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Le prix du sang

Le prix du sang

Titel: Le prix du sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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situation et ne les trouva pas. Après un moment, il se souleva sur ses bras tendus, puis se déplaça avec précaution afin de soulager sa compagne de son poids. À la fin, il murmura, d’une voix à peine audible :
    â€” Désolé.
    Eugénie ne répondit pas. D’un geste brusque, elle essuya sa main sur le tissu de sa chemise de nuit et ramassa une poignée du tissu de coton pour le passer à la jonction de ses cuisses.
    Un peu plus tard, dos à dos, les yeux grands ouverts, chacun réfléchissait aux félicités conjugales.
    * * *
    Le taxi passa devant le domicile des Picard. Eugénie contempla la résidence de ses parents avec une certaine nostalgie. Seul le souvenir de sa belle-mère, toujours attentionnée à son égard, la réconcilia un peu avec sa nouvelle existence. Le véhicule s’arrêta finalement un peu plus bas dans la rue, devant une vaste demeure en forme de cube.
    Le chauffeur posa les valises sur le trottoir. Fernand paya le prix de la course, puis se chargea de les transporter dans la maison, son épouse à ses côtés. La porte s’ouvrit devant le couple et madame Dupire s’exclama, les mains réunies devant sa lourde poitrine comme dans une prière :
    â€” Mes enfants, je suis si heureuse de vous voir!
    Elle posa deux bises sonores sur les joues de son fils, puis elle saisit les mains de sa bru pour continuer, de l’émotion dans la voix :
    â€” Ma petite fille, bienvenue dans notre maison. Maintenant, elle est un peu à toi aussi.
    La grosse dame oubliait toutes ses réserves à l’égard de cette union improbable. La perspective de voir cette blonde maigrichonne la faire un jour grand-mère permettait de faire abstraction du côté glauque de son passé.
    â€” Je vous remercie, Madame, balbutia Eugénie.
    â€” Pas Madame… belle-maman.
    Ã€ son tour, elle se retrouva pressée contre les seins volumineux et reçut des baisers.
    â€” Bien sûr, belle-maman.
    Un instant plus tard, le notaire Dupire lui souhaita aussi la bienvenue, tout en gardant une certaine réserve. Derrière le maître et la maîtresse de maison se tenaient les domestiques. La nouvelle épouse accepta les salutations d’une bonne âgée et revêche ainsi que celle d’une cuisinière, obèse comme il se devait dans le cadre de ses fonctions. Puis, Jeanne se retrouva devant elle.
    â€” Bonjour, Madame. Avez-vous fait un bon voyage?
    â€” Oui, très bon. Vous vous plaisez, ici?
    Devant ses nouveaux patrons, comment répondre autrement qu’avec un hochement affirmatif de la tête? Belle-maman, désireuse de se faire porteuse des bonnes nouvelles, les interrompit :
    â€” Montez, montez, je vais vous montrer vos appartements.
    Elle s’engagea dans les escaliers en se dandinant, s’aidant d’une main sur la rampe. À l’étage, essoufflée par l’effort, elle expliqua :
    â€” Nous avons pu tout rafraîchir. J’espère que vous aimerez.
    Elle ouvrit une porte de bois sombre. Le couple pénétra dans une chambre assez grande. Un mobilier tout neuf et un papier peint fleuri rompaient avec le décor maussade du reste de la maison. La belle-famille entendait rendre la transition plus facile à la nouvelle venue.
    â€” Tout à côté, nous avons aménagé un petit salon. Comme cela, vous jouirez d’une certaine intimité.
    Une porte donnait en effet sur une pièce meublée d’un canapé et d’un fauteuil, neufs eux aussi. Une étagère permettrait de ranger les bibelots et les livres préférés de la mariée. Ils revinrent bientôt dans le couloir.
    â€” Un plombier a commencé l’installation d’une salle de bain complète dans la pièce du fond, continua la grosse dame, mais les travaux ne sont pas terminés. Vous partagerez la nôtre pendant quelques jours. Cela ne vous dérange pas, j’espère?
    â€” Bien sûr que non, Mada… je veux dire belle-maman. Je vous remercie de tous ces aménagements.
    â€” Fernand nous a expliqué que vous voudriez un peu d’intimité, et un cadre plus gai.
    En disant ces mots, madame Dupire couvait son enfant des yeux. Son ton témoignait qu’elle considérait toutes ces dépenses comme des caprices joyeusement acceptés, puisqu’ils ne se quitteraient pas.

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