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Le règne du chaos

Le règne du chaos

Titel: Le règne du chaos Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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n’avait-il pas frappé directement Gaveston ? Pourquoi les crimes avaient-ils continué alors que, de fait, Gaveston était perdu ? Ces deux derniers crimes étaient-ils nécessaires ? Après tout, Rosselin n’était rien d’autre qu’un homme agissant pour le compte d’autrui. À quoi bon ce trépas, sauf s’il existait d’autres raisons : vengeance, châtiment… mais pour quelle cause ?
    Mes soupçons m’aiguillèrent vers d’autres hypothèses. Je parvins à une conclusion. Le chemin qui s’étendait devant moi ressemblait à la voie funéraire vers quelque sinistre église. Il était sombre, inquiétant, cependant il me conduirait à destination. Avoir constaté ma méprise ajouta à mon anxiété. Ma bonne humeur en fut assombrie. Je me surpris à voir mes compagnons d’un autre œil. Je pressentis aussi que l’agréable voyage ensoleillé allait mal tourner. Dunheved avait sombré dans un profond mutisme. Demontaigu était manifestement méfiant. Les Beaumont et leurs gens, restés entre eux pendant toute la chevauchée, commencèrent à s’insurger contre ce trajet ainsi que contre le nombre croissant de claquedents, de vagabonds, hantant bosquets et halliers, munis de piques et de massues, qui maintenant rôdaient le long ou à l’arrière de notre colonne tels des chiens de chasse attendant une défaillance de notre part. Tout déplacement de grands seigneurs attire ceux qui espèrent de rapides et faciles larronneries. Néanmoins les Beaumont avaient raison d’être préoccupés et je me demandais si ces indésirables, à l’instar des pèlerins qui traînaient toujours derrière nous, n’avaient pas quelque ténébreux dessein.
    Pembroke n’accorda pas d’importance à nos craintes, mais les Beaumont, ces basilics 10 faits hommes, exigèrent de connaître notre véritable destination et combien de temps il nous faudrait pour l’atteindre. En fait, ils s’aperçurent qu’ils s’étaient trompés. À leurs yeux Gaveston était un prisonnier ; jugeant l’avenir incertain, ils estimèrent qu’il était temps de partir. Des mots peu amènes furent échangés sur la grand-route. Les Beaumont proclamèrent qu’ils s’étaient absentés trop longtemps de leurs domaines et de la Cour. Au bout du compte leurs protestations poussèrent le cortège à s’arrêter. Henry Beaumont affronta Pembroke. Le comte en personne n’avait-il pas, dans un serment solennel, promis que tous ceux qui se trouvaient à Scarborough seraient sains et saufs – et libres d’aller où ils voudraient ? Pembroke ne pouvait le nier. Il n’avait pas le choix. Les Beaumont rassemblèrent alors leurs gens et Henry voulut à toute force qu’on leur permît de se retirer sur-le-champ. Le protocole fut respecté : ils échangèrent le baiser de paix avec Gaveston, remercièrent Pembroke pour son hospitalité, nous saluèrent, Demontaigu et moi, d’un signe de tête, puis déclarèrent qu’ils retournaient au carrefour d’où ils prendraient la direction de Lincoln. Pendant la conversation, Pembroke précisa qu’il passerait la nuit à Deddington, dans le comté d’Oxford. Or Lady Pembroke ne demeurant qu’à cinq lieues de là, à Bampton, ne leur serait-il pas plaisant de s’y rendre ? Les Beaumont refusèrent tout net. Ils retirèrent leurs hommes, firent leurs derniers adieux et s’éloignèrent au galop dans un nuage de poussière.
    Nous reprîmes notre route, sans grand entrain. Nous nous reposâmes quelque temps dans deux tavernes, et juste avant le crépuscule pénétrâmes dans Deddington, un hameau assoupi, rien d’autre qu’une longue rangée de chaumines avec des jardins potagers, des pigeonniers, des ruches, des porcheries bordant la rue principale. Près du carrefour se dressait une vaste taverne s’appelant, non sans prétention, Le Dernier Repos du pèlerin. Nous la dépassâmes, épiés par les villageois et leurs familles, pour gravir la petite colline montant à l’église paroissiale St Oswald, un bâtiment ancien en pierre grise, au toit de tuiles noires et au clocher dominant de toute sa hauteur le grand cimetière à l’entour. Un peu plus loin se trouvait le presbytère, agréable demeure à un étage avec un toit d’ardoises rouge foncé. Une volée de marches menait à sa porte peinte avec goût. Le presbytère, ainsi que son mur d’enceinte – délimitant, devant, une cour pavée, sur les côtés et derrière, des courtils –, était en pierre des Cotswolds

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