Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
ainsi de ton beau-frère ! C’est péché !
    — Ha ! dit le Roi, je suis
le beau-frère de Philippe ! Je suis le beau-frère de Marie Stuart !
Dieu me garde de ces alliances dont ma mère était raffolée ! Que de
brouilleries elles me font ! Et comme elles me prennent à rebours !
Philippe veut hausser ma nièce, après moi, sur le trône de France ! Et
Marie Stuart, de sa geôle, requiert mon aide contre la Reine Elizabeth !
    — Sire ! dit Du Halde,
Navarre est aussi votre beau-frère !
    — Mais celui-là, je l’aime, dit
le Roi. Et je suis fort fâché que le pape ait osé l’excommunier comme
hérétique. Et le déclarer déchu de ses droits à la Couronne de France.
Arrogante audace ! poursuivit le Roi, de la part de ce Sixte Quint, et
bien éloignée de la modestie de ses prédécesseurs.
    — Henri ! dit Chicot,
sais-tu qu’en ses enfances le Sixte gardait les pourceaux ?
    — Eh bien, dit le Roi non sans
âpreté, qu’il garde ses pourceaux, et moi les miens ! Quel droit a-t-il en
mon étable ? Et de quel droit décide-t-il de la translation des royaumes
établis ? Qu’il nous dise avec quelle espèce de « piété » et
« sainteté » il donne ce qui n’est pas sien ? Ôte à autrui ce
qui lui appartient ! Mutine les vassaux et sujets contre leur Prince
souverain ! Et renverse les fondements de l’ordre politique !
    C’était bien dit : avec force,
avec éloquence, avec raison. Et le plus émerveillable, c’est que ce fut dit en
défense d’un homme à qui, dans le même moment, le Roi était contraint de faire
la guerre, tout en l’aimant et le prisant bien au-dessus de tous les princes de
la chrétienté.
    — Siorac, mon enfant, reprit le
Roi en s’asseyant et en me présentant la main, rentre au logis et garde-toi
bien. Tu m’as, ce coup-ci encore, bien servi. J’userai de ce brouillon un jour
à mes propres fins, si Dieu veut que je mène mes projets jusqu’au terme que je
leur assigne. Mon Querelleur t’apportera demain un modeste témoignage de ma
gratitude.
    Ce qui m’intrigua fort, pour ce
qu’Henri n’avait jamais avant ce jour employé Quéribus comme messager entre
lui-même et moi pour la raison que je le voyais tous les jours.
    Mon Miroul ne réapparut rue du Champ
Fleuri qu’à la nuitée et fort las ou contrefeignant la lassitude, je ne saurais
dire, ce qui me donna à penser qu’il avait passé une partie du jour à muser en
Paris.
    — Ah ! Moussu ! me
dit-il, en me demandant permission de s’asseoir, dès qu’il fut dans mon petit
cabinet, je fus à grand-peine et labour à trouver notre homme ! Il ne
fallait pas avoir les deux pieds dans un sac, mais lever la semelle pour enfin
l’encontrer. Il loge au diable de Vauvert ! Et quasiment dans les
faubourgs ! Et pour lui louer l’Aiguillerie, quel ahan ce fut ! Sans
la langue que le ciel m’a donnée, laquelle est frétillarde, parleresse, et
saliveuse, je n’en serais point venu à bout ! Ha ! Moussu !
L’obstiné chiche-face ! L’opiniâtre pleure-pain ! Que non seulement
il tondrait un œuf, mais gloutirait le diable avec ses cornes !
    — Bref ! dis-je.
    — Moussu, dit Miroul qui cilla
fort de mon interruption, j’ai eu l’Aiguillerie pour cinq écus le mois.
    — C’est prou !
    — C’est prou ? s’écria
Miroul comme indigné, Moussu, est-ce tout le merci que j’aurai de vous pour
avoir couru comme fol tout le jour, usé mes semelles jusqu’à l’empeigne et
ampoulé mes pieds ! Moussu ! Suis-je votre secrétaire ou votre
« vas-y-dire » ? Prou, Moussu ! Vous avez dit prou ?
Le guillaume en quérait quinze de prime et il me fallut une grosse heure pour
le dégraisser de cette enflure et le descendre à cinq ! Et vous dites que
c’est prou, alors qu’hier vous m’avez dit, à la papiste, que son prix serait le
vôtre ? Or, non content de conclure barguin avec ce gautier, et de louer
au mieux l’Aiguillerie, je vous ai cherché et trouvé, de surcroît, le locataire
et le gardien qu’il vous y faudrait ! Ha ! Moussu, j’enrage !
Voilà donc le prix de mes peines ! Vous m’accueillez d’un air mal’engroin,
la moue en bouche, l’œil suspicionneux, quasiment comme si j’avais musé en
Paris au lieu d’user mes jambes à votre service ! Vous me coupez le récit
que j’en fais ! Et pour le comble de la chose, vous me baillez un
« C’est prou » sec et dur comme un croûton !
    — Pardonne-moi, Miroul,

Weitere Kostenlose Bücher