
cette guerre contre les huguenots, Sa Majesté la fera sans zèle aucun !
    — Ha ! dis-je, je le cuide
aussi. Mais n’est-ce pas pousser trop loin le machiavélisme que d’avoir l’air
de s’allier à son mortel ennemi pour paraître faire la guerre à son naturel
allié ?
     

CHAPITRE VIII
    Ce même jour, en rentrant au logis,
je trouvai une lettre qu’un petit « vas-y-dire » venait d’y apporter,
et qui me plongea dans un abysme de surprise et d’appréhension :
     
    « Monsieur mon Cousin,
     
    Je suis bien marrie que vous
n’ayez pas encore répondu à l’invite que je vous ai faite de me visiter en
l’hôtel de Montpensier, où j’eusse été pourtant ravie de vous présenter à
Madame ma Cousine, laquelle a quelque appétit à vous connaître, ayant ouï sur
vous des opinions si diverses qu’elle désire (à vous voir et à vous entretenir)
en former une qui ne vienne que de soi. Croyant, Monsieur mon Cousin, que vous
ne sauriez négliger les volontés de cette haute dame, comme, hélas, vous avez
fait des miennes, je prie Dieu de vous tenir en sa sainte garde, du moins aussi
longtemps que ma cousine me commandera d’être, Monsieur mon Cousin, votre
humble et dévouée servante.
     
    Jeanne de LA VASSELIÈRE. »
     
    Je n’en crus pas mes yeux de
l’extrême impudence de cette Marianne qui m’ordonnait, en ce poulet où la
menace affleurait hors la politesse, de venir me soumettre à l’inquisition de
la duchesse de Montpensier, dont le monde entier savait qu’elle servait
frénétiquement les ambitions de son frère, inspirait par son or les stridentes
prêcheries des prêtereaux de la Ligue et mâchellait mon pauvre Roi du matin au
soir, portant continuement à sa ceinture des

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