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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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dire ! »
    Elle avait éclaté de rire, repris son calme et s’était penchée vers lui, serrant son peignoir sur son cou.
    « C’est une fille du Jackson’s qui me l’a rapporté. Elle m’a dit avoir eu un choc quand il a baissé ses culottes. Elle ne voulait pas y toucher mais son ami le Français était là lui aussi, pour regarder. Quand il a vu qu’elle rechignait, il lui a proposé le double, alors elle a accepté. Elle a dit que, finalement, c’était pas mal du tout ! »
    — « Pas mal du tout », je t’en foutrais ! marmonna-t-il tout seul, remarquant à peine le regard méfiant de l’unique autre passager du ferry suffisamment hardi pour être resté sur le pont.
    Une neige épaisse tombait sur la Manche, poussée presque à l’horizontale par un brusque changement de direction du vent rugissant. Le navire tangua dangereusement. L’autre passager se secoua et descendit dans la cabine, laissant Grey manger ses pêches à l’eau-de-vie qu’il cueillait du bout des doigts dans un pot dans sa poche et regarder fixement la côte française qui approchait, à peine discernable sous les nuages bas.

    24 décembre 1776
    Québec
    Cher père,
    Je t’écris d’un couvent. Je me hâte de te rassurer : pas du genre de ceux de Covent Garden mais un vrai couvent catholique dirigé par des ursulines.
    Le capitaine Randall-Isaacs et moi-même sommes arrivés dans la citadelle à la fin octobre dans l’intention de rencontrer sir Guy et de l’interroger sur les sympathies locales à l’égard de l’insurrection américaine. Hélas, il était parti pour Fort Saint-Jean afin d’y mater en personne les insurgés. La bataille navale (je suppose que c’est le terme approprié) s’est déroulée sur le lac Champlain, unétroit bras d’eau relié au lac George que tu as peut-être vu lors de ton séjour ici.
    J’étais prêt à aller rejoindre sir Guy mais le capitaine Randall-Isaacs s’y est opposé compte tenu de la distance et de la saison. De fait, il avait raison, car dès le lendemain tombait une pluie glacée, celle-ci cédant bientôt le pas à un terrible blizzard qui a obscurci le ciel au point qu’on ne distinguait plus le jour de la nuit. En quelques heures, le monde s’est retrouvé enfoui sous la neige et la glace. Un tel déchaînement de la nature a tempéré considérablement ma déception d’avoir raté une occasion de rencontrer sir Guy.
    De toute manière, je serais arrivé trop tard car la bataille avait déjà eu lieu le 1 er octobre. Nous n’en apprîmes les détails qu’à la mi-novembre quand un détachement d’officiers hessiens du régiment du baron von Riedesel est rentré à la citadelle. Lorsque tu recevras cette lettre, tu auras sans doute déjà lu des descriptions plus précises des combats mais les versions officielles omettent souvent des détails intéressants et, pour être sincère, je n’ai rien d’autre à faire en ce moment, ayant décliné une aimable invitation de la mère supérieure à assister à la messe de minuit. (Les cloches des églises de la ville sonnent tous les quarts d’heure tout au long du jour et de la nuit. La chapelle du couvent étant située juste de l’autre côté du mur de l’hôtellerie où je suis logé, au dernier étage, et son clocher se trouvant à une vingtaine de mètres de la tête de mon lit, je peux te dire qu’il est très précisément 9 h 15 du soir.)
    J’en reviens donc à la bataille. Alarmé par la tentative d’invasion de Québec l’année dernière malgré son lamentable échec, sir Guy était déterminé à raffermir son emprise sur le nord de la vallée de l’Hudson. En effet, c’est par là que d’autres troubles pourraient survenir, le voyage par voie de terre étant si difficile qu’il découragerait même les plus endurcis. (J’ai conservé pour toi un flacon d’eau-de-vie contenant un taon mesurant plus de cinq centimètres de long ainsi que de très grosses tiques prélevées sur ma personne à grand renfort de miel. Un généreux badigeonnage de celui-ci les étouffe et leur fait lâcher prise.)
    En dépit de son absence de succès l’hiver passé, le colonel Arnold était déterminé à bloquer l’accès de sir Guy aux lacs. Il a sabordé ou brûlé tous les navires de Fort Saint-Jacques avant de l’évacuer, puis incendié la scierie et la forteresse elle-même.
    Sir Guy a donc fait venir d’Angleterre des embarcations pliantes (comme j’aurais été curieux de les voir !). Lorsque les

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