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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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anciennes amies. Si quelqu’un s’étonne, Dale pourra répondre que je suis lasse et me repose dans ma chambre. Mais franchement, je doute qu’on remarque ma disparition !
     
    Nous partîmes vers le soir pour traverser la place en direction de l’auberge. Un tapage surprenant montait des quartiers de l’abbaye qui accueillait des hôtes, et j’attendis qu’il se fût estompé derrière nous pour dire à mon compagnon, qui m’opposait une expression pincée :
    — Il ne s’agit pas de complots, Brockley, mais d’un rendez-vous avec mon mari.
    — Cela m’inquiète néanmoins. Madame, puis-je parler en toute sincérité ?
    — Comme toujours.
    — Vous jouez avec le feu. Vous avez quitté par deux fois messire de la Roche, pourtant vous ne pouvez vous résoudre à rompre définitivement. À peine arrivée en France, vous demandez après lui ; il siffle et vous accourez. Ces revirements ne sont bons ni pour vous ni pour lui. Tôt ou tard, vous devrez faire un choix et vous y tenir. Il souffre, lui aussi. Croyez-vous qu’un homme ne ressente rien ?
    — Bonté divine ! Bien sûr que non ! répondis-je en m’arrêtant au milieu de la cour baignée par le crépuscule. Mais…
    — Mais quoi, madame ? Allez-vous le rejoindre sans intention précise ?
    — Je ne sais quelle est mon intention, avouai-je, désemparée.
    L’appréhension que j’avais voulu ignorer me tenaillait, mais une idée se cristallisa dans mon esprit.
    — Je sais que je dois y aller, au moins pour lui dire adieu comme il faut. La dernière fois, si vous vous rappelez bien, ce fut une décision impulsive, au milieu d’un affrontement armé, et Matthew se trouvait dans une situation désespérée. Je crois que c’est cela, Brockley : je veux pouvoir lui dire adieu en paix.
    — Bon, mais prenez garde, je vous en prie. Si ce n’est un piège tendu par un tiers, ce pourrait être un plan de messire de la Roche lui-même. Vous vous trouvez dans son pays et vous êtes sa femme aux yeux de la loi. S’il tentait de vous enlever, serais-je censé me battre contre lui ? interrogea-t-il, posant la main sur la garde de son épée.
    — Non. En fait, admis-je avec un certain soulagement, je me suis posé la même question. Je suis partagée entre la peur et l’espoir. Mais je dois courir le risque. J’ai laissé à Dale le message à porter à Paris, ainsi que la lettre d’introduction. Si quelque chose m’en empêchait, veillerez-vous à ce qu’ils parviennent à la reine Catherine ? Remettez-les à l’ambassadeur anglais, Sir Nicholas Throckmorton.
    — Pardonnez-moi, madame, mais je crois que vous agissez en dépit du bon sens.
    Je m’abstins de lui dire que j’aurais pu le renvoyer pour moins que cela. Je ne l’aurais pas fait et il le savait. Car, d’une part, j’avais besoin de quelqu’un comme lui à mon service et, de l’autre, si agaçant fût-il, je puisais du réconfort dans sa compagnie. Mon appréhension empirait. Je regardai même par-dessus mon épaule, comme si l’on me suivait à nouveau. Je vis quelques passants, dont aucun ne semblait suspect.
    — Qu’y a-t-il ? demanda Brockley, jetant lui aussi un coup d’œil en arrière.
    — Mon imagination me joue des tours.
     
    Le Cheval d’or avait un air tout à fait accueillant. On avait accroché des lanternes aux murs et la porte était ouverte. Les clients allaient et venaient. Nous dûmes laisser passer un jeune homme qui rejoignait un compagnon d’âge mûr, son père peut-être, à l’entrée.
    Ils bloquèrent le passage quelques instants alors que le plus âgé exigeait avec impatience de connaître l’issue d’une affaire. Ils n’étaient pas de la région ; à en juger par leur teint hâlé et la coupe de leurs habits, ils étaient originaires du Sud.
    Je les observai, pensive. Le sud de la France, par-delà la Loire et le territoire huguenot, était profondément catholique. Par les temps qui couraient, il y avait beaucoup de mouvements, comme Charpentier l’avait souligné. Ces deux-là pouvaient être en chemin pour rejoindre les forces du gouvernement à Paris. Dans ce cas Saint-Marc, enclave catholique, constituait pour eux une halte naturelle.
    Ils s’écartèrent en remarquant que nous voulions passer, et enfin nous arrivâmes à l’intérieur. Une porte sur la gauche donnait sur une salle publique chauffée au feu de bois, qui contenait de nombreuses tables à tréteaux et des bancs. Elle était presque pleine, de

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