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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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s’il vous plaît.
    J’obtempérai. La femme, revenant avec un flacon de vin qu’elle plaça devant nous en un geste lourd de rancœur, s’arrêta pour m’écouter puis ressortit avec un reniflement de mépris. Charpentier ne paraissait pas plus convaincu.
    — Je suis forcé d’accepter la parole du seigneur de la Roche en ce qui vous concerne, concéda-t-il (à l’évidence, cela lui était des plus pénible). Mais je reste persuadé qu’ils ont mis le feu, en un acte délibéré.
    — Où sont-ils ? l’interrompis-je.
    — Dans mes caves. De ce côté-ci de l’auberge, en sécurité. Permettez-moi de finir. Au milieu de la salle, j’ai trouvé des bûches qu’on avait tirées du foyer, sans doute encore flambantes. De même dans la cuisine, où les cendres jonchent le sol. Mes serviteurs dorment dans leurs propres dépendances, jamais dans la cuisine. Quelqu’un est entré. L’encadrement d’une des fenêtres de la façade est fendu comme si on l’avait forcé. Il est noirci, mais cela se voit.
    — Voilà qui est très troublant, madame, me dit Brockley lorsque j’eus traduit. Mais je ne peux croire cela de la part des Dodd ni même de Searle.
    — Faites monter mes hommes ! aboya Ryder. Écoutons leur version des faits !
    À nouveau, je me fis interprète, cette fois au profit de Charpentier.
    — Leur version, je la devine déjà. Un tissu de mensonges !
    Il prit un gobelet de sa main noire de suie, se servit une généreuse rasade de vin et l’engloutit d’un trait.
    — Ces gaillards resteront sous les verrous jusqu’à ce qu’ils soient conduits devant le maire. N’attendez pas un traitement de faveur sous prétexte que vous êtes étrangers. Le seigneur votre époux peut se porter garant de vous, madame ; cela, je l’accepte. Mais pourquoi devrais-je croire les protestations de ce Ryder ? Ou de Brockley. À mon avis, ces mécréants dans ma cave…
    On frappa à la porte et, sans attendre d’invitation, Van Weede entra. Pour un homme resté debout presque toute la nuit, à ferrailler et à lutter contre le feu, il paraissait étonnamment fringant. Sa chemise et ses chausses étaient sales, sans doute, cependant il avait peigné ses cheveux et sa barbe, et lavé son visage jovial. Ses yeux noirs étaient vifs, sa démarche aussi alerte que s’il venait de dormir huit heures sur un matelas confortable.
    — Excusez-moi de vous interrompre, commença-t-il en français, mais j’ai entendu la femme qui vous a servis répéter une partie de ce qui se disait ici. Je connais les incendiaires et leur motif ; je vous assure que cela n’a rien à voir avec les hommes de dame Blanchard. Mes ennemis ont cherché à m’enfumer afin de me faire sortir et de me tuer. Ils n’en étaient pas à leur première tentative, eux et leurs complices. Il est trop tard pour exercer des représailles, car ce sont les deux coquins qui gisent dans la cour de l’écurie.
    Nous le fixions tous, stupéfaits. Je marmonnai une traduction hâtive pour Brockley et Ryder.
    — Je vous demande pardon, Charpentier, continua Van Weede d’un air grave. Je pensais avoir semé mes poursuivants. Mais j’ai examiné ces corps de près et j’ai bien reconnu l’un d’eux. Ils m’ont attaqué la nuit dernière. Sans l’ombre d’un doute, ils sont responsables de ce désastre. Vraiment, je suis navré et je compte bien vous dédommager.
    L’aubergiste se leva, indigné.
    — Qu’est-ce que cette histoire ? Vous entrez ici sans y être invité pour débiter des sornettes ! Je vous dis que mon établissement a été incendié par les compagnons de cette dame, dans l’intention de capturer son époux, ardent partisan de notre bonne cause catholique.
    Van Weede secoua la tête sans se laisser impressionner.
    — Non. Les coupables agissaient pour des marchands qui refusent que l’Angleterre traite avec la Perse, sans leur intermédiaire. Je voyage sous un faux nom. Je ne m’appelle pas Van Weede et je ne suis pas hollandais, mais un autre de ces Anglais si impopulaires par chez vous. Croyez-moi, je n’ai aucun intérêt dans les guerres intestines qui déchirent la France. Je suis marchand, agissant pour le compte de la Muscovy Company, et je me nomme Anthony Jenkinson.
     
    — Les ennuis commencèrent peu après mon départ de Perse, nous raconta Jenkinson en sirotant du vin.
    Il avait décliné le pain et le fromage, ayant déjà mangé et préférant parler. Il prononçait chaque phrase

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