Le retour de la mariée
prendre connaissance de tous ses messages et y répondre. Ayant payé, il s’apprêtait à sortir lorsque le préposé le rappela.
— Au fait, monsieur Grey, votre dame attendait une réponse à un télégramme, vous pourriez peut-être la lui donner.
Logan se mit à respirer plus fort, il dut s’éclaircir la gorge pour parler.
— Ma femme a expédié un télégramme ? Hier soir ?
— Hier soir, confirma Bill. Pas de doute.
Logan se souvint qu’ils s’étaient séparés, la veille. Pendant qu’il s’occupait de louer la chambre et de confier à un maître d’écurie les deux chevaux égarés après la tornade, Caroline était censée s’être occupée de trier et d’emballer les dons faits par les braves gens.
— Je vais le lui donner, bien sûr.
D’abord intrigué, il trouva en y réfléchissant la clé du mystère. Comment n’y avait-il pas pensé plus tôt ? Caroline avait certainement prévenu Ben Whitaker de son retour à Artesia. Il était tout naturel qu’elle lui fasse savoir le plus vite possible les raisons de son retard.
— J’aurais dû m’en occuper moi-même hier, en y étant, se dit-il à mi-voix.
Il mit la réponse de Ben dans la poche de sa chemise. Il fallait qu’il aille faire ses achats au bazar local, à présent. Il serait sans doute moins bien achalandé que celui de Fort Worth, mais il y trouverait l’essentiel. Désormais seul à faire le grand voyage, il pouvait se contenter d’un matériel de campement assez simple. Par contre, ni Cade ni Holt ne seraient là pour le ravitailler en munitions. Il en tiendrait compte, en faisant ses achats.
C’est en revenant vers l’hôtel, une demi-heure plus tard, qu’il se souvint du télégramme de Caroline. Il le sortit alors de la poche de sa chemise et observa distraitement le nom de l’expéditeur, dans le coin supérieur gauche.
Ce n’était pas Ben Whitaker mais une femme, Ellen Glazier. Logan fit halte, pour prendre le temps de réfléchir.Il avait eu comme un fâcheux pressentiment, tout à l’heure, en prenant le message. Si le vieux Ben ne répondait pas, c’est qu’il en était physiquement empêché, sans doute. Il avait été victime d’un accident, peut-être ?
Un malheur n’arrive jamais seul, dit-on. Quel ennui ! Il regarda longuement le pli cacheté, en fronçant les sourcils. Caroline ne manquait ni de courage ni d’énergie. Mais même les âmes valeureuses pouvaient défaillir en certaines occasions.
Il fallait qu’il la protège, son instinct, sa volonté, son cœur le lui disaient. Et puis, n’était-ce pas le devoir d’un mari ?
Logan ouvrit le télégramme et le lut.
***
Mauvaise nouvelle STOP Will disparu depuis 2 jours STOP Est-il avec toi STOP
***
Quoi ? Ce message n’avait aucun sens ! Y aurait-il à Artesia un autre William qui aurait fait une fugue, lui aussi ? Ce ne pouvait être son fils. A moins que…
Caroline lui avait-elle menti ?
La question le frappa violemment, surprenante et brutale comme une balle tirée à l’improviste. Tout n’était-il que mensonge ? Etaient-ils vraiment mariés ? Avait-il un fils ? Avait-il vraiment disparu ? Caroline était-elle assez perverse pour l’avoir abreuvé de mensonges flatteurs ?
Non, bien sûr, c’était trop incroyable. Invraisemblable même, après la nuit qu’ils venaient de passer ensemble.
Cette Ellen Glazier ne savait pas s’exprimer. Ou peut-être l’employé du télégraphe s’était-il trompé.
Dans le tourbillon de ses pensées lui apparut soudain l’image de Cade martyrisé, et son cœur s’emplit d’épouvante. Avait-il jeté par erreur ses amis de toujours, ses frères, dans le déchaînement d’un ouragan ? Quel intérêt ou quelle folie aurait poussé Caroline à inventer un mensonge aussi éhonté, aussi destructeur ?
Il n’y avait qu’une seule façon d’en avoir le cœur net.
Il replia le télégramme et en frappa machinalement sa main gauche, tout en réfléchissant. Il passa en revue les événements des derniers jours. Il ne parvenait pas à trouver la moindre faille. Caroline lui avait bien paru un peu bizarre quelquefois mais, étant donné les circonstances, cela n’avait rien d’étonnant. Malgré tous ses efforts, il ne put trouver le moindre indice qui aurait permis de douter d’elle.
Et pourtant son sixième sens l’avait bel et bien prévenu de l’imminence d’un danger quand il avait reçu le message des mains du préposé.
Logan remit le papier
Weitere Kostenlose Bücher