Le retour de la mariée
invitant du geste et de la voix tout le monde à sortir.
— Il fait bon dans la serre, allons y faire un tour, voulez-vous ? Il me semble que Lucky aimerait rester seul avec madame… euh… avec Caroline.
Holt et Cade donnèrent chacun à Logan une tape dans le dos, pour l’encourager, et se hâtèrent de vider les lieux. Enattendant que tous les autres en aient fait autant, Logan se servit un verre de whisky.
Quand la porte se fut refermée, il en prit une bonne rasade.
— Donc… alors il a, comment dire ? Euh… quinze ans ?
— Quatorze.
— Quatorze, répéta-t-il avec application. J’ai un fils de quatorze ans. C’est incroyable.
— Il a les yeux verts de son père, dit Caroline.
En voyant passer dans son regard une fugitive lueur de satisfaction, elle voulut lui faire encore plaisir. Il semblait si désorienté !
— La même chevelure et le même sourire, ajouta-t-elle. Je n’ai jamais pu t’oublier, Logan Grey, chaque jour je te retrouvais en lui.
Embarrassé, Logan secoua la tête en prenant une profonde inspiration. L’intimité soudaine qui s’était établie entre eux le déconcertait. En quelques instants, il était passé de la rage aveugle à la lucidité. Il acceptait la vérité, même si elle était surprenante.
— Je n’arrive pas à m’y faire, avoua-t-il. Parlez-moi de lui.
Elle eut alors pitié de lui et décida de lui donner tous les détails traditionnels : la première dent à six mois, les premiers pas à un an, et ainsi de suite. Il l’écoutait avidement, s’enquérant parfois de précisions, recueillant avec intérêt ses paroles. Elle parla ainsi longtemps.
— C’est un garçon formidable, conclut-elle enfin. Le meilleur fils qu’une mère peut désirer. Il a de l’allure, l’esprit vif, et il est gentil. Incroyablement gentil. Loin d’être parfait, bien sûr, mais ce sont ses imperfections qui le rendent d’autant plus… euh… comment dire…
— « Parfait », dit Logan. C’est le mot qui convient, il me semble.
Sur ce, il emporta son verre et alla se planter devant une fenêtre, les yeux perdus dans le vague, sans ouvrir la bouche pendant plusieurs minutes.
Lorsqu’il brisa finalement le silence, Caroline sursauta. Ses nerfs étaient à bout…
— Je tiens à voir clair dans cette affaire. Vous avez toujours cru que nous étions légalement mariés, et vous n’avez jamais pris la peine de me faire savoir que j’avais un fils ?
Oui, et elle ne comptait pas s’excuser ! Suzanne lui avait souvent reproché de ne pas prendre contact avec le père de son fils. Surtout lorsque la renommée de Logan s’était étendue à tout le Texas et aux Etats voisins. Will avait huit ans, à ce moment-là. Caroline s’était toujours refusée à prendre contact avec Logan.
— J’avais seize ans, dit-elle avec véhémence, j’étais seule, sans un toit pour m’abriter, sans un dollar pour vivre, et j’attendais un bébé. A ce point de dénuement, je ne pouvais qu’essayer de survivre. Je n’avais ni le temps, ni l’idée, et encore moins les moyens de partir à la recherche d’un mari qui avait fui mon lit, le matin de ma nuit de noces !
Ne trouvant rien à répondre, Logan lui tourna le dos et repartit se poster à la fenêtre, un court moment cette fois.
— Je fais toujours attention à ce genre de chose lorsque je passe la nuit avec une femme, dit-il en revenant vers elle. Mais cette nuit-là, j’étais comme fou… Je fais d’autant plus attention que j’ai grandi depuis mes cinq ans avec des orphelins nés de père inconnu. Ils en souffraient tant que je m’étais juré de ne prendre aucun risque, de ce côté-là.
Il s’étonna de voir qu’elle souriait.
— William n’est pas né de père inconnu, il te connaît même très bien, et il est très fier de toi.
— Il me connaît ? Que lui as-tu dit de moi ?
— Pendant ses premières années, il ne m’a jamais posé de questions embarrassantes, mais il savait qu’il était fils légitime, et qu’il portait le nom de son père. Ces derniers temps, quand je le voyais consulter les archives du journal…
— Tu travailles pour un journal ?
— J’écris des articles dans le Standard d’Artesia.
Logan hocha la tête en levant les sourcils. Cela l’étonnait, naturellement.
— Je pensais qu’il voulait apprendre le métier, pour devenir journaliste comme sa mère, reprit-elle. En fait, il cherchait tous les récits des exploits de son
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