Le retour
voyous de la rue Notre-Dame, en aient été les auteurs.
Puis, les jours
passèrent et l'affaire fut oubliée. Édouard Paré consolida la porte de son
commerce et fit installer des barres de métal derrière les deux vitrines.
Le premier samedi
du mois d'août, Pierre Crevier arriva chez les Morin vers sept heures, comme
tous les samedis soirs. La semaine précédente, il s'était empressé, après ses
heures de travail, de venir offrir à Denise une boîte de chocolats Laura Secord
pour son vingt-troisième anniversaire de naissance.
Ce soir-là,
l'amoureux de Denise arborait un large sourire et semblait particulièrement de
bonne humeur en cette magnifique soirée estivale.
À l'arrivée du jeune
homme, Laurette se berçait sur le trottoir, heureuse de pouvoir enfin se
reposer après une journée de travail intense dans la maison. Son lavage
finissait de sécher sur la corde à linge et Carole l'avait aidée à donner une
bonne couche de pâte à cirer sur le linoléum
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de la cuisine à
la fin de l'après-midi. La mère de famille avait refusé d'aller s'asseoir sur
le balcon arrière parce qu'elle détestait s'asseoir là quand il y avait du
linge suspendu sur la corde devant elle. De plus, son mari était plongé dans la
lecture de La Patrie, une dizaine d'enfants habitant la rue Notre-Dame se
poursuivaient en criant dans la grande cour et Vital Beaulieu, probablement
encore ivre, n'arrêtait pas de crier après sa femme.
- L'ivrogne, en
haut, est encore en train de virer une brosse, avait-elle fait remarquer à son
mari quelques minutes plus tôt. Écoute-le gueuler comme un cochon qu'on égorge.
S'il se calme pas, lui, je vais aller lui dire deux mots, moi, avait-elle
ajouté au moment de ranger son linge à vaisselle.
- Mêle-toi pas de
ça, lui conseilla son mari. Il est chez eux. Il a le droit de faire ce qu'il
veut.
Bref, ce sont
toutes ces raisons qui avaient poussé la grosse femme à venir s'asseoir dans sa
chaise berçante, sur le trottoir, près de la porte ouverte de l'appartement.
- Comment ça va,
madame Morin? demanda Pierre Crevier.
Denise, qui avait
entendu sa voix, vint le rejoindre à l'extérieur.
- Bien, répondit
Laurette. Qu'est-ce que t'as à sourire de même, toi?
- J'ai travaillé toute
la journée au garage Lépine, sur la rue Iberville.
- Tu nous avais
pas dit que t'étais mécanicien, lui fit remarquer Laurette.
- Je connais pas
grand-chose en mécanique, mais je me débrouille pas mal en menuiserie. Lépine
avait demandé à mon oncle s'il pourrait pas lui faire une armoire dans son
bureau. Mon oncle pouvait pas y aller. Ça fait que je l'ai remplacé.
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- C'est bon à
savoir que t'es pas juste bon à courir après ma soeur, intervint ironiquement
Richard, dans son dos.
- Au lieu de me
payer en argent, reprit Pierre après avoir donné une bourrade affectueuse à
l'adolescent, Lépine m'a proposé de me prêter un char toute la journée demain.
Il m'a dit qu'il en a une dizaine de loués pour la fin de semaine et qu'il lui
en reste un qu'il peut me passer.
- Puis? demanda
Richard, intéressé.
- J'ai accepté.
- Tu sais
conduire? demanda Denise, étonnée.
- Ben oui. J'ai
mon permis. Chez nous, je conduisais le truck du père. Je suis supposé aller le
chercher demain avant-midi, de bonne heure. Il me le laisse jusqu'à onze heures
du soir.
- Qu'est-ce que
tu vas faire avec ça? fit son amie.
- Ben. J'avais
pensé qu'on aurait peut-être pu aller faire un pique-nique à Pointe-Calumet,
par exemple. Un gars qui travaille avec moi m'a dit qu'il y avait là une belle
plage et des tables à pique-nique.
- Pas tout seuls
en tout cas, dit Laurette d'une voix subitement sévère.
- Ben non, madame
Morin. Je pensais que vous et votre mari seriez peut-être intéressés à venir
avec nous autres. On pourrait même amener Carole et Richard, si ça leur tente.
- Je sais pas
trop, avoua Laurette, hésitante. Moi, je suis pas ben habituée à faire des
pique-niques. J'étais petite fille la dernière fois que j'en ai fait un.
- Je suis sûr que
vous aimeriez ça, madame Morin, affirma Pierre pour la convaincre. Ça vous
changerait les idées et ça vous ferait respirer le bon air de la
campagne.
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- Ben, je dis pas
non d'abord, accepta Laurette après avoir remarqué à quel point sa fille et son
fils semblaient désireux de faire cette sortie. Mais je
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