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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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murmure et je le suivis jusqu’à un bureau adjacent. Cette pièce aussi donnait sur le fleuve, et les reflets de l’onde jouaient sur les lambris de chêne, et sur une bibliothèque occupant un mur entier. Il m’indiqua un siège avec courtoisie et je m’assis, terrifiée à l’idée que sa question eût un rapport avec un trésor enfoui sous le plancher d’un entrepôt, dans Hoekstraat.
    Il n’en était rien.
    — Je ne désirais pas vous entretenir de Gerald, commença-t-il. Ce sujet reste peut-être douloureux pour vous. Je cherchais une bonne excuse pour vous parler loin des oreilles indiscrètes. Dame Blanchard, d’après le premier message de messire Jenkinson, vous avez tous quitté la France en hâte à cause de la guerre. Mais à présent, semble-t-il, vous et lui souhaitez retourner de toute urgence à Saint-Germain. Il s’est borné à me dire que cela concernait une affaire qui vous est personnelle. Je l’ai senti préoccupé, et cela me rend perplexe. Traversez-vous quelque mauvaise passe ? Je vous ai trop peu aidée quand Gerald est mort. Puis-je me faire pardonner à présent ?
    Jamais je n’ai autant voulu accorder ma confiance que ce jour-là. Je mourais d’envie de me décharger de mon fardeau sur des épaules solides. Mais bien qu’il nous eût toujours traités avec considération, Gerald et moi, je savais qu’en l’occurrence je ne le devais pas. Il était d’abord et avant tout le financier d’Élisabeth, généreux sur les questions qui n’interféraient pas avec ses intérêts professionnels, mais son travail passait en premier. À certains égards, il ressemblait assez à un Lion levantin. Il considérerait que vingt-cinq mille livres constituaient une rançon trop élevée pour une femme de chambre, surtout si Élisabeth s’en trouvait lésée.
    Me voyant silencieuse, il demanda :
    — Ne m’apprendrez-vous pas pourquoi vous tenez tant à retourner à Paris ?
    — Non Sir Thomas, et j’en suis désolée. Cela doit sembler discourtois de ma part. Je peux toutefois vous assurer que mes raisons sont honnêtes et estimables. Je comptais solliciter votre aide, et si vous me l’accordiez sans exiger de détails, je vous en serais infiniment reconnaissante.
    Gresham s’assit derrière son bureau.
    — Serait-ce lié à une mission pour Sir William Cecil ?
    Il rit en me voyant sursauter.
    — Cecil me fait certaines confidences, continua-t-il. Je sais que vous travaillez pour lui. Sentez-vous libre de me parler.
    — Je le voudrais, prétendis-je, cherchant avec fébrilité un prétexte pour ne pas l’éclairer. Mais… j’ai promis le silence. Pourrez-vous me pardonner, et ne pas m’en tenir grief ?
    Voilà qui semblait tout à fait convaincant. Pensif, Gresham hocha la tête.
    — Eh bien, je vous fais confiance ! Vous ne seriez pas associée à Anthony Jenkinson dans cette entreprise si vous n’étiez digne de foi… Qu’y a-t-il ? Votre visage s’est éclairé.
    — Je pensais vous demander votre assurance que Jenkinson est digne de confiance. Il a offert de m’aider à… à régler l’affaire qui m’occupe, en ayant été informé par hasard. Le fait qu’il soit au courant ne me délie pas de mon serment. Après beaucoup d’inquiétude, je voudrais être certaine…
    — Vous n’avez rien à craindre. Jenkinson est un homme intègre.
    À l’immense soulagement qui me submergea, je mesurai combien je m’étais sentie seule et désemparée. Brockley me manquait. Au moins, désormais, j’aurais quelqu’un vers qui me tourner.
    — Payer les passages pour l’Angleterre et Saint-Germain ne présente pas de difficulté, expliquai-je. Néanmoins, j’ai besoin de disposer d’une certaine somme.
    Je portais, comme toujours, une jupe ouverte sur le devant et recelant une poche secrète. J’en sortis deux bijoux que j’avais glissés, pendant que je m’habillais, au-dessus de ma bourse, de mes crochets et de ma dague. C’était mon plus beau rang de perles et une broche sertie d’un rubis.
    — Si j’offrais ceci en gage, me serait-il possible d’emprunter cinq cents livres ?
     
    En ayant fini avec Sir Thomas, j’avais besoin d’un autre entretien privé, cette fois avec Jenkinson.
    Je regardai autour de moi. Assis dans un coin, les pommettes empourprées, Blanchard dodelinait de la tête comme sur le point de s’assoupir. Hélène écoutait un chant polyphonique interprété par une basse, un ténor et un très jeune

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