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Le Prisonnier de Trafalgar

Le Prisonnier de Trafalgar

Titel: Le Prisonnier de Trafalgar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Escarpit
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deux bâtiments de transport attardés que la Fury avait du mal à rejoindre. L’un d’entre eux, en particulier, était dangereusement isolé et paraissait une proie facile pour les corsaires. La frégate parviendrait peut-être à s’interposer entre eux et le navire menacé, mais elle laisserait son compagnon plus proche du convoi exposé à son tour, alors que le Forth mettrait encore un bon quart d’heure avant de l’atteindre. Vent arrière, les brigantins avaient le choix entre les deux proies.  
    Malgré le froid très vif, les six hommes de la Jenny observaient les opérations en silence. Un soleil pâle commençait à pomper la brume et les navires aux prises étaient maintenant très nettement visibles.  
    Un grondement arriva sur la crête des vagues. La première frégate devait avoir engagé l’ennemi à limite de portée dans un effort pour le ralentir et laisser à sa compagne le temps d’arriver sur les lieux.  
    Soudain, Nat tendit la main.  
    — Ils virent vent arrière et changent de bord !  
    En effet, la voilure de deux des brigantins s’élargissait tandis que les mâts disparaissaient les uns derrière les autres. Laissant leur compagnon répondre à la frégate et l’entraîner vers le nord-est, ils faisaient brusquement route au sud-sud-ouest, droit sur l’arrière du convoi. Pris de court, le Forth tira dans leur direction une salve qui alla se perdre en mer.  
    Les deux corsaires approchaient rapidement. En moins de vingt minutes, ils se trouvèrent par bâbord arrière du convoi, à deux encablures de la Jenny. Avec quelques boulets de leurs canons de chasse, ils pouvaient réduire le petit yacht à l’état d’épave et y anéantir toute vie. Hazembat se précipita vers la cabine et, prenant Lady Dalrymple par la main, la tira sans ménagements derrière lui.  
    — Jenny ! Conchita ! suivez-moi ! cria-t-il.  
    Malgré les cris perçants de Lady Dalrymple, il ouvrit l’écoutille du poste d’équipage, il lui fit dégringoler les marches de l’échelle, puis balança derrière elle Conchita, paralysée par la peur. Jenny hésitait à suivre.  
    — C’est une bataille ? demanda-t-elle.  
    — Oui, en bas, vous serez relativement à l’abri des boulets.  
    — Que fait Stephen ? Il doit nous protéger !  
    D’un coup d’œil, Hazembat vit, à un mille en avant, le Valorous qui virait pesamment de bord pour venir à la rencontre des assaillants, mais il s’en faudrait d’un quart d’heure avant qu’il puisse les attaquer.  
    — Il fait ce qu’il peut ! Descendez !  
    — Non, je reste. Je veux voir.  
    Hazembat haussa les épaules. Les deux brigantins étaient tout près maintenant et on aurait dit que leurs beauprés allaient toucher la poupe de la Jenny. Brusquement, ils divergèrent. Tandis que l’un continuait sa course par bâbord du convoi, l’autre vira sec sous le vent, puis, serrant ses voiles, se redressa et fit route pour venir se placer par tribord. La manœuvre était évidemment d’attaquer par les deux côtés le convoi qui constituait désormais un écran entre le Valorous et le brigantin sous le vent.  
    Ils furent soudain par le travers, de part et d’autre de la Jenny, celui de bâbord en avance d’une encablure sur celui de tribord. A moins de cent pieds, Hazembat vit béer vers lui les gueules de huit canons de 18 et de deux grosses caronades. Les équipes de canonniers étaient groupées derrière les pièces. Il y avait trois hommes à la barre et, sur le gaillard d’arrière, deux officiers, l’un avec un bicorne, l’autre un foulard rouge noué autour de la tête, jetaient un regard dédaigneux sur la Jenny, visiblement dépourvue d’armement.  
    D’instinct, Hazembat se dit que le moment était venu pour tirer une bordée à mitraille et balayer ce pont. Ses doigts se crispèrent sur la lisse de rage impuissante. Et puis, avec un coup au cœur, il vit le grand pavillon tricolore flotter à la corne d’artimon. C’étaient les siens qui étaient là. Dans cette bataille, il était de leur côté. Sans même y songer, il agita les bras au-dessus de la tête en criant :  
    — Vive la République !  
    De l’équipage français, massé contre le pavois, prêt à l’abordage, des bras et des cris lui répondirent. Quand Jenny, curieuse, vint se placer à côté de lui, les hurlements redoublèrent. A ce moment, il entendit un bruit de bagarre derrière lui. Il se retourna et vit Blore, la

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