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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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maître. Les Danes semblaient ravis. Deux
Saxons qui se battent, qu’auraient-ils trouvé à redire ? Harald hésitait
toujours, puis une voix chevrotante s’éleva du fond de la salle.
    — Laisse-les combattre, Harald. (C’était Odda l’Ancien,
drapé dans une couverture en peau de loup, qui tenait un crucifix.) Et Dieu
guidera le bras du vainqueur.
    Harald me regarda. Que devais-je faire ? Dire qu’il
était absurde de croire que Dieu allait indiquer quoi faire par l’issue d’un
duel ? En appeler à Harald ? Prétendre que tout ce qu’avait dit Odda
était faux et qu’Alfred serait vainqueur ? Si je refusais de combattre, je
déclarais qu’Odda avait raison, et en vérité il m’avait presque convaincu qu’Alfred
était condamné. Quant à Harald, j’en suis sûr, il le croyait tout à fait. Pourtant,
ce fut plus que l’amour-propre qui me fit combattre ce jour-là. Au fond de moi,
je sentais qu’Alfred vaincrait. Je ne l’aimais point, je n’aimais point son
Dieu, mais j’étais persuadé que le destin était de son côté.
    — Je ne veux point me battre avec toi, dis-je à Steapa,
mais j’ai prêté serment à Alfred, et mon épée dit qu’il gagnera et que le sang
des Danes sera l’engrais de nos champs.
    Steapa ne répondit pas. Il s’étira et attendit que l’un des
hommes d’Odda aille rapporter deux épées, prises au hasard dans le tas dehors. Pas
de boucliers. Il les proposa à Steapa qui secoua la tête et indiqua qu’il me
laissait choisir. Je fermai les yeux et pris la première que je touchai. C’était
une lourde épée, faite pour tailler et non estoquer, et je sus que j’avais mal
choisi.
    Steapa prit l’autre et la fit siffler dans l’air. Svein, qui
n’avait jusque-là rien laissé paraître, parut impressionné, tandis qu’Odda le
Jeune souriait.
    — Tu peux déposer les armes, me proposa-t-il.
    Au lieu de quoi je m’avançai devant la cheminée. J’étais las
et résigné. Le destin est inexorable.
    — Fais-moi la grâce de faire vite, dit Odda l’Ancien
derrière moi.
    — Oui, seigneur, répondit Steapa.
    Il s’avança d’un pas vers moi, et soudain il fit volte-face
comme un serpent qui frappe et sa lame trancha la gorge d’Odda le Jeune qui s’écroula
en gigotant dans une gerbe de sang.
    Steapa planta l’épée dans le sol.
    — Alfred m’a sauvé, annonça-t-il à l’assistance. Alfred
m’a libéré des Danes. Il est mon roi.
    — Et nous lui avons prêté serment, ajouta Odda l’Ancien.
Et mon fils n’a nul lieu de faire la paix avec les païens.
    Les Danes reculèrent. Svein me jeta un coup d’œil, car je
tenais toujours mon épée. Puis il regarda les lances appuyées contre le mur, se
demandant s’il pourrait en saisir une avant que je l’attaque.
    — Nous sommes en trêve, s’écria Harald.
    — Nous sommes en trêve, répétai-je en danois.
    Svein cracha sur le sol ensanglanté, puis son porte-bannière
et lui reculèrent prudemment.
    — Mais demain la trêve ne sera plus et nous viendrons
vous tuer, ajouta Harald.
    Les Danes quittèrent Ocmundtun. Et le lendemain, ils
quittèrent aussi Cridianton. Ils auraient pu y rester, car ils étaient plus qu’assez
pour défendre la cité. Mais Svein savait qu’il serait assiégé et que les Danes
périraient l’un après l’autre, alors il partit rejoindre Guthrum et j’allai à
Oxton. Le pays n’avait jamais été aussi beau : les arbres verdissaient, les
bouvreuils se repaissaient des premiers bourgeons, tandis que les anémones et
violettes blanches fleurissaient dans les sous-bois. Le soleil éclairait le
bras de mer de l’Uisc, et le Ciel était rempli du chant des alouettes. Dans les
prairies, les renards prenaient des agneaux, les pies et les geais se volaient
leurs œufs, et les paysans empalaient des corbeaux aux bords des champs pour
assurer une bonne moisson.
    — Il y aura bientôt du beurre, me dit une femme.
    Elle pensait que je revenais sur mes terres, mais j’étais
juste venu faire mes adieux. Il y avait là des serfs à l’ouvrage et je leur
annonçai que Mildrith nommerait bientôt un régisseur. Puis j’allai au château
et déterrai mon trésor. Wirken, le rusé prêtre d’Exanmynster, apprit ma venue, et
vint sur son âne. Il m’assura qu’il avait bien surveillé la terre, désirant
sans doute une récompense.
    — Elle appartient désormais à Mildrith, lui dis-je.
    — La dame Mildrith ? Elle est en vie ?
    — Si fait, mais son

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