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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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entraperçu le précipice par-dessus l’épaule de ceux qui se tenaient au bord, regardant vers le bas. J’y avais plongé les yeux moi aussi, une fois. Je connaissais son immensité et son attrait, son offre de dénouement.
    Je savais qu’ils s’y tenaient à présent tous les deux, côte à côte mais chacun seul, regardant dans les profondeurs de l’abîme.
    ----
    9 . « Aspic », en français. (N.d.T.)
    10 . Allusion aux Cutters’ Riots de 1769, émeutes meurtrières des tisserands du quartier de Spitalfields à Londres, protestant contre leurs conditions de travail, les bas salaires et les importations de soie et de calicot. (N.d.T.)

QUATRIÈME PARTIE
    Conjonction

32
    Un vent de suspicion
    Lord John Grey à M. Arthur Norrington
4 février 1777
(Code 158)
    Mon cher Norrington,
    A la suite de notre conversation, j’ai fait quelques découvertes dont il me paraît prudent de vous faire part.
    Je suis allé en France à la fin de l’année où j’ai rendu visite au baron Amandine. Je suis resté chez lui plusieurs jours et ai eu amplement l’occasion de m’entretenir avec lui en privé. J’ai de bonnes raisons de croire que Beauchamp est bel et bien impliqué dans l’affaire dont nous avons discuté et qu’il s’est attaché à Beaumarchais, également compromis. Amandine ne m’a pas paru préoccupé outre mesure par le fait que Beauchamp se serve de son nom comme couverture.
    J’ai demandé une audience auprès de Beaumarchais qui m’a été refusée. Comme, en temps ordinaire, il m’aurait reçu, je pense avoir mis le doigt sur quelque chose. Il serait utile de surveiller ces eaux-là.
    Soyez également à l’affût de toute mention d’une société appelée Rodrigue Hortalez et C ie dans la correspondance française (je vous prie d’en parler également à l’officier chargé du courrier espagnol). Je n’ai rien déniché de suspect à propos de cette compagnie mais n’ai rien pu découvrir de solide non plus, comme le nom de ses directeurs, ce qui me paraît louche en soi.
    Si vos responsabilités vous le permettent, je vous serais reconnaissant de me transmettre tout ce que vous apprendrez sur ces affaires.
    Votre obligé,
    lord John Grey
    P.-S. : Pourriez-vous me dire qui, au Département américain, est chargé de la correspondance ?
    Lord John Grey à Harold, duc de Pardloe
4 février 1777
(code familial secret)
    Hal,
    J’ai vu Amandine. Wainwright habite dans son manoir, un lieu baptisé les Trois Flèches, et est l’amant du baron. J’ai également rencontré la sœur du baron, l’épouse de Wainwright. Elle est parfaitement au courant de la liaison entre son frère et son mari mais ferme les yeux. Sinon, elle ne sait strictement rien et j’ai rarement vu femme aussi sotte. Elle est dénuée de toute pudeur et joue très mal aux cartes. Le baron aussi, ce qui m’a convaincu qu’il sait effectivement quelque chose au sujet des machinations politiques de Wainwright. Il s’est montré nerveux quand j’ai dirigé la conversation vers ce sujet et je suis persuadé qu’il n’est pas rompu dans l’art de lancer de fausses pistes. Cela dit, il est loin d’être idiot, lui. Il a certainement parlé à Wainwright de ma visite. J’ai déjà demandé à Norrington de surveiller toute activité sur ce front.
    Connaissant les capacités et les relations de Wainwright (ou plutôt son peu de relations), je n’arrive pas à saisir son rôle dans cette histoire. Certes, si le gouvernement français nourrit vraiment les intentions dont il m’a fait part, il peut difficilement les crier sur la place publique et le fait d’envoyer un homme comme Wainwright en parler à quelqu’un comme moi reste suffisamment confidentiel. L’avantage d’une telle approche est qu’elle peut être niée après coup. Toutefois, quelque chose ne tourne pas rond dans cette affaire et ce quelque chose m’échappe.
    Je serai bientôt de retour et j’espère d’ici là posséder de plus amples informations sur le capitaine Ezekiel Richardson ainsi que sur lecapitaine Denys Randall-Isaacs. Si tu pouvais interroger tes relations à leur sujet, je t’en serais très reconnaissant.
    Ton frère affectionné,
    John
    P.-S. : J’espère que ta santé va mieux.
    Harold, duc de Pardloe, à lord John Grey
6 mars 1777
Bath
(Code familial secret)
    Je ne suis pas mort. Je préférerais l’être. Bath est exécrable. Tous les jours, on m’enveloppe comme un paquet dans de la toile et on me plonge dans un bain

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