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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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dis-je à Dale en la retrouvant dans notre chambre. Enfin, allons manger un peu.
    Comme promis, Charpentier avait servi un repas dans l’avant-cour et, en dépit du carême, la soupe contenait de la viande. Le vin rouge avait du corps et le fromage frais, délicat et léger, me fit oublier les relents du bateau. Mark Sweetapple l’engloutit avec un appétit de loup. Nous eûmes aussi de la confiture, délicieuse avec le bon pain croustillant. Nous nous sentîmes ragaillardis.
    Une servante s’occupait de nous, mais Charpentier vint s’assurer, comme n’importe quel aubergiste, que tout était à notre goût. On eût dit que la scène dans sa cuisine n’avait jamais eu lieu. Je m’armai de courage et acquiesçai poliment, puis je demandai s’il y avait un apothicaire en ville, car messire Blanchard était encore indisposé.
    Charpentier répondit que oui, mais qu’il devait être en train de fermer. Son échoppe rouvrirait de bon matin. Je dis que si messire Blanchard ne se sentait pas mieux le lendemain, je verrais ce que l’apothicaire préconisait.
    En rentrant dans l’auberge après le repas, nous trouvâmes Clairpont dans l’entrée, discutant avec un autre homme. Il m’interpella :
    — Dame Blanchard, j’apprends que votre beau-père est souffrant. J’en suis désolé. Quelle situation pénible pour lui, loin de son foyer, dans un pays troublé ! Je lui souhaite un prompt rétablissement.
    — Merci.
    Je regardai brièvement le second, me demandant qui il était. Quelque chose en lui le démarquait de son compagnon. Il paraissait quelques années de plus et n’avait pas l’air d’un valet, ni même d’un Français. Son pourpoint et ses hauts-de-chausses marron étaient de très bonne coupe, dans un style répandu à Londres. Malgré la simplicité de la collerette de lin, les manches s’ornaient de crevés écarlates et les bottes étaient en chevreau. Trapu, les épaules larges et le teint cuivré, il avait une barbe brune et des yeux noirs brillants. Il me fit penser à une sorte de grand rouge-gorge.
    Il sourit et annonça, dans un assez bon français teinté d’un fort accent, qu’il était Nicolas Van Weede, marchand hollandais.
    — Moi aussi, je loge dans cette auberge. J’ai eu vent de votre malencontreuse expérience de cet après-midi. En France, par les temps qui courent, il est sage de montrer une extrême prudence. J’espère que vous êtes remise de vos frayeurs.
    — Moi aussi, intervint Clairpont. Une expérience fort inquiétante pour une dame.
    — Tout à fait remise, merci. Ce n’était qu’un simple malentendu.
    Je passai mon chemin. Dale s’était attardée pour m’attendre.
    — Qui sont ces deux gentilshommes, madame ? Les connaissez-vous ? Comment savoir à qui se fier, dans ce repaire de papistes… !
    — Dale ! l’interrompis-je d’un ton menaçant.
    Je la poussai devant moi jusqu’en haut des marches et, une fois dans notre chambre, je refermai la porte sur nous. À nouveau, je lui dis son fait.
    — Encore une remarque semblable, Dale, et vous le regretterez. Je n’ai jamais levé la main sur vous, mais combien de fois faudra-t-il vous avertir ?
    — Oh, madame, je regrette ! Je regrette !
    Je ne lui avais jamais parlé avec tant de dureté et ses yeux brillaient de larmes. Mais ce pays recelait trop de périls ; dans notre intérêt à toutes deux, je ne pouvais mâcher mes mots.
    — Peu me chaut que vous regrettiez. Tenez votre langue, c’est tout ! Ils ont pu vous entendre et cela n’arrange pas nos affaires. Je suis sûre que le marchand parle l’anglais. Clairpont est instruit et pourrait le comprendre. Gardez vos opinions pour vous. Ce gentilhomme s’étant interposé en ma faveur, je lui dois de la courtoisie, et je n’ai aucune raison d’être impolie envers Van Weede dont je viens de faire la connaissance.
    Les larmes de Dale coulaient maintenant sur ses joues ; je me radoucis.
    — Bien. Vous avez saisi, je crois. Van Weede m’a paru assez aimable, mais je ne me fie pas à lui pour autant.
    À Anvers, avec Gerald, j’avais rencontré nombre de marchands hollandais. Je les avais entendus parler français. Dans la demeure cosmopolite de Sir Thomas Gresham, les gens s’exprimaient toujours dans des langues autres que la leur. Les marchands hollandais ne s’habillaient pas, ne parlaient pas comme Van Weede. Je le soupçonnais fort d’être anglais.
    — Cette atmosphère de mystère ne me dit rien qui vaille,

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