Le retour
dépêches communiquées, il se
décida à éteindre la radio et le plafonnier de la cuisine avant d'aller se
coucher.
Il venait à peine
de se mettre au lit quand un bruit de verre fracassé accompagné de cris et de
ce qui lui parut être un coup de fusil le fit violemment sursauter. Il se
précipita vers la fenêtre et écarta les persiennes pour voir ce qui venait
d'arriver. Laurette, réveillée par le bruit, s'assit dans le lit.
- Verrat! Veux-tu
ben me dire ce qui se passe? demandât-
elle en voyant
son mari debout devant la fenêtre.
- Je le sais pas,
répondit son mari. Je viens de voir deux gars sortir en courant de chez Paré.
On dirait qu'ils ont essayé de voler le bonhomme.
A l'extérieur, il
y eut des bruits de portes qui claquaient et des échanges entre voisins.
Gérard entendit
une voix anonyme déclarer:
- Moi, je les ai
vus défoncer. J'ai appelé la police. Elle devrait être à la veille d'arriver.
- Moi, je les ai
vus prendre le bord de la grande cour en courant, fit une autre voix en
provenance d'une fenêtre.
- C'est ben beau,
ça, fit une autre voix, mais tirer du fusil en pleine rue, c'est une affaire
pour tuer des innocents.
- On voit ben que
c'est pas toi qui t'es fait voler, sacramant! répliqua la voix énervée
d'Édouard Paré, qui venait d'apparaître devant la porte de son épicerie. Je les
ai manques, les bâtards!
Gérard reconnut
la voix de l'interlocuteur de l'épicier.
Il s'agissait de
Wilfrid Grenier, le locataire demeurant à droite, au second.
315
- C'est sûr que
ça, ça peut pas t'arriver, Grenier, fit une voix gouailleuse venant de
quelqu'un debout sur le trottoir, rue Archambault. Tout ce qu'on pourrait te
voler, c'est ton vieux dentier.
- Lamothe, tu
ferais ben mieux de fermer ta gueule plutôt que de dire n'importe quoi,
répliqua Grenier.
- Aïe! Allez-vous
arrêter de crier! ordonna une voix inconnue. On essaye de dormir, nous autres!
- Ben, dors,
maudit gnochon et écoeure pas le monde!
répondit
quelqu'un, debout sur le balcon, en face de l'appartement des Morin.
- Il va y avoir
pas mal d'action dehors, dit Gérard à Laurette encore assise dans son lit. Je
m'habille et je vais voir.
Au moment où sa
femme allait lui dire de fermer les persiennes et même la fenêtre pour que le
bruit ne la dérange pas, une voiture passa en trombe devant la fenêtre et vint
s'arrêter brutalement quelques pieds plus loin, à l'intersection des rues Emmett
et Archambault, devant le restaurant. On apercevait par intermittence la lueur
rouge du gyrophare sur le mur de la chambre à coucher.
- Vlà la police,
annonça Gérard, tout excité, en s'empressant de se chausser.
- Tant qu'à être
réveillée, je suis aussi ben d'aller voir, moi aussi, déclara Laurette en se
levant et en endossant sa robe de chambre.
À la sortie des
Morin de leur appartement, des gens s'attroupaient déjà sur le trottoir, en
face du restaurant-
épicerie. Des
femmes en robe de chambre défraîchies côtoyaient des hommes en tricot de corps,
les bretelles pendant sur les cuisses. Certaines ménagères, la tête couverte
d'une résille pour retenir leurs bigoudis, s'entretenaient avec des voisines et
parlaient d'autant plus fort qu'elles n'avaient rien vu de ce qui s'était
produit.
316
Laurette et
Gérard Morin se joignirent aux curieux.
Ils virent les
deux policiers s'ouvrir un chemin jusqu'aux propriétaires de chez Paré. Le mari
et la femme étaient campés nerveusement devant le trou béant laissé par les
malfaiteurs dans ce qui avait été l'une des deux vitrines de leur petit
commerce.
Il y avait
maintenant des spectateurs à presque toutes les fenêtres du voisinage et
certaines portes entrouvertes laissaient passer des têtes curieuses. On
s'interpellait pour demander la cause de tout ce tintamarre.
- Je les ai vus.
Ils étaient deux. Ils sont partis par la grande cour, cria une petite femme
tout énervée aux policiers.
Les agents firent
comme s'ils ne l'avaient pas entendue.
Ils venaient de
repérer l'arme tenue par Édouard Paré et ce spectacle semblait les énerver.
- On dirait ben
que les beus sont pas pressés de courir après les voleurs, dit une voix dans la
foule de badauds.
S'ils continuent
à prendre leur temps comme ça, les deux jeunes vont avoir le temps de mourir de
vieillesse avant de leur voir la face.
Il y eut des
ricanements
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