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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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conclus-je après cette mise au point. Je compte partir au plus tôt et j’espère que messire Blanchard ira mieux au matin.
    Tel ne fut pas le cas.
     
    Je descendis au déjeuner, et trouvai William Harvey tentant d’expliquer à Charpentier que son maître avait besoin d’un médecin. À cause de son mauvais français, l’aubergiste ne comprenait pas un traître mot.
    — Puis-je vous aider ? proposai-je.
    Avec brusquerie, Harvey déclara :
    — L’état de messire Blanchard a empiré.
    Mon cœur se serra. Mais en cherchant une aide médicale, Harvey agissait au mieux. Je traduisis pour Charpentier, qui m’informa que l’apothicaire dont il m’avait indiqué l’adresse la veille faisait aussi office de médecin. C’était le Dr Alain Lejeune.
    — Faites-le quérir bien vite, ajouta-t-il. Les clients malades nuisent à la réputation d’une auberge. Les gens craignent que ce soit contagieux, ou que la nourriture soit avariée.
    Clairpont avait déjà souligné que les clients assassinés étaient aussi du plus mauvais effet, c’est pourquoi je m’abstins de le répéter.
    — Je vais chercher le médecin, Harvey. Il vaut mieux que ce soit moi, puisque je parle français. Dale m’accompagnera.
    Harvey hocha le menton, puis, après une hésitation, eut la grâce d’ajouter :
    — Merci. La nuit dernière, vous avez soupé toutes deux en haut, à l’écart des autres clients. Mieux vaudrait faire de même ce matin.
    J’écoutai son conseil. Dale et moi mangeâmes en privé, puis nous nous mîmes en chemin.
    Lejeune habitait à l’autre bout de la grand-rue que nous avions prise pour atteindre la place. Étroite et tout en longueur, elle était bordée de boutiques surmontées d’habitations, et fourmillait de carrioles brinquebalantes et de ménagères portant leur panier. Nous marchions d’un pas vif, mais le matin était froid et le ciel couvert. Quand je sentis qu’on nous suivait, je crus d’abord à un caprice de mon imagination.
    Je fus alertée grâce à un don que je ne me connaissais pas encore. Au milieu de tous les pas qui battaient le pavé, mon ouïe discerna les seuls, derrière nous, qui marquaient exactement notre cadence. Ils ralentirent quand nous laissâmes tourner un chariot dans une cour, se pressèrent lorsque, cinglées par une rafale glacée, nous accélérâmes pour nous réchauffer.
    Je m’immobilisai devant une boulangerie et montrai des pâtisseries alléchantes à Dale tandis que, du coin de l’œil, je lorgnai la rue en arrière. Je surpris un mouvement preste : un homme en manteau, son capuchon relevé, s’était figé et scrutait l’intérieur d’une échoppe.
    — Venez, dis-je à Dale.
    Elle me regarda d’un air interrogateur et esquissa un geste vers des petits gâteaux à la cannelle.
    — Très appétissants, convins-je. Mais en réalité, je me suis arrêtée car je pensais que nous étions suivies. J’avais raison. Il porte un manteau marron à capuche.
    — Qu’allez-vous faire, madame ? L’aborder ?
    — Inutile. Il prétendrait que je raconte des sornettes. Je ne veux pas d’une scène embarrassante dans la rue. Mais entrons en face, dans cette boutique d’articles en cuir. Nous verrons bien s’il traverse.
    Nous évitâmes une autre carriole et un petit garçon qui ramassait du crottin à l’aide d’une pelle, sans doute pour l’utiliser comme engrais. La boutique de cuir avait, telle la plupart des autres, une façade ouverte et une table dépassant sur la rue, exposant la marchandise. Celle-ci était gardée par une grosse femme assise sur une chaise à côté. Dans une vaste pièce au-delà, à la lumière d’une lucarne, l’artisan travaillait sur un établi, maniant le poinçon et l’aiguille. Des articles variés, y compris de sellerie, étaient accrochés à des râteliers.
    Dale et moi plongeâmes dans ces profondeurs comme pour examiner des selles, puis, peu à peu, je retournai vers un coin d’où je pouvais apercevoir la rue. Il était là, le visage dissimulé par son capuchon, devant les soieries présentées sur l’étal voisin.
    J’attirai Dale au-dehors, lui murmurant à l’oreille :
    — Avançons un peu. Ensuite, je veux que vous trébuchiez et feigniez de perdre votre soulier. Cela me donnera un prétexte pour me retourner et tenter d’apercevoir ses traits.
    — Oh, madame ! protesta-t-elle. Je ne suis pas bonne comédienne. Je ne peux souffrir de faire semblant.
    — Fi donc ! Ne soyez pas

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