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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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d'exaspération. Chaque année, en juin, c'était le même
scénario qui se répétait.
     
    Un enfant
arrivait en retard, ratait l'autocar et le drame éclatait.
     
    Chaque été, les
oeuvres de charité diocésaines offraient aux enfants défavorisés de Montréal la
possibilité d'un séjour gratuit de trois semaines dans une colonie de vacances
située à Contrecoeur. Il suffisait que les parents inscrivent leurs enfants en
âge de fréquenter cette colonie.
     
    Évidemment, dans
chaque paroisse, le curé devait faire une sélection parce que les demandes
dépassaient de loin le quota auquel il avait droit.
     
    Depuis quelques
années, le curé Perreault avait chargé l'abbé Dufour du dossier. Par conséquent,
chaque mois de mai, ce dernier faisait parvenir aux parents dont les enfants
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    avaient été
sélectionnés la date et l'heure du départ ainsi que la liste des affaires dont
les jeunes auraient besoin durant leur séjour.
     
    L'abbé se rappela
que Réjeanne Lalonde avait huit enfants et qu'elle était parvenue à faire
inscrire les trois aînés pour le premier des trois camps tenus aux Grèves
durant l'été.
     
    - Mais, madame
Lalonde, l'autobus est parti depuis au moins trente-cinq minutes, lui fit remarquer
le jeune abbé en jetant un rapide coup d'ceil à sa montre. Vous avez pas
regardé sur la feuille que je vous ai envoyée. C'était écrit que le départ se
faisait devant l'église à huit heures juste. Il est passé huit heures et demie.
     
    - Vous aviez pas
lu le papier? demanda à son tour Laurette à la mère de famille, dépitée.
     
    - Je me souviens
pas pantoute d'avoir vu ce papier-là, avoua la femme, de toute évidence
dépassée par les événements.
     
    Dites-moi pas,
monsieur l'abbé, que les enfants vont manquer leurs vacances à cause de ça! Les
trois garçons âgés de huit à douze ans commencèrent à s'agiter. Leur mère les
calma en leur jetant un regard sévère.
     
    - Voyons donc,
madame Lalonde, vous savez ben que monsieur l'abbé va trouver un moyen
d'arranger ça, intervint encore une fois Laurette en se mêlant de ce qui ne la
regardait pas. Pas vrai, monsieur l'abbé?
     
    - Je le voudrais
bien, madame, mais qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse? Le seul moyen que
je peux voir, madame Lalonde, c'est que quelqu'un de votre famille aille
conduire vos enfants là-bas.
     
    - Il y a personne
qui a un char dans ma famille.
     
    - A ce moment-là,
vous pouvez toujours aller les mener au terminus pour qu'ils prennent un
autobus provincial, suggéra le vicaire.
     
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    - Mais ça va
coûter ben trop cher. J'ai pas les moyens de leur payer ça, avoua piteusement
la mère de famille.
     
    - Mais monsieur
le curé a un char, lui, intervint encore une fois Laurette Morin. Je suis
certaine qu'il est capable d'aller les conduire, suggéra-t-elle avec un aplomb
qui fit sursauter le pauvre vicaire, dépassé par un tel culot.
     
    - Oh! Vous savez,
madame, monsieur le curé part cet avant-midi en vacances. Je pense pas qu'il
puisse se charger de ça.
     
    - Ça coûte rien
de le lui demander, déclara Laurette en faisant signe aux trois enfants de
prendre leurs effets personnels et de pousser la porte de la clôture qui
donnait accès à l'escalier menant au presbytère.
     
    Interloqué par
l'aplomb de la femme, Yvon Dufour finit par lui demander:
     
    - Vous êtes une
parente de madame Lalonde?
     
    - Pantoute,
déclara tout net Laurette. Je suis une voisine.
     
    Le jeune vicaire
allait lui demander pourquoi elle se mêlait de l'affaire quand elle le devança.
     
    - Elle m'a
demandé de lui donner un coup de main, mentit-elle sans sourciller.
     
    - Ah bon! Mais
j'ai bien peur que monsieur le curé puisse pas faire grand-chose pour vous,
madame Lalonde, dit le vicaire en se tournant cette fois vers Réjeanne Lalonde
au moment d'entrer dans le presbytère devant les deux paroissiennes et les
enfants. Attendez-moi là une minute, commanda-t-il aux visiteurs en leur
ouvrant la porte de la petite salle d'attente.
     
    Yvon Dufour
trouva René Laverdière dans le salon, en train de lire son bréviaire. De toute
évidence, il avait déjà pris son déjeuner.
     
    - As-tu vu
monsieur le curé? demanda-t-il à son confrère.
     
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    - Il vient de
finir de manger. Il est parti finir ses bagages. Il devrait descendre dans une
minute ou deux.
     
    Qu'est-ce qui se
passe?
     
    Le jeune abbé
s'empressa de raconter la mésaventure des trois petits Lalonde qui venaient

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