Le retour

de
rater leur autocar.
     
    Le récit ne
sembla pas énerver particulièrement son confrère.
     
    - Attends. On va
arranger cette affaire-là, dit-il. Est-
    ce qu'ils sont
retournés chez eux?
     
    - Non. Ils sont
dans la salle d'attente.
     
    - Va leur dire
que ce sera pas long.
     
    Cinq minutes plus
tard, Damien Perreault apparut à la porte du salon, portant une grosse valise
qui semblait assez lourde. Contrairement à son habitude, le quinquagénaire
était tout souriant. Son excellente humeur était probablement motivée par son
départ pour les vacances. Les deux vicaires se levèrent poliment à son entrée
dans la pièce.
     
    - Bon. Messieurs,
je vous laisse, dit-il à ses deux vicaires. J'espère que vous avez bien noté mon
numéro de téléphone au chalet. Évidemment, vous ne l'utiliserez que pour les
cas d'extrême urgence.
     
    - Bien sûr,
monsieur le curé,.fit René Laverdière.
     
    Pendant que vous
vous amuserez à pêcher, nous tiendrons le fort.
     
    - Pas
d'imprudences surtout, hein! Prenez pas d'initiatives, les mit en garde leur
supérieur.
     
    - Ne vous
inquiétez pas, reprit l'abbé Laverdière.
     
    Tout va marcher
comme sur des roulettes. Nous vous souhaitons un bon repos et du beau temps. En
plus, vous allez même avoir la chance de faire une bonne action dès le début de
vos vacances.
     
    - Comment ça?
demanda Damien Perreault, intrigué.
     
    - Les petits
Lalonde viennent de manquer leur autobus pour aller aux Grèves de Contrecoeur.
Comme votre
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    chalet est juste
à côté, vous allez pouvoir les laisser en passant, si vous voulez, monsieur le
curé.
     
    - Mais il en est
pas question! s'insurgea le curé. Mon automobile est pas un autobus. À part ça,
j'ai pas envie que des enfants la salissent. Je suis pas pour commencer ça!
     
    - J'ai bien peur,
monsieur le curé, que vous ayez à expliquer ça à la mère et à une voisine.
     
    - Il en est pas
question, répéta sèchement le curé Perreault. J'ai rien à leur expliquer. De
toute façon, elles savent pas que je vais dans cette direction-là.
     
    - Malheureusement,
je leur ai dit que vous aviez un chalet à côté, avoua un René Laverdière, l'air
goguenard.
     
    Je pouvais pas me
douter que vous refuseriez des vacances à trois jeunes enfants de votre
paroisse parce que vous aviez peur qu'ils salissent les sièges de votre Buick.
     
    - Vous êtes très
drôle, l'abbé! fit sèchement le curé qui lui jeta un regard assassin.
     
    Toute la bonne
humeur de Damien Perreault s'était soudainement envolée.
     
    - Où est-ce
qu'ils sont? demanda-t-il rudement.
     
    - Dans la salle d'attente,
monsieur le curé, répondit Yvon Dufour qui n'avait pas dit un mot depuis
l'arrivée de son supérieur dans le salon.
     
    Damien Perreault
planta là ses deux vicaires et se dirigea vers la petite salle d'attente où les
deux femmes et les trois enfants attendaient depuis quelques minutes. Dès qu'il
ouvrit la porte, il reconnut Laurette Morin et ne put s'empêcher d'esquisser
une grimace de contrariété. Il connaissait assez sa paroissienne pour savoir
qu'elle n'avait pas la langue dans sa poche. Il avait horreur de ce genre de
femme qui ne craignait pas d'affronter un prêtre quand ce qu'il disait ne lui
convenait pas. S'il se rappelait l'épisode de son fils qu'elle avait forcé,
quelques années plus tôt, à rapporter l'argent de la quête qu'il avait dérobé,
il se
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    souvenait aussi
de la crise qu'elle lui avait faite quand il l'avait accusée d'empêcher la
famille. Bref, en l'apercevant, le prêtre devint méfiant et décida de prendre
certaines précautions.
     
    - Je sais qu'un
de mes vicaires vous a dit que je possédais un chalet près des Grèves, mais le
problème est que je m'en vais pas là directement, mentit-il. J'ai beaucoup
d'achats à faire avant. Je pense que le meilleur moyen pour que les enfants
puissent y aller, c'est de voir s'il y aurait pas quelqu'un de votre famille ou
un voisin qui accepterait d'aller les conduire là.
     
    - On connaît pas
personne qui a un char, monsieur le curé, intervint Laurette, comme si elle
était concernée par le problème.
     
    - L'autobus?
     
    - J'ai pas les
moyens, monsieur le curé, affirma la mère.
     
    - C'est pas grave
pantoute que les enfants attendent un peu dans votre char, monsieur le curé,
pas vrai, madame Lalonde? affirma Laurette. Ils vont être ben contents, à part
ça, de faire un tour de char.
     
    Coincé, le curé
ne put trouver une autre