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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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en mer, la moitié des hommes du Teal avaient exprimé le désir d’être employés à terre. Ils étaient également prêts à se joindre aux Irréguliers.
    — Je vois, dis-je en me massant le front. Si vous voulez bien m’excuser, monsieur… Marsden, je vais me préparer une tasse de thé. Avec beaucoup de cognac.

    Le thé me redonna du courage, suffisamment pour envoyer Abram (découvert assoupi devant le feu de la coquerie bien que je lui eusse ordonné d’aller se coucher) en porter à Jamie et au capitaine Stebbings pendant que je faisais la tournée de mes autres patients. Ils étaient installés aussi confortablement qu’on pouvait l’attendre, c’est-à-dire assez inconfortablement, mais demeuraient stoïques et ne demandaient pas de soins urgents.
    La force temporaire fournie par le thé et le cognac s’était pratiquement dissipée quand je redescendis dans la petite cale. Je manquai le dernier barreau de l’échelle et m’affalai lourdement sur le plancher. Stebbings eut un petit cri de surprise, suivi d’un gémissement. Faisant signe à Jamie que je n’avais rien, je me précipitai vers le capitaine.
    Sa peau était brûlante et son visage rouge. Une tasse de thé presque pleine était posée près de lui.
    — J’ai essayé de lui en faire boire, m’expliqua Jamie. Mais il a dit qu’il ne pouvait pas en avaler plus d’une gorgée.
    J’approchai mon oreille de sa poitrine, l’auscultant de mon mieux à travers le gargouillis qui couvrait tous les autres sons de son organisme. Je retirai un instant l’os de poulet et n’entendis qu’un faible sifflement d’air.
    J’informai Stebbings, pour la forme car il avait le regard fixe et vitreux :
    — Apparemment, le poumon s’est dilaté au moins partiellement. La balle a dû cautériser une grande partie des dégâts, autrement vos symptômes seraient bien plus alarmants.
    Autrement, il serait déjà mort mais le lui dire aurait été un manque de tact. De toute manière, il risquait d’être bientôt emporté par la fièvre, ce que je me gardai également de lui annoncer.
    Je le persuadai d’avaler un peu d’eau, puis épongeai son visage et son torse. L’écoutille était ouverte et il faisaitraisonnablement frais dans la cale. Je ne voyais pas l’intérêt de le monter sur le pont ; moins il bougerait mieux ce serait.
    Il ouvrit tout à coup un œil et demanda :
    — C’est… ma… capote… que vous… portez ?
    — Euh… probablement. Vous la voulez ?
    Il fit une brève grimace et referma les yeux.
    Jamie était adossé à la caisse de thé, la tête renversée en arrière, respirant profondément. En me sentant prendre place à ses côtés, il redressa la tête.
    — Tu sembles sur le point de tourner de l’œil, Sassenach . Allonge-toi. Je veillerai sur le capitaine.
    Je voyais double. Je cillai et les deux Jamie se rejoignirent momentanément. Il avait raison. J’avais à nouveau perdu le contact avec mon corps, et mon esprit, au lieu de faire son travail, dérivait lentement. Je me frottai vigoureusement le visage des deux mains mais cela ne fit qu’empirer les choses.
    — Il faut que je dorme, annonçai-je aux quatre hommes qui me dévisageaient à présent avec des yeux ronds de chats-huants. Si vous sentez la pression augmenter à nouveau, poursuivis-je à l’adresse de Stebbings, ce qui risque fort d’arriver, enlevez le tube jusqu’à ce que vous vous sentiez soulagé, puis remettez-le en place. Si l’un de vous pense qu’il est sur le point de mourir, réveillez-moi.
    Là-dessus, avec la sensation de me regarder faire, je m’étendis sur le plancher, posai la tête sur un pli de la capote de Stebbings, et m’endormis.

    Je me réveillai un temps indéterminé plus tard et restai un moment sans pouvoir aligner deux pensées cohérentes, mon esprit se soulevant et s’abaissant en même temps que le plancher. Puis je commençai à distinguer des voix masculines parmi les bruits confus du navire.
    J’avais sombré dans un sommeil si profond que les événements ayant précédé mon endormissement ne me revinrent pas tout de suite. Les voix les firent réapparaître. Les blessures ; le bouquet du cognac ; la déchirure d’une toile à voile, rêche entre mes doigts ; l’odeur de teinture du calicot mouillé. La chemise sanglante de Jamie. Le bruit d’aspiration du troudans la poitrine de Stebbings. Tous ces souvenirs auraient dû me faire bondir sur mes pieds mais mon corps était raide d’avoir

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