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Le règne du chaos

Le règne du chaos

Titel: Le règne du chaos Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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royale approchant, tous les hommes devaient se rendre sur les remparts. Ap Rees est donc parti. Il a entendu que Rosselin lui posait des questions, mais il a estimé que si le serviteur de Gaveston désirait savoir ce qui se passait, il était libre de l’accompagner.
    — Par conséquent il n’y avait personne dans la tour, n’est-ce pas ? relevai-je. Le tueur a dû faire sonner le tocsin, allumer le feu et venir ici. D’une façon ou d’une autre, il a persuadé Rosselin de lui ouvrir, l’a poignardé, a tiré son corps jusqu’à l’embrasure et l’a fait basculer par la fenêtre.
    Je m’interrompis.
    — Vif comme un chat bondissant sur une souris. Rosselin était éméché, étourdi par le vin.
    — Mais qui aurait-il laissé entrer pourtant ? s’étonna Bertrand.
    — Plus grave encore, remarqua Warde, et cela se saura dans tout le château, comment le criminel a-t-il pu repartir à travers une porte fermée de l’intérieur ?
    Je ne sus que répondre. Je m’approchai du panier que Dunheved avait posé sur le plancher, en sortis la clé puis me dirigeai vers l’huis brisé. La clé s’adaptait à la serrure, rouillée, ancienne et maintenant toute faussée.
    — Je l’ai trouvé !
    La voix de Demontaigu sonna, claire, dans l’escalier. Il pénétra dans la pièce, serrant dans sa main un morceau de parchemin qu’il me tendit. Il portait l’inévitable message : Aquilae Petri, ne volez pas si haut, superbes et fanfarons, car acheté et vendu est votre maître Gaveston.
    — Fourré dans la manchette de son justaucorps, ajouta Bertrand.
    — Je ferais mieux d’aller en parler à Lord Gaveston, déclara le gouverneur.
    Il se leva et sortit à grands pas. Les autres le suivirent.
    Bertrand s’assit sur un tabouret et s’essuya le front. Dunheved se tenait près de la fenêtre et nous tournait le dos.
    — Nous devrions quitter ce lieu de meurtre, commenta-t-il.
    — Non, non, fouillons d’abord les biens de Rosselin, insistai-je.
    Nous nous exécutâmes sans rien découvrir de significatif. Demontaigu m’apprit que le corps de Rosselin avait été emporté au dépositoire du château.
    — Son âme a rejoint Dieu, dit le dominicain qui regardait toujours par la fenêtre. Mathilde, ne devrions-nous pas partir ?
    Il se retourna pour me faire face.
    — Il serait temps de nous en aller. Nous ne pouvons rien faire de plus. La cause est perdue. À quoi bon s’attarder ?
    Je ne répondis pas. Quelques heures plus tard, nous n’aurions d’autre choix que de rester. Au début de l’après-midi le tocsin sonna derechef, proclamant ce qu’il en était à tous les échos. Les barons étaient arrivés ! En premier leurs éclaireurs à cheval, annoncés par des nuages de poussière avant même d’atteindre la cité. Ensuite ce fut le déferlement de couleurs des pennons, drapeaux, bannières, claquant au vent : rouge, argent, bleu, vert, écarlate, blanc et noir. Insignes et blasons clamaient avec audace la puissance de l’Angleterre : gueules, écus, ours, sangliers, vouivres, lions, lévriers, couronnes et épées. L’armée des barons campait hors les murs du bourg, mer brillante de teintes changeantes au fur et à mesure que l’on installait pavillons, tentes, huttes et rangées d’abris pour les montures. Le bruit et l’odeur de cette multitude montaient vers nous, puis, telle une rivière rompant ses berges, les forces ennemies se répandirent hors du camp, envahissant les ruelles du bourg, débordant autour de la base de la forteresse et descendant jusqu’au port. J’étais sur les remparts avec mes compagnons. Le cœur me manqua : les barons avaient rassemblé une puissante armée. La saison se prêtait à la guerre. Les sentiers, les pistes, les routes étaient secs et fermes, ce qui facilitait l’avancée de la piétaille, des montures, des chariots. Le ravitaillement en vivres était facile dans la campagne environnante. Les bourgeois avaient très vite accepté les arrivants. L’ordre et la discipline paraissaient régner. Nous entendîmes mêmes des acclamations au passage des soldats. Si les barons avaient eu l’intention de nous impressionner, ils avaient réussi. Cottes de mailles et armures étincelaient au soleil, menace chatoyante de ce qui nous attendait. Le pire était à venir. Derrière les hommes roulaient à grand fracas les engins de guerre, noirs et terrifiants contre le ciel : trébuchets, mangonneaux, béliers, mantelets, catapultes,

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