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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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lui-même était déjà de ce monde.
    Il tapota à nouveau la plume contre le papier, incapable de se résoudre à décrire cette rencontre. Capitulant, il revint à la première page du cahier où il avait esquissé un semblant de plan.
    Guide pratique pour les voyageurs dans le temps
    I. Phénomènes physiques
    A. Sites connus. (Courants telluriques ? Lignes Ley ?)
    B. Patrimoine génétique
    C. Mortalité
    D. Influence et propriété des gemmes
    E. Sang ?
    Il avait rayé cette dernière tête de chapitre mais hésita. Etait-il obligé de dire tout ce qu’il savait, croyait ou soupçonnait ? Selon Claire, l’idée qu’un sacrifice soit nécessaire ou utile était absurde, une superstition païenne sans fondement. Elle avait peut-être raison ; après tout, c’était elle la scientifique. Mais il se souvenait encore avec un certain malaise de la nuit où Geillis Duncan avait traversé les pierres.
    La longue chevelure blonde tournoyant dans le vent, le feu de joie projetant son ombre dansante sur un menhir. L’odeur écœurante d’essence se mêlant à celle de la chair grillée, et le tronc d’arbre qui n’en était pas un gisant calciné au centre du cercle de pierres. Geillis Duncan était allée trop loin.
    Claire lui avait fait observer :
    « Dans les vieux contes de fées, il est toujours question de “deux cents ans”. »
    Les vrais contes de fées, ceux racontant l’histoire de gens enlevés par des fées, « entraînés à travers les pierres sur des collines aux fées ». Ces histoires commençaient souvent par « C’était il y a deux cents ans… ». Ou alors des gens se retrouvaient au même endroit mais deux siècles plus tard. Deux siècles…
    Chaque fois que Claire, Bree et lui-même avaient franchi le cercle de pierres, ils avaient parcouru la même distance : deux cent deux ans. Ce qui correspondait plus ou moins aux deux siècles des contes anciens. Mais Geillis Duncan était allée trop loin.
    Avec une extrême réticence, il réécrivit lentement Sang et ajouta entre parenthèses : (Feu ?) . Toutefois, il n’ajouta rien en dessous. Pas tout de suite. Plus tard.
    Pour se rassurer, il lança un coup d’œil vers l’étagère où se trouvait la lettre, coincée sous le petit serpent en cerisier. Nous sommes en vie…
    Il eut soudain envie d’aller chercher le coffret en bois qui renfermait les autres, et de les lire. Par curiosité, certes, mais il y avait autre chose… le besoin de les toucher, de les pressercontre son cœur et son visage, d’effacer l’espace et le temps qui le séparaient de Claire et de Jamie.
    Il repoussa cette impulsion. Ils avaient décidé… enfin, Brianna avait décidé… Après tout, il s’agissait de ses parents. Parcourant le contenu du coffret de ses longs doigts fins, elle avait déclaré :
    « Je ne veux pas les lire toutes d’un coup. Après avoir terminé, ce serait comme si… comme s’ils étaient définitivement partis. »
    Il comprenait. Tant qu’il restait au moins une lettre à lire, ils étaient vivants. En dépit de sa curiosité d’historien, il partageait son sentiment. En outre…
    Les parents de Brianna n’avaient pas écrit ces lettres comme on tient un journal destiné à une postérité imaginaire. Elles s’adressaient spécifiquement à Brianna et à lui. Elles pouvaient donc contenir des informations troublantes ; ses beaux-parents avaient un don pour ce genre de révélations.
    Malgré lui, il se leva, alla chercher la lettre et la déplia. Il voulait lire à nouveau le post-scriptum pour s’assurer qu’il n’avait pas rêvé.
    Il avait bien lu. Le mot « sang » résonnant encore à ses oreilles, il se cala contre le dossier de sa chaise. Un gentilhomme italien … Il ne pouvait s’agir que de Charles-Edouard Stuart. Après avoir fixé le vide devant lui quelques instants, il se rendit compte que Mandy avait entre-temps attaqué Vive le vent . Il s’extirpa de sa torpeur méditative, tourna quelques pages et se remit à écrire :
    II. Moralité
    A. Meurtre et mort injustifiée
    Naturellement, nous considérons que donner la mort pour toute autre raison que la légitime défense, l’assistance à autrui ou le recours légitime à la force en temps de guerre est totalement inadmissible.
    Il se relut plusieurs fois, marmonna « Quelle pédanterie ! », arracha la page et la froissa en boule.
    Abandonnant un instant Mandy qui gazouillait « Viiiii le vent ! Viiii le vent d’hiiiiver ! », il traversa le couloir

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