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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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le souffle coupé. Des flammes jaillissaient de l’extrémité du bâtiment, mais aussi d’une fenêtre voisine.
    — Réveille Brockley ! cria Matthew, passant une jambe dans ses hauts-de-chausses.
    Celui-ci était déjà debout. Alors que j’enfilais ma cotte et mon corsage, il tambourina à la porte.
    — On arrive ! lui criai-je. Allez-y, sortez de l’auberge !
    Le tumulte croissait. En bas, une femme hystérique hurlait que c’étaient les huguenots.
    — Ils ont mis le feu à l’auberge ; ils veulent tous nous brûler. Sainte Mère de Dieu, protégez-nous !
    Charpentier criait d’apporter de l’eau. Matthew, la chemise ouverte, empoigna le ceinturon de son épée, jeta mon manteau sur mes épaules et me dit :
    — Pas le temps de passer une robe. Viens !
    Nous traversâmes en courant l’antichambre, où Brockley, en chemise et hauts-de-chausses, nous avait attendus malgré mes ordres, son ceinturon à la main. Ensemble, nous fonçâmes vers l’escalier. Des gens plus ou moins vêtus passaient en se bousculant, certains tenant des chandelles afin d’éclairer les ténèbres suffocantes, car la fumée montait vers nous. Ils toussaient, bredouillaient des questions auxquelles nul ne savait répondre ; un jeune homme soutenait une adolescente en larmes. Une voix, en bas, cria que cela allait encore pour l’instant, que nous devions nous dépêcher de venir, pendant que quelqu’un faisait retentir une cloche pour s’assurer que personne ne continuait à dormir. Avec le reste de la foule, nous descendîmes en trébuchant, bravant la fumée et tâchant de ne pas respirer.
    La grande salle semblait dévorée par l’incendie ; la fumée et un souffle de chaleur nous empêchaient de rejoindre l’entrée principale. Nous passâmes donc par la porte de derrière, débouchant sur la cour de l’écurie et un nouveau chaos. Les cuisines aussi étaient en feu. Les flammes que nous avions vues de notre chambre s’élevaient de là. Elles léchaient les fenêtres telles les langues de chats gourmands, cherchant sur leurs moustaches un reste de crème et trouvant, à la place, la vigne vierge qui poussait à l’arrière de l’auberge. Le feu s’étendit vers les fenêtres du haut.
    Charpentier avait organisé une double chaîne à partir du puits ; une vingtaine d’hommes s’activaient, jetant de l’eau vers les cuisines ou se passant les seaux jusqu’à la façade afin d’attaquer de front l’incendie de la salle principale, ce qui était moins dangereux qu’en passant par la maison. L’écurie n’était pas touchée, mais, par précaution, les palefreniers entraînaient les chevaux vers un enclos à l’arrière. Les animaux effrayés regimbaient et ruaient, menaçant de leurs sabots ceux qui combattaient le feu.
    Il n’y avait pas que des gens de l’auberge ; la moitié de Saint-Marc semblait avoir accouru. Par le passage donnant sur la rue, je vis une foule aux visages baignés d’une lueur rougeoyante. La femme hystérique qui avait accusé les huguenots se trouvait là. Elle continuait à vociférer un mélange d’accusations et de prières, et les autres l’écoutaient.
    Alors, au-delà du craquement des flammes, des cris et des quintes de toux qui m’entouraient, un grondement menaçant monta du milieu de la foule, qui se tourna et reflua vers la place, scandant le mot « huguenots » telle une incantation.
    — Quelques familles calvinistes habitent sur la place.
    Je découvris près de moi Van Weede et ses deux compagnons. Même dans l’étrange clarté formée par le clair de lune et l’incendie, je distinguai leur expression, grave et inquiète.
    — Je les connais un peu, reprit le marchand. J’ai dîné chez l’une d’entre elles hier. L’homme est un maître potier, auquel j’ai passé une commande. Je doute de la voir un jour. Dieu ait pitié de lui et des siens, car nous ne pouvons rien pour eux. Il y a bien cinquante personnes dans cette meute en furie.
    — Quelqu’un a-t-il mis le feu à l’auberge ? Sont-ce les troupes protestantes ?
    Je n’en voyais nulle part. Si les huguenots étaient venus nous massacrer, où étaient-ils passés ? Aucun soldat sanguinaire ne surgissait de l’ombre, brandissant son épée. Brockley et Matthew, qui avaient bouclé leur ceinturon et avaient donc les mains libres, s’étaient joints à la chaîne dont personne n’entravait l’action.
    — Je pense que non, répondit sombrement Van Weede. Mais la foule

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