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Le règne du chaos

Le règne du chaos

Titel: Le règne du chaos Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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nœud coulant s’était resserré : nous étions pris au piège. Ces pèlerins à l’arrière-garde, ces claquedents que nous intéressions tant étaient des espions à la solde de Warwick. Il y avait cependant quelque chose de plus subtil, de plus rusé, dans cet artifice. Comment Warwick avait-il appris le départ de Pembroke ? L’épouse de ce dernier était-elle vraiment très malade à Bampton ? Pembroke s’était-il parjuré ? J’en doutais. Nous avions tous été dupes, surtout Pembroke, et nous n’en pouvions mais.
    — Ouvrez la porte, proposai-je à mi-voix.
    Gaveston se leva, la main sur les lèvres.
    — Ouvrez la porte, monseigneur, répétai-je. Il est inutile de résister. Warwick peut fort bien saisir ce prétexte pour vous occire séance tenante.
    — Pour l’amour de Dieu, renchérit le curé, larmoyant.
    Ferrers n’attendit pas davantage. Il quitta la salle en criant à quelques écuyers de Pembroke rassemblés dans le vestibule, épée au clair, d’ouvrir l’huis. On enleva les chaînes, on déverrouilla, et les soldats de Warwick se précipitèrent dans la pièce. Warwick en personne entra à grands pas. On ne s’occupa pas de nous, on ne nous fit pas de mal. En fait, Warwick nous montra du doigt en hurlant qu’il ne fallait pas nous toucher sous peine de mort. Ce fut différent pour le malheureux Gaveston. On s’en saisit sur-le-champ avec brutalité. Warwick s’avança à travers la cohue pour lui envoyer son poing dans la face, lui écrasant le nez de son gantelet, lui ouvrant les lèvres. On traîna le favori déchu dans la cour pavée, on lui arracha sa chape pour l’exhiber, jambes et pieds nus, en chemise de nuit, devant les troupes de Warwick. Gaveston était hébété. Il voulut parler, mais aucun son ne sortit de sa bouche. L’un des soldats de Warwick se mit à l’imiter à la grande joie de ses compagnons. Je me jetai aux pieds de Warwick en demandant grâce pour ce seigneur avili, tombé si bas, si vite. Demontaigu tenta lui aussi de l’aider, en criant à Warwick de se souvenir du serment de Pembroke. Les soldats se contentèrent de l’écarter pendant que leur maître, tout en me tapotant les cheveux avec douceur, m’aidait à me relever. Un seul regard de ses yeux implacables me suffit pour être sûre du destin de Gaveston. Il ne fallait point demander merci : elle ne serait point accordée. Le comte fit un signe de tête et me repoussa sans violence. Les hommes de Pembroke – c’est tout à leur honneur – essayèrent de protester, épée tirée, mais Warwick avait amené moult gens d’armes, maints archers, et la résistance était vaine.
    Gaveston fut obligé de rester debout au milieu de la cour. Quelques hommes de Warwick le criblèrent de toutes les ordures qui leur tombaient sous la main pendant que les autres réclamaient son sang à grands cris. Gaveston finit par choir sur les genoux. Warwick lui enfonça alors une lourde couronne d’orties et de ronces sur le chef. Ensuite on l’attacha avec soin sur une haridelle, le visage tourné vers la queue, pour le promener autour de la cour sous les railleries et les quolibets des assaillants. Gaveston s’affaissa, tête baissée. Warwick nous fit un signe.
    — Vous pouvez vous en aller, lança-t-il. Ce paysan gascon, ce bâtard de sorcière, n’a plus besoin de vous. N’est-ce pas, messire ?
    Le favori releva la tête pour essayer de voir quelque chose à travers la masse enchevêtrée qui pendait sur sa figure meurtrie. Il parcourut la rangée de visages jusqu’à ce qu’il distingue le mien. Ses lèvres ensanglantées articulèrent mon nom. Je fis un pas en avant.
    — Monseigneur, cela ne vous fait point honneur, déclarai-je à Warwick. Pensez à ce qu’a juré Pembroke. Pensez aussi à ce que Sa Grâce le roi fera de tout cela.
    Dunheved, Demontaigu et Sir William Ferrers m’appuyèrent. Warwick, mains sur les hanches, ne broncha pas. Puis il fit une grimace, leva la main pour faire taire les clameurs.
    — Il vaudrait mieux que vous partiez, observa-t-il. Vous, dame Mathilde, et vos compagnons, pouvez vous rendre où vous voulez.
    — Mes compagnons et moi resterons avec Lord Gaveston, répondis-je.
    Warwick haussa les épaules et tourna les talons en maugréant qu’une bachelette et un prêtre n’étaient pas à redouter. Peu lui importait que nous restions ou non. C’est ainsi que commença la descente de Gaveston aux enfers. Warwick voulait agir vite. Le favori déchu

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