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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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les
engraissera. (Les civelles envahissaient la Sæfern et remontaient dans le marais,
où elles étaient capturées en abondance. Nous n’avions pas faim, à Æthelingæg, à
condition de nous goinfrer de civelles.) J’en ai pris trois pleins paniers hier,
reprit Pyrlig. Et une grenouille. Elle ressemblait tant au frère Asser que je l’ai
bénie. Ne te contente point de remuer les œufs, ma fille, bats-les ! J’ai
appris que ton fils était mort ?
    — Oui, répondis-je avec raideur.
    — J’en suis navré, dit-il. Vraiment, car perdre un
enfant est affreux. Parfois, je pense que Dieu doit aimer les enfants. Il en
prend tant… Je crois qu’il y a un jardin au Ciel, un jardin de verdure où les
enfants jouent tout le temps. Il a avec lui deux des miens, et je te l’assure, le
plus jeune doit bien éprouver les anges. Il doit tirer les cheveux des filles
et battre les autres enfants comme œufs d’oie.
    — Vous avez perdu deux fils ?
    — Mais j’en ai encore trois autres, et quatre filles. Pourquoi
crois-tu que je ne suis jamais chez moi ? sourit-il. Ils sont bien
bruyants, les enfants, et quel appétit ! Seigneur, ils mangeraient un
cheval par jour s’ils pouvaient ! Certains disent que les prêtres ne
doivent point se marier, et parfois je me dis qu’ils ont raison. As-tu du pain,
mon enfant ?
    Iseult désigna un filet accroché au toit.
    — Ôtes-en le moisi, me dit-elle.
    — J’aime à voir un homme obéir à une femme, déclara le
père Pyrlig tandis que je prenais la miche.
    — Pourquoi cela ?
    — Parce que cela signifie que je ne suis point seul en
ce pauvre monde. Mon Dieu, mais cette Ælswith a été nourrie au jus de noix de
galle, n’est-ce pas ? Elle a une langue pire qu’une fouine affamée ! Pauvre
Alfred !
    — Il est assez heureux.
    — Bon Dieu, mon garçon, il est tout sauf heureux !
Il est de ceux qui attrapent Dieu comme une maladie. On dirait une vache après
l’hiver !
    — Vraiment ?
    — Tu sais, lorsque arrive l’herbe de la fin du
printemps, toute verte et grasse ? Et que tu sors la pauvre vache pour
paître et qu’elle enfle comme une vessie ? Elle n’est plus rien que merde
et vent et titube, et elle tomberait morte si tu ne la retirais pas de l’herbe
un moment. Alfred est ainsi. Il a trop mangé de la bonne herbe verte de Dieu, et
il en est malade. Mais il est homme de bien, oh oui ! Trop maigre, oui, mais
bon. Un saint vivant, pas moins. Ah, ma fille, c’est bien, mangeons. (Il prit
un peu d’œufs avec ses doigts et me passa la poêle.) Dieu merci, c’est Pâques
la semaine prochaine et nous pourrons manger viande à nouveau. Je maigris de
jeûner. Tu sais qu’Iseult sera baptisée à Pâques ?
    — Elle me l’a dit, répondis-je sèchement.
    — Et tu n’approuves point ? Vois cela comme un bon
bain. Ainsi peut-être cela t’ennuiera-t-il moins.
    Je n’étais pas à Æthelingæg pour le baptême d’Iseult. Cela
ne me manqua point, car je savais que Pâques avec Alfred ne serait que prières,
psaumes, prêtres et sermons. Je préférais partir avec Steapa et cinquante
hommes dans les collines, car Alfred avait ordonné que les Danes soient
harcelés sans pitié pendant les semaines suivantes. Il avait décidé de
rassembler la fyrd de Wessex vers l’Ascension, à six semaines de là. Comme,
durant ce temps, Guthrum chercherait à redonner des forces à ses chevaux
affamés en leur laissant paître l’herbe nouvelle, nous embusquions les expéditions
danes. Tuer une patrouille, c’était garantir que la suivante serait protégée
par cent cavaliers supplémentaires ; cela épuisait d’autant les chevaux et
exigeait encore plus d’expéditions. Cela porta un moment ses fruits, mais Guthrum
commença à envoyer ses patrouilles en Mercie, où elles ne rencontraient nulle
opposition.
    Ce fut une période morne. Il y avait à présent deux
forgerons à Æthelingæg, et bien que manquant d’outils et de bois, ils nous
faisaient de bonnes pointes de lances. Alfred rédigeait des lettres, cherchant
à découvrir combien d’hommes les comtés pouvaient lever, et il envoyait des
prêtres en Franquie pour ramener les thanes qui y avaient fui. D’autres espions
vinrent de Cippanhamm, confirmant que Svein avait rejoint Guthrum, qui faisait
venir des hommes de toutes les régions danes d’Anglie.
    Leofric nous accompagnait rarement en patrouille ; il
restait à Æthelingæg, car il avait été nommé chef de la garde du

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