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Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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house ? Or me, for that matter ? Are French Lords so indiscreet [75]  ?
    — Madame, dit Brissac dont
j’entendis les pas résonner tout autour d’elle sur le parquet. Je vous fais mes
plus humbles et désolées excusations. Je me serai trompé de porte.
    — Je l’espère, dit my Lord
Stafford, le parler haut, sec et froidureux. Sans cela comment eussé-je pu
jamais vous pardonner cette invasion et irruption en mes appartements
privés ?
    Sur quoi Brissac continua à
s’excuser profusément, n’étant pas chiche de mots ni d’impudence.
    — N’en parlons plus, Brissac,
dit my Lord Stafford qui ne voulait pas pousser la pique trop loin. Je ne
voudrais vous quitter qu’en toute amitié, devant demain départir pour Chartres.
    — Pour Chartres ! dit
Brissac dont la voix à cette nouvelle me parut fort déquiétée. Vous quitteriez
Paris pour Chartres !
    — Si ne suis-je pas ambassadeur
en Paris, dit my Lord Stafford tranquillement, mais ambassadeur auprès du Roi
de France, et le dois donc suivre partout où il établit sa Cour.
    Sur cette parole qui sonnait le glas
des espoirs de Guise de voir l’ambassadeur anglais demeurer en Paris et par là
même en quelque manière le reconnaître, Brissac prit congé, my Lord Stafford le
raccompagnant, pour ce que j’ouïs leurs voix et leurs pas décroître, mais my
Lady Markby me pressant des deux mains à travers son cotillon, je ne voulus
cependant saillir hors que my Lord Stafford, retournant, ne m’eût dit :
    — Chevalier, cette fouine est
partie et mon huis sur elle reclos. Sortez, je vous prie, de votre aimable
cachette, de crainte d’y périr étouffé.
    Ce que je fis, fort rouge et quant
au cheveu fort ébouriffé, my Lord Stafford, à ma vue, se jetant sur un fauteuil
et riant à gorge déployée et tripes secouées, spectacle qui ne laissa pas de
m’étonner, tant il avait fait montre de roideur, de froideur et
d’imperscrutabilité dans son entretien avec Brissac.
    — Ha Madame ! dit-il en
français à my Lady Markby, si je revois jamais Notre Gracieuse Souveraine, je
l’amuserai énormément en lui contant à quelles extrémités vous avez poussé
votre zèle à la servir.
    — Honni soit qui mal y
pense ! s’écria my Lady Markby en contrefeignant l’outragée, qu’elle
n’était en aucune manière, pour ce que la minute d’après, elle se mit elle-même
à s’esbouffer et ajouta : De reste, my Lord, je le dirai à my Lord
Markby : l’idée venait de vous.
    — De vous ! De vous,
Madame ! cria my Lord Stafford. Il ne sera pas dit céans devant un
gentilhomme français que la tête d’un ambassadeur d’Angleterre puisse
accueillir, nourrir et exprimer un pensement pareil, lequel est si contraire à
la dignité de sa charge.
    — Quoi ! dit my Lady
Markby en lui lançant un regard si subtil et si connivent qu’il me donna fort à
penser, prendrais-je sur moi la chose ? Est-ce votre suggestion ?
Vais-je sacrifier une fois de plus mon bon renom au vôtre ?
    Là-dessus, l’ombre d’un embarras
apparaissant sur le visage de my Lord Stafford, celui de my Lady Markby reprit
incontinent son sérieux et elle dit :
    — My Lord, vous avez dit à
l’instant : « Si je revois jamais Notre Gracieuse Souveraine ».
Êtes-vous habité de quelque appréhension touchant ce qui nous pourrait advenir
en Paris ?
    — En Paris, point du tout, dit
my Lord Stafford, le Magnifique se voulant magnanime, comme il l’a bien montré
le 12 en libérant ces pauvres Suisses. Nous départirons d’ici sans être
molestés et nous passerons hors les murs par la porte que nous voudrons, sans
encombres, sans traverses et sans fouille. Ma crainte est à plus lointain terme
et tient tout entière en cette seule question : la bénédiction du pape
a-t-elle pouvoir auprès du Maître et Souverain du ciel ?
    — La bénédiction du pape !
m’écriai-je. My Lord Stafford, que voulez-vous dire ?
    — Sixte Quint n’a-t-il pas bénil’ Armada solennellement en l’appelant sa fille ? Que si cette
bénédiction est efficiente, alorsl’ Armada est vraiment
invincible, l’Angleterre est envahie, notre Reine bien-aimée disparaît, votre
Roi aussi, chevalier, et quant à nous, ambassadeur ou non, le bûcher nous
attend.
    — Pour moi, je ne laisserais
pas d’être contente d’y monter, s’écria my Lady Markby en prenant le parti de
rire. Qui fut réputé fournaise de son vivant doit par le fagot

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