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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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dans le cloître d’une
université. Je savais que les dames trouvaient dans mon apparence de quoi leur
plaire, bien que je ne fusse pas candidat à une affection sérieuse, n’ayant ni
biens ni titre, et une sorte d’aura douteuse étant attachée à mon nom. Pour ma
part, j’avais tiré le meilleur parti des opportunités qui s’étaient offertes à
moi pendant mon séjour à Paris, mais depuis la mort de Morgana jamais je
n’avais connu de femme possédant un corps et un esprit susceptibles de plaire à
mon cœur autant qu’à mon œil. Cependant, la fille du recteur promettait d’être
passionnante, et je dois avouer que la description qu’il m’en avait faite avait
piqué mon intérêt, quoique j’eusse conscience de ne pratiquement pas pouvoir
m’autoriser de distractions à Oxford avec tout que j’avais à faire en si peu de
jours.
    Je souris à mon reflet, passai mes mains dans mes cheveux et
secouai brièvement la tête face à ma propre bêtise. Puis je quittai ma chambre
et empruntai l’escalier pour retourner vers l’arcade est, où l’on m’avait dit
que se trouvaient les appartements du recteur. Comme je m’enfonçais dans
l’obscurité, mon œil fut arrêté par une tache verte, à l’autre bout du passage
qui courait sur toute la longueur du bâtiment. Je le remontai jusqu’en haut et,
franchissant des grilles en fer forgé, je pénétrai dans un jardin ceint de murs
à l’arrière du collège. Il n’était pas vraiment cultivé, et semblait hésiter
entre le bosquet et le verger : l’herbe et les fleurs sauvages y
poussaient, hautes et épaisses, sous des pommiers et entre des bancs disposés à
intervalles réguliers le long du sentier qui courait au bas de l’enceinte. Par
beau temps, ce devait être un endroit agréable où s’asseoir et lire, me dis-je,
mais quand j’y entrai il était vide à cause de la pluie. Je retournai sous
l’arcade et trouvai une porte ornée d’une plaque portant le nom du recteur.
Après avoir rajusté mes habits, je me préparai à goûter l’hospitalité des
habitants d’Oxford.
    La première chose que je remarquai en attendant d’être
admis, ce fut que la conversation animée qui se déroulait à l’intérieur donnait
lieu à de légers éclats de voix, de ceux qu’ont les hommes lorsqu’ils
rivalisent à cause d’une femme qu’ils cherchent à impressionner. Un vieux
domestique au visage pincé ouvrit la porte et me guida dans une belle pièce
haute de plafond, avec de grandes fenêtres cintrées ouvrant sur les deux murs
opposés, les autres étant couverts de lambris sombres, de portraits et de
tapisseries. Je compris immédiatement la source de cette effervescence. À l’autre
bout d’une longue table égayée d’immenses chandeliers était assise une jeune
femme d’environ dix-neuf ans, habillée d’une robe grise toute simple au corset
brodé, et qui avait dénoué ses longs cheveux noirs. Comme les autres invités
déjà assis, elle interrompit sa conversation et tourna son attention vers moi
quand j’approchai pour m’examiner des pieds à la tête avec un mélange de
curiosité et d’amusement. Ainsi donc, voilà à quoi ressemblait Sophia
Underhill. Le désir urgent de son père de la voir se marier me devint clair.
Elle avait un visage frappant, félin, les yeux brun clair, et sa présence au
collège devait être une rude distraction pour les jeunes gens qui essayaient de
se pencher assidûment sur leurs livres. Le recteur se leva de sa chaise en bout
de table en se donnant des airs importants et nous échangeâmes une poignée de
main.
    « Bienvenue, docteur Bruno, bienvenue à ma table. Je
vous en prie, asseyez-vous, et je vous présenterai à quelques-uns des senior
Fellows de l’université ainsi qu’à ma famille. »
    Il me désigna le siège à sa gauche, et je m’aperçus avec
plaisir qu’il était presque en face de celui de sa fille. Je la saluai poliment
d’un signe de tête avant de balayer du regard l’assemblée réunie à la table.
Nous étions dix, uniquement des hommes en robe d’enseignant, à l’exception de
la fille du recteur et d’une dame entre deux âges qui paraissait épuisée,
assise à l’autre bout de la table, face à lui.
    « Permettez-moi de vous présenter ma femme, Margaret,
commença-t-il en faisant un geste dans sa direction.
    —  Piacere di conoscerla  », dis-je en
inclinant la tête.
    La femme m’adressa un faible sourire. Malgré ce que m’en
avait dit

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