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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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espoir pour cette bataille, mais étant chrétien, je dois croire que
nous la remporterons. Dieu ne nous laissera point la perdre.
    — Ni ceci, dis-je en frappant la poignée de
Souffle-de-Serpent.
    — Est-ce si simple ?
    — La vie est simple. Ale, femmes, épée, réputation. Rien
d’autre ne compte.
    Il hocha la tête, mais il ne discuta point.
    — Donc, si tu étais à ma place, Uhtred, tu marcherais ?
    — Vous avez déjà pris votre décision, seigneur. Pourquoi
me demander ?
    Il se tourna vers les cabanes, le château et l’église qu’il
avait fait construire, avec sa grande croix.
    — Demain, tu prendras cent cavaliers et tu patrouilleras
en avant-garde de l’armée.
    — Oui, seigneur.
    — Et quand nous rencontrerons l’ennemi, tu choisiras
cinquante ou soixante hommes de ma garde. Les meilleurs. Et vous garderez mes
bannières.
    Il n’eut nul besoin d’en dire plus. Je devais prendre les
meilleurs guerriers, les plus féroces, et les mener là où la bataille serait la
plus dure, car l’ennemi adore capturer les bannières de son adversaire. C’était
un honneur de mener cette mission, et si la bataille était perdue, une
condamnation à mort presque certaine.
    — Je le ferai avec joie, seigneur, mais je vous
demanderai une faveur en retour.
    — Si je le puis, dit-il prudemment.
    — Si vous le pouvez, ne m’enterrez point. Brûlez mon
corps sur un bûcher en me laissant en main mon épée.
    Il acquiesça en hésitant, car il venait d’accepter des
funérailles païennes.
    — Je ne t’ai encore point dit que j’étais navré pour
ton fils.
    — Je le suis aussi, seigneur.
    — Mais il est avec Dieu, Uhtred, assurément.
    — C’est ce que l’on me dit, seigneur.
    Et le lendemain, nous marchâmes. La destinée est inexorable,
et même si les chiffres et la raison nous assuraient que nous ne pouvions
gagner, nous n’osions point perdre et nous allâmes à la Pierre d’Egbert.
     
    Nous partîmes en procession. Vingt-trois prêtres et dix-huit
moines marchaient en chantant un psaume. Comme il était en latin, je n’y
comprenais goutte. Le père Pyrlig, juché sur un cheval, revêtu d’une cotte de
cuir, une épée au côté et une lance sur l’épaule, me le traduisit au fur et à
mesure :
    — « Mon Dieu, tu m’as abandonné, tu nous as
dispersés dans ton courroux, reviens maintenant vers nous. » Cela semble
une bien raisonnable requête, ne crois-tu pas ? Tu nous as donné un coup
en pleine face, maintenant cajole-nous.
    — C’est vraiment ce qu’il dit ?
    — Non, cette histoire de coups et de cajoleries, c’est
de moi, sourit-il. La guerre me manque. N’est-ce pas un péché ?
    — Vous avez vu la guerre ?
    — Si je l’ai vue ? J’étais un guerrier, avant que
de rejoindre l’Église ! Pyrlig l’Intrépide, tel était mon nom. J’ai tué un
jour quatre Saxons. Tout seul et armé de ma seule lance. Au pays, on composa
une chanson sur moi, mais sache que les Bretons font des chansons pour tout. Je
puis te la chanter, si tu le veux. Elle raconte que j’ai occis trois cent
quatre-vingt-quatorze Saxons en un seul jour. Ce n’est point tout à fait vrai…
    — Combien en avez-vous tué, alors ?
    — Je te l’ai dit : quatre.
    — Comment avez-vous appris l’angle ?
    — Ma mère était saxonne, la pauvre. Elle avait été
capturée en Mercie et faite esclave.
    — Alors pourquoi avez-vous cessé d’être guerrier ?
    — Parce que j’ai trouvé Dieu, Uhtred. Ou bien est-ce
lui qui m’a trouvé ? Et je devenais trop orgueilleux. Quand on compose des
chansons sur toi, cela te monte à la tête, et l’orgueil est chose terrible.
    — C’est l’arme du guerrier.
    — En vérité, voilà pourquoi c’est terrible et que je
prie Dieu de m’en purger.
    Nous avions dépassé les prêtres et gravissions une colline
pour voir l’ennemi au nord et à l’est. Les voix des clercs nous suivaient, hautes
et claires dans le matin.
    — « Par la grâce de Dieu nous serons braves, me
traduisit Pyrlig. Et piétinerons nos ennemis. » Voilà une belle pensée
pour cette matinée, seigneur Uhtred !
    — Les Danes disent aussi leurs prières, mon père.
    — Mais à quel dieu, hein ? Il ne sert à rien de
hurler à l’oreille d’un sourd, non ? Pas une souris en vue, constata-t-il
en contemplant le nord.
    — Les Danes nous observent, dis-je. Nous ne les pouvons
voir, mais eux si.
    S’ils nous observaient, ils devaient

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