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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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excuse pour échapper à cette bonne action forcée. Avec
une mauvaise humeur assez évidente, il ordonna aux trois jeunes de prendre
leurs bagages et de le suivre dans le garage situé sous le presbytère.
     
    Quand la Buick
sortit lentement par la rampe d'accès, le curé Perreault aperçut Réjeanne
Lalonde et Laurette Morin, debout sur le trottoir, faisant de grands signes aux
trois enfants sagement assis sur la banquette arrière de sa voiture. Après que
la voiture eut tourné vers l'ouest sur Sainte-Catherine, en direction du pont
Jacques-
    Cartier, la
voisine se tourna vers Laurette, débordante de reconnaissance.
     
    302
    - Vous avez été
ben fine de venir avec moi pour vous occuper des enfants. Je pense que moi,
j'aurais jamais eu le front de demander ce service-là à monsieur le curé.
     
    - Voyons donc,
madame Lalonde. Ça lui coûte rien d'amener vos enfants là-bas. Son gros char
prendra pas plus de gas parce qu'ils sont dedans. Même s'il est bête comme ses
pieds, notre curé peut être de service des fois.
     
    Il en mourra pas.
     
    Sur ce, Laurette
salua la mère de famille et se mit en marche vers l'épicerie Tougas en songeant
que cet intermède lui avait fait perdre près d'une heure. Malgré l'heure
matinale, le soleil tapait déjà durement. Tout laissait présager une journée
très chaude.
     
    Dans le
presbytère, René Laverdière avait fini par aller s'asseoir en face de son jeune
confrère qui déjeunait enfin.
     
    - En tout cas,
ces enfants-là sont mieux de pas bouger d'un poil durant le voyage, dit-il,
moqueur. Enragé comme il est, notre bon curé Perreault est capable de les
mordre.
     
    - Au fond, on est
chanceux qu'il soit parti pour deux semaines, fit remarquer Yvon Dufour,
sérieux. Ça va lui donner le temps de se calmer et peut-être d'oublier.
     
    Le mois de juillet
tenait ses promesses et était particulièrement torride.
     
    Au lendemain des
élections, Gérard prit l'habitude de se confectionner un goûter chaque matin de
la semaine et d'aller passer la journée au parc Lafontaine, à l'ombre de grands
arbres. Durant les heures les plus chaudes de l'après-midi, il n'hésitait pas à
retirer ses chaussures pour laisser tremper ses pieds dans les eaux fraîches
des étangs sillonnés par les canots rouges et verts. Habituellement, il ne
revenait à la maison qu'à l'heure du souper, quelques instants avant le retour
de Laurette de son travail.
     
    303
    L'homme ne
semblait pas remarquer les traits tirés et l'air épuisé de sa femme. Cette
dernière avait toujours autant de peine à supporter la chaleur estivale. Chaque
soir, elle revenait péniblement de son travail, les jambes enflées par neuf
heures de travail debout, à l'extrémité de la chaîne, chez Viau. Pour tout
arranger, elle ne pouvait même plus compter sur l'aide de Carole pour préparer
le souper avant son retour puisque sa cadette finissait de travailler à cinq
heures trente chez Carrière.
     
    Il était bien
évident que sa colère du mois précédent n'avait guère changé le comportement de
son mari. Gérard se comportait comme s'il croyait que les tâches ménagères
appartenaient exclusivement à sa femme et à ses filles. Par conséquent, il
n'apportait aucune aide dans la maison et s'arrangeait pour n'y revenir, du
lundi au vendredi, qu'à la fin de la journée.
     
    Excédée, Laurette
avait fini par lui faire remarquer d'une voix acide:
     
    - J'espère que
t'es pas trop fatigué aujourd'hui, mon Gérard? Sais-tu que t'as une belle vie,
toi?
     
    - Pourquoi tu me
dis ça?
     
    - Je te dis ça
parce que tu t'arranges pour pas lever une épingle dans la maison.
     
    - C'est pas de ma
faute si le docteur m'oblige à attendre avant de retourner travailler, s'était
contenté de répondre ce dernier sur un ton désinvolte. À part ça, une couple de
mois à rien faire, je trouve pas ça exagéré pantoute après avoir travaillé
pendant vingt ans pour nourrir ma famille. En plus, oublie pas que j'ai perdu
trois ans de ma vie à Saint-Joseph...
     
    - Non,
inquiète-toi pas! J'oublie pas, avait rétorqué sa femme avec mauvaise humeur.
En tout cas, j'espère que tu vas péter le feu, au commencement de l'automne,
quand tu vas te mettre à te chercher une job.
     
    304
    - À ce moment-là,
ça va être à ton tour de te reposer un peu, avait ajouté Gérard, qui venait de
se rendre compte de la grogne de sa femme.
     
    - Ben oui, avait
fait Laurette, sarcastique. On va engager quelqu'un pour

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