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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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crois pas qu’il puisse vous être d’une
quelconque utilité. Venez. »
    Je le pris par la main et l’aidai à se relever.
    « Mais… »
    Il avait tressailli en entendant mon accent et il devint
rouge de confusion en s’apercevant de son erreur.
    « Oh ! Je vous demande pardon, messire. Vous
n’êtes pas Sir Philip Sidney ?
    — Hélas, non, répondis-je, quoique je sois flatté que
vous nous confondiez. Il me rend bien une quinzaine de centimètres et il a six
ans de moins. Mais je le verrai demain très probablement, puis-je lui
transmettre un message ?
    — Merci, docteur Bruno, me coupa abruptement le
recteur, c’est aimable à vous mais ce ne sera pas nécessaire. Ce n’est rien de
plus qu’une impertinente intrusion. »
    Il se tourna ensuite vers le garçon en contenant avec peine
sa colère.
    « Thomas Allen, surveillez vos manières. Je ne vous
laisserai pas prendre d’assaut les hôtes du collège. Faut-il encore vous
punir ? N’oubliez pas que votre position ici est fragile. Retournez à vos
études, maître Allen, ou bien je m’assurerai que vos corvées domestiques vous
tiennent occupé. Vous ne dérangerez plus le docteur Bruno pendant son séjour,
me comprenez-vous ? »
    Le garçon hocha piteusement la tête en me jetant un coup
d’œil pour voir si j’étais d’accord avec les réprimandes du recteur. Je
m’efforçai d’afficher un visage plein de sympathie pour lui.
    « Et soignez un peu votre tenue, jeune homme !
lança le recteur comme il s’en allait, la mine défaite. Vous faites honte au
collège, vous ressemblez à un mendiant. »
    Le garçon fit volte-face et rassembla le peu de dignité qui
lui restait.
    « Je ne peux pas me permettre d’acheter de nouveaux
vêtements, recteur Underhill, et vous savez très bien pourquoi, rétorqua-t-il,
la tête haute. Alors ne me demandez pas de m’excuser pour une situation à
laquelle je ne peux rien. »
    Après quoi il disparut par l’un des escaliers du bâtiment
ouest.
    Le recteur le regarda partir, peut-être honteux de la
sévérité dont il avait fait preuve.
    « Pauvre garçon, dit-il finalement en secouant la tête.
    — Pourquoi donc ? Qui est-ce ?
    — Abritons-nous près de l’escalier, vous n’avez pas
besoin de subir une autre averse. »
    Nous nous réfugiâmes sous l’arcade sud pour nous protéger de
la pluie.
    « C’est une triste histoire, ce garçon a beaucoup
souffert pour quelqu’un d’aussi jeune. Je suis navré qu’il vous ait dérangé. »
    Je balayai ses excuses d’un geste. Les paroles du jeune
homme m’avaient intrigué.
    « Son nom est Thomas Allen. Son père, le docteur Edmund
Allen, était docteur en théologie ici, à Oxford, et mon sous-recteur au collège
jusqu’à l’année dernière.
    — Tous les professeurs sont-ils autorisés à vivre avec
leur famille ? m’étonnai-je.
    — Non. Seulement les recteurs des différents collèges.
Edmund a déménagé et pris un emploi dans l’une des églises de Londres lorsqu’il
s’est marié. Il n’est revenu à Oxford qu’à la mort de sa femme. Thomas, qui
était trop jeune pour s’inscrire, logeait chez une famille en ville. »
    Il secoua de nouveau la tête en une démonstration de pieux
regrets.
    « Edmund Allen était un homme de bien. C’est le comte
de Leicester qui l’avait nommé ici, comme moi-même.
    — Les postes les plus élevés ne sont pas attribués par
des élections au sein du conseil des professeurs ?
    — En temps normal, si, reconnut-il avec un léger
embarras, mais de nombreux papistes occupaient encore des places importantes.
Certains d’entre eux, nommés par la reine Marie elle-même, n’éprouvaient
toujours aucun repentir. Afin d’en débarrasser l’université, le comte a
commencé à placer des hommes à lui, dont la fidélité à l’Église d’Angleterre
était sûre, jusqu’à ce que le fléau du papisme puisse être éradiqué. J’étais
son chapelain personnel avant mon arrivée dans cette institution. »
    Il sourit, ne pouvant résister à une petite bouffée
d’orgueil.
    « Et ce choix a-t-il été populaire auprès des hommes
les mieux établis de l’université ?
    — Non, je dois l’avouer. Mais la protection est une
nécessité pour tout le monde, d’une manière ou d’une autre. Edmund Allen a été
nommé par le comte sur ma recommandation. Nous étions élèves ici à la même époque.
Vous imaginez notre désarroi lorsqu’on a appris l’année

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