Le retour
la
table de pique-nique avant de déposer dessus les sandwichs et le gâteau
confectionné par Carole, la veille. Quand tout fut prêt, elle demanda à son
mari d'aller chercher les baigneurs.
Ces derniers
revinrent, dégoulinant d'eau.
- Essuyez-vous d'abord
avant de vous asseoir à table, leur ordonna-t-elle en faisant signe à ses
filles d'attacher leur serviette autour de leur taille.
- J'ai sorti les
liqueurs du char, annonça Gérard. La glace est presque toute fondue, mais la
liqueur est ben froide.
- L'eau est
tellement bonne qu'on a pas envie pantoute de sortir de là, dit Richard en
s'emparant de l'une des serviettes déposées sur le coin de la table.
Tout le monde
mangea avec appétit les sandwichs au Paris-pâté et au poulet pressé préparés la
veille par les trois femmes. Le gâteau de Carole disparut en entier, lui aussi,
dans les estomacs affamés.
Après le repas,
Laurette et Gérard décidèrent de faire une sieste, à l'ombre de l'érable,
pendant que les jeunes se levaient déjà, prêts à aller effectuer une promenade
dans les environs avant de pouvoir se baigner à nouveau. Tout
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le monde était de
bonne humeur et semblait bien résolu à profiter au maximum de cette sortie
extraordinaire.
Laurette se
réveilla en sursaut un peu avant quatre heures. Elle était étendue seule sur la
couverture qu'elle avait partagée avec son mari. Il lui fallut un bref moment
pour se rappeler où elle se trouvait exactement. Puis, elle se mit à se gratter
furieusement bras et jambes.
- Bout de viarge!
Je me suis faite manger partout par les maringouins. Ça a pas d'allure!
s'écria-t-elle, furieuse, en se levant. J'ai pas grand comme un dix cennes de
pas piqué. Ces maudites bibittes-là ont pas l'air d'être habituées à la chair
fraîche! Où est-ce qu'ils sont tous passés, eux autres? ajouta-t-elle en
tournant la tête dans toutes les directions.
En regardant
autour d'elle, elle se rendit compte que les baigneurs étaient beaucoup moins
nombreux près des tables de pique-nique et sur la plage qu'au moment où elle s'était
étendue pour faire sa sieste. L'ombre de l'érable sous lequel elle s'était
endormie s'était singulièrement allongée.
Elle aperçut
alors Gérard debout sur le bord du lac des Deux-Montagnes en train de parler
avec Pierre. Richard, Carole et Denise étaient dans l'eau à mi-cuisse, à faible
distance des deux hommes.
Laurette remit
ses chaussures, alluma une cigarette et se dirigea vers les siens en enfonçant
dans le sable. Sa robe fleurie et son teint pâle détonnaient un peu au milieu
des gens bronzés en maillot de bain.
-Tiens! T'as fini
par te réveiller, lui fît remarquer Gérard en l'apercevant. Je commençais à me
demander si tu te lèverais un jour. T'as passé tout l'après-midi à dormir.
- J'espère que ça
vous a fait du bien, madame Morin, dit poliment Pierre Crevier. C'est ben de
valeur que vous vous soyez pas baignée. L'eau est ben bonne.
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- T'es ben fin,
Pierre, mais j'aime pas l'eau. Je sais pas nager. Ça me fait peur.
Laurette avait
gardé une peur panique de l'eau depuis que quelqu'un avait plongé sur elle et
avait failli la noyer au bain Laviolette quand elle était jeune fille. La mère
de famille tourna alors la tête vers ses trois enfants encore dans l'eau.
- Dites donc,
vous autres, vous êtes pas assez fins pour vous apercevoir que vous êtes rouges
comme des homards, les apostropha-t-elle. Vous avez attrapé tout un coup de
soleil. Sortez de là et allez vous mettre quelque chose sur le dos. Il me
semble qu'à votre âge, j'ai pas besoin de vous surveiller comme des enfants.
- Ça chauffe pas
pantoute, m'man, plastronna Richard, qui se savait lorgné par une adolescente
étendue sur la plage quelques pieds plus loin.
- Innocent!
s'emporta sa mère. Ça chauffe pas là, mais attends à soir, à la maison, tu vas
chanter une autre chanson.
Il est presque
quatre heures et demie, ajouta-t-elle à l'intention de l'amoureux de sa fille,
on pourrait peut-être penser s'en retourner. Qu'est-ce que t'en dis, Pierre?
- C'est comme
vous voudrez, madame Morin.
Richard et Carole
sortirent de l'eau en rechignant, mais ils suivirent Denise qui s'était déjà
rapprochée de Pierre. Pendant que les filles allaient retirer leur maillot, les
garçons se contentèrent d'enfiler leur pantalon pardessus leur maillot mouillé
et aidèrent à tout ranger
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