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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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n’est pas du même avis. Les gens ont perdu la tête. Cette folle les a entraînés, cette mégère brune qui travaille aux cuisines. Leurs voisins protestants sont des gens inoffensifs, mais…
    À faible distance, un tumulte effrayant s’éleva : un rugissement bestial puis de longs cris de terreur. « Oh, mon Dieu ! » m’écriai-je en vain, puis je le répétai, plus fort, car des hommes casqués surgissaient des ténèbres, l’épée au clair.
    Une seconde plus tard, je vis que, bien que protestants, ils n’étaient pas huguenots, car ils n’étaient autres que les frères Dodd et Searle. Alors j’entendis Dick Dodd crier : « C’est lui ! Sus à de la Roche ! » et tous trois se ruèrent vers Matthew, qui, dans la chaîne, leur tournait le dos. Terrifiée et furieuse, je perdis mon calme pour la seconde fois cette nuit-là. Je courus vers lui en hurlant et, sans souci de prudence ou de pudeur, je jetai mon manteau sur la tête rousse de Searle au moment où il allait s’emparer de mon mari.
    — Laissez-le ! Comment osez-vous ?
    — Les ordres, madame. Écartez-vous de mon chemin !
    C’était Dick Dodd. Les protestations de Searle étaient étouffées par le manteau.
    — Des ordres ? Je vous en donnerai, moi, des ordres ! criai-je et, prenant un seau d’eau des mains d’un homme stupéfait, je le jetai sur Dick.
    — Que diable faites-vous ? Malédiction ! Laissez-nous éteindre cet incendie ! hurla quelqu’un à mon oreille, en français, avant de m’arracher le seau des mains.
    Matthew avait fait volte-face et tiré son épée, imité par Brockley, près de lui. Searle, empêtré dans le manteau, lança :
    — Rappelez-vous, il nous le faut vivant !
    Pendant que Brockley s’attaquait à lui, les Dodd – Dick ruisselant et jurant – tentaient de désarmer Matthew. Van Weede accourut, reprit le manteau pour m’en couvrir les épaules et, remarquant d’un ton badin que rien ne valait une bonne bagarre, il dégaina son épée et vint obligeamment soutenir Brockley.
    Ses hommes s’élancèrent à la rescousse et le plus petit m’exhorta à reculer : ils se chargeaient du reste.
    — Ne tuez personne ! Protégez seulement Matthew ! criai-je d’une voix perçante.
    Je fus repoussée par deux autres individus qui se jetèrent dans la mêlée en brandissant leur lame. L’un s’adressa à l’autre dans une langue étrangère, et je reconnus les deux hommes au teint hâlé que j’avais vus à l’entrée la veille, et que j’avais pris pour père et fils. Le plus âgé élevait non une rapière, mais un cimeterre.
    Cherchant de l’autre côté du puits une relative sécurité, je vis, non sans stupeur, que les nouveaux venus attaquaient Van Weede. Il réagit avec fougue, ainsi que ses compagnons. Tous avaient tiré leur épée et savaient s’en servir.
    Une extrême confusion régnait dans la cour. Les affrontements se déplaçaient d’un côté, puis de l’autre, les adversaires bousculaient palefreniers et chevaux, interrompaient la chaîne en provoquant force jurons et protestations ulcérées. Charpentier, furieux, ordonna à tue-tête qu’on se saisisse de ces trublions.
    Le feu mourait. Les gens de la rue n’étaient pas tous partis assassiner les protestants et quelqu’un annonça qu’une nouvelle chaîne se formait à l’avant, partant d’un puits voisin. Soudain, Brockley et Van Weede apparurent près de moi, souriant et essuyant leur front en sueur.
    — Tout va bien, madame, c’est fini. Charpentier a fait mettre les Dodd et Searle sous les verrous, m’informa Brockley. Il a constaté qu’ils nous avaient provoqués, sans quoi je gage qu’il nous aurait enfermés aussi. Enfin, nous voici, sains et saufs.
    — Juste un peu hors d’haleine, ajouta Van Weede. Mais pas plus mal pour autant. Quelle nuit !
    — Mais Matthew ! Où est Matthew ? m’affolai-je, scrutant la cour ténébreuse où deux formes immobiles gisaient sur le carreau.
    — Ici, dit sa voix derrière moi.
    Me retournant, je le trouvai, vivant et fort, l’épée encore au poing. Il la remit au fourreau et posa les mains sur mes épaules.
    — Je vais bien. Ces deux cadavres, là-bas, sont ceux d’étrangers qui sont intervenus je ne sais pourquoi. Ils en avaient après cet homme, précisa-t-il en désignant Van Weede, et vu qu’il se battait avec nous, je l’ai aidé à leur régler leur compte. J’en ai étendu un, et lui l’autre. L’un des membres de ton

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