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Le Prisonnier de Trafalgar

Le Prisonnier de Trafalgar

Titel: Le Prisonnier de Trafalgar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Escarpit
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nord-ouest était sur eux, violente et croissant en intensité de seconde en seconde. La Jenny, prenant par le travers des lames de plus en plus creuses, parut sur le point de chavirer. Mais déjà les réflexes d’Hazembat avaient pris le dessus.  
    — Toute la barre à tribord, Malcolm ! cria-t-il. Les Murdoch, affalez la misaine !  
    En même temps, il s’affairait sur les écoutes de la grand-voile pour donner du mou et réduire la toile. La Jenny pivota dans le lit du vent, tanguant furieusement. Les déferlants la prenaient par l’arrière, balayant le pont de poupe en proue. Le petit navire se redressait vaillamment, mais fuir dans le vent, même à sec de toile, était une solution dangereuse. Hazembat décida de se mettre à la cape vent arrière. Il ordonna à Malcolm de mettre la barre un quart bâbord et régla lui-même la disposition de la grand-voile, aux trois quarts ferlée, de manière que le navire fît le moins de route possible tout en dérivant plein est. Le remous de sa propre dérive le protégerait un peu de l’effet des lames qu’il prenait de biais.  
    Il dut lutter âprement toute la nuit pour maintenir l’allure, car le vent sautait sans cesse de plusieurs points, avec des bourrasques qui pouvaient atteindre plus de cinquante nœuds. Plusieurs fois, il dut se résoudre à fuir à sec de toile, mais il parvenait toujours à reprendre la cape. Il ne fut jamais vraiment inquiet car la Jenny étalait merveilleusement bien la tempête. Sa seule crainte était qu’un des membres du minuscule équipage fût balayé par un paquet de mer. Dès le début, il avait fait capeler des harnais autour des ceintures. Quant aux passagers, il aimait mieux ne pas songer à ce qui se passait dans les cabines où les cadres devaient brinquebaler follement. Au mieux, ils s’en tireraient avec des contusions.  
    La tempête dura toute la journée du lendemain, puis toute une nuit encore. Enfin, dans la matinée du troisième jour, le vent tomba. La mer était encore grosse et le ciel menaçant, mais une jolie brise de sud-ouest permettait de manœuvrer. Sans perdre de temps, Hazembat fit mettre les voiles au plus près bâbord amures et commanda à Malcolm de faire route à l’ouest. Comme l’horizon se levait, il envoya Robert Murdoch de vigie dans le grand mât.  
    Au même instant, la voix de Miss Rowan l’appela du couloir des cabines.  
    — Monsieur Hazy ! Sir John voudrait vous parler. Nous sommes dans la cabine arrière.  
    Quand il entra dans le minuscule carré, il fut surpris par le calme qui y régnait. Assis sur un fauteuil, près de la fenêtre, Sir John tirait paisiblement sur un cigare. A ses pieds, Lady Jenny feuilletait un livre.  
    — Dure épreuve, hein, Hazy ? dit le vieil homme. J’aurais sans doute dû t’écouter. Mais cela démontre au moins que la Jenny est un bon bateau et toi un bon marin. Maintenant, il va falloir songer à regagner la côte.  
    — J’ai déjà mis le cap à l’ouest, Sir John.  
    — Bien. En ce cas, la première chose à faire, c’est de se restaurer. Griffith a réussi à allumer un feu dans la cuisine. Il va préparer du porridge et du thé pour tout le monde. Avec toutes les provisions que nous avions emportées pour Bass Rock, nous ne manquerons pas de ravitaillement pour le voyage de retour. Je suppose qu’il sera long. Tu as une idée de notre position ?  
    — A l’estime, je dirais que nous avons dû dériver de quelque cent cinquante milles plein est, ce qui nous met à un peu plus d’à moitié route des côtes danoises. Mais, pour être plus précis, il faudrait des instruments de navigation que nous n’avons pas et dont personne ne saurait se servir à bord.  
    — Combien de temps nous faudra-t-il pour gagner Aberdeen ?  
    — Si le vent se maintient, il faudra compter trente à trente-cinq heures sous petit largue pour arriver en vue de la côte, mais je ne puis garantir l’atterrage. Nous aurons peut-être à faire de la route au nord ou au sud. D’autre part, si le vent change de direction, je serai peut-être forcé de tirer des bords et cela nous retardera d’autant.  
    Plus tard dans la matinée, l’estomac bien calé de porridge et de thé chaud, Hazembat reprit la barre sur une mer calmée.  
    —  Sail ho ! cria soudain Robert Murdoch de son perchoir. Une voile par le travers tribord !  
    Hazembat jeta un coup d’œil, mais ne vit rien. Il passa la barre à Malcolm et grimpa dans le

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