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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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mère avec humeur.
     
    Cette année-là,
aucun Morin ne participa à la procession de la Fête-Dieu.
     
    Chapitre 12
    Le début de l'été
    La dernière
semaine de juin fut marquée par de fortes chaleurs accompagnées d'une humidité
à peine supportable.
     
    Tout semblait
baigner dans une espèce de ouate avec les odeurs peu appétissantes de la
Dominion Rubber et de la Dominion Oilcloth. S'il s'agissait d'un avant-goût de
l'été naissant, il n'y avait là rien de rassurant, du moins pour les habitants
du quartier.
     
    Les travailleurs
revenaient épuisés de leur longue journée de travail et, même s'ils passaient
leurs soirées assis sur le pas de leur porte ou accoudés à leur fenêtre en
quête d'un peu de fraîcheur, ils ne parvenaient pas à récupérer.
     
    Malgré toutes les
fenêtres ouvertes dans l'appartement, les nuits n'étaient guère plus
confortables que les jours chez les Morin. L'asphalte de la rue Emmett
profitait de l'obscurité pour dégager toute la chaleur emmagasinée durant la
journée.
     
    Le dernier samedi
du mois, le jeune abbé Dufour s'empressa de retirer ses habits sacerdotaux
après avoir célébré la messe de huit heures, impatient d'aller enfin déjeuner.
La semaine suivante, il allait avoir à célébrer la messe de sept heures et son
confrère celle de huit heures.
     
    Cet horaire
serait valide durant les deux semaines de vacances que le curé Perreault allait
s'octroyer.
     
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    - Remercions
Dieu, mon frère, d'avoir inventé les chalets d'été! avait chuchoté René
Laverdière sur un ton moqueur, après que leur supérieur leur eût appris qu'il
prendrait les deux premières semaines de juillet pour aller se reposer dans son
nouveau chalet construit sur le bord du fleuve, près de Sorel. Tu vas voir,
Yvon, on va être bien pendant qu'il sera pas là. On va enfin pouvoir souffler
un peu, avait ajouté l'aîné des vicaires de la paroisse.
     
    Le fameux chalet
du curé! Les deux vicaires de la paroisse Saint-Vincent-de-Paul en avaient
entendu parler jusqu'à plus soif depuis presque deux mois. Il n'y avait pas eu
de jour où leur supérieur ne leur avait pas rabattu les oreilles avec les
charmes de sa nouvelle résidence secondaire.
     
    Tout cela avait
eu son origine au début du mois de mai, lors de la grande fête organisée par le
frère aîné du curé Perreault dans sa chic maison d'Outremont. L'homme
d'affaires prospère avait voulu fêter dignement le vingt-
    cinquième
anniversaire de sacerdoce de son frère en parrainant une collecte de fonds qui
avait permis d'offrir au prêtre un confortable chalet situé à Contrecoeur, sur
la rive du fleuve Saint-Laurent, à moins d'un demi mille de la colonie de
vacances appelée Les Grèves.
     
    Le brave curé
n'avait consenti à parler un peu moins de sa résidence secondaire que le jour
où René Laverdière, ironique, avait suggéré qu'elle pourrait aussi devenir un
havre de paix pour les vicaires de la paroisse.
     
    Ce samedi
matin-là, à sa sortie de l'église par la porte de la sacristie, Yvon Dufour eut
la surprise de découvrir trois jeunes garçons appuyés contre la clôture en fer
forgé du presbytère, des sacs entassés à leurs pieds. Devant eux, deux femmes
étaient en grande conversation. Lorsque l'une d'elles se tourna pour lui faire
face, le prêtre reconnut Réjeanne Lalonde, une mère de famille nombreuse de la
paroisse. Il connaissait de vue l'autre femme au tour
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    de taille
respectable, mais il fut incapable de se rappeler son nom.
     
    - Attendez,
madame chose, v'ià l'abbé Dufour, fît Laurette Morin en apercevant l'abbé à son
tour. On va lui demander ce qui se passe.
     
    Quelques minutes
plus tôt, en route pour aller faire ses emplettes hebdomadaires d'épicerie,
Laurette avait aperçu Réjeanne Lalonde, "qu'elle connaissait de vue. La
pauvre femme avait l'air totalement perdue avec ses trois enfants.
     
    Tout ce petit
monde criait et semblait si énervé qu'elle ne put s'empêcher de s'arrêter pour
s'informer de ce qui leur arrivait. La pauvre femme cherchait l'autocar qui
devait transporter ses enfants à Contrecoeur.
     
    - Qu'est-ce qui
se passe, madame Lalonde? demanda le vicaire, intrigué de voir les deux femmes
et les enfants à cet endroit.
     
    - Je viens
d'arriver avec les enfants qui devaient partir pour les Grèves, monsieur
l'abbé, mais il y a personne.
     
    C'est ben ici
qu'ils doivent prendre l'autobus, non?
     
    Yvon Dufour
réprima un soupir

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