Le retour de la mariée
Hollister lutte contre la mort parce qu’une vieille crapule a voulu recommencer à s’en mettre plein les poches, et j’ai tort de le dire ?
— Ben Whitaker est un homme respectable, Logan Grey. Quand ton fils est venu au monde, c’est lui qui l’a pris dans ses bras. C’est lui qui nous a nourris et logés, en ton absence. Quand j’étais au plus bas, c’est lui qui m’a évité le pire, et il m’a sauvée. Sans lui, Will n’aurait pas vécu.
— Je ne savais pas…
— Tu ne savais pas, c’est vrai, dit-elle, le regard ardent de colère. Mais tu n’as pas essayé de savoir. Oui, Logan, je t’ai menti. Oui, j’ai voulu me servir de toi. Mais je vais te dire une chose : tu as des dettes envers Ben parce qu’il était là, et que tu n’y étais pas !
— Rien du tout ! Je ne lui dois rien du tout ! D’accord, il a pris soin de vous deux. Mais c’est toi qui as décidé de me tenir à l’écart, alors que tu savais où me trouver et que j’étais son père. C’est toi qui as décidé de tout, sans me laisser le choix !
— Mais…
— J’ai eu tort ! lança-t-il pour l’empêcher de l’interrompre. J’ai eu tort de partir, ce matin-là. Mais un enfant n’a pas qu’une mère. Le nôtre, tu as choisi de l’élever seule, sous la protection d’un ancien truand. Après, tu as choisi de venir me trouver à Fort Worth avec une histoire à faire pleurer, pour me prendre dans ton sac d’embrouilles. Sans tes grimaces, je n’aurais jamais mis le pied dans ce satané train. Cade et Holt n’y seraient pas montés non plus.
— Je ne suis pas responsable des tempêtes ! Je souffre pour Cade, et ce matin même j’allais te dire d’aller tout de suite le rejoindre, mais tu ne peux plus maintenant, parce que ce n’est plus un mensonge. Cette fois-ci, Will a vraiment disparu.
— Il a disparu ? Tu peux m’en donner la preuve ? Comment puis-je être sûr qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle combine que tu aurais mijotée avec ton Whitaker ?
Il vit ses yeux briller de l’éclat sauvage qu’ont ceux des fauves quand la peur et la fureur les animent. Elle allait le griffer, le mordre. Il se tint sur la défensive, inutilement car Caroline s’affaissa comme une poupée désarticulée, et s’écroula sur le sol en sanglotant.
A la voir ainsi défaite, Logan sut que, cette fois, sa femme ne mentait pas. Il n’avait pas l’habitude de s’émouvoir aisément, mais il comprit que Will courait effectivement un grave danger.
Il se pencha pour prendre Caroline par la taille, la soulever et la remettre debout en la secouant un peu, sans brutalité.
— Ça suffit. Calme-toi, Caroline. Ce n’est pas le moment de perdre ton sang-froid. Ecoute-moi bien. Je te crois, d’accord ? Tu vas m’expliquer toute l’affaire, et je vais tâcher d’arranger les choses. C’est bien entendu ? Commence par le commencement.
— Je ne peux pas, je ne pense qu’à mon petit !
— Mais si, tu peux, dit-il en la fouillant du regard. Concentre-toi, Caroline. Cela t’aidera à passer le temps, en attendant ta réponse.
Elle s’écarta de lui et, s’essuyant le visage, alla se planter devant la fenêtre. Enfin, elle se mit à parler, le regard perdu à l’horizon.
— Six semaines après la mort de Suzanne, Ben a reçu une lettre envoyée par la compagne de Shotgun Reese, une femme qui s’appelle Fanny Plunkett.
A ce nom, Logan grinça des dents. Fanny Plunkett, la dernière en date des meneuses du gang du Soleil Levant, il ne manquait plus qu’elle. La reine des pilleurs de train, une sorcière sanguinaire. On aurait tout vu !
— Dans sa lettre, Fanny écrivait que d’après elle Shotgun n’était pas mort de sa belle mort, que la maladie dont il souffrait ne l’avait pas tué. Elle croyait à un meurtre. Et commeelle venait d’apprendre ce qui était arrivé à Suzanne, elle affirmait avoir des doutes sur les causes de sa mort à elle aussi.
Logan avait de la peine à suivre. Il essayait de mettre en place les morceaux de ce puzzle.
— Pourquoi ? demanda-t-il. Suzanne savait quelque chose du trésor de Geronimo ?
— Ou d’un autre, peut-être. Shotgun Reese correspondait avec Suzanne. Fanny Plunkett se demandait s’il ne lui avait pas envoyé une carte indiquant l’emplacement du trésor, peu de temps avant de mourir.
— Pourquoi lui aurait-il envoyé ce plan ?
— Par amour, tout simplement. Avant que Ben la lui enlève, Suzanne faisait
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