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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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suite plus belle que le mannequin photographié sur le calendrier que sa mère
l'avait obligé à déchirer.
     
    La soeur de Paul
Jutras lui avait à peine accordé un regard dédaigneux avant de lui adresser un
"bonsoir" dénué de toute chaleur. Elle n'avait pas proposé aux deux
adolescents de se joindre à elle et à son amie sur le balcon.
     
    Elle s'était
contentée de refuser sèchement la balade à quatre proposée par son frère.
     
    Dépité au-delà de
toute expression, Richard avait fini par dire à son copain, quelques minutes
plus tard, qu'il devait partir parce qu'il avait des courses à faire avant la
fermeture des magasins. Il était alors rentré à la maison en proie à une rage
folle, frustré de n'avoir pas su trouver quelque chose d'intéressant ou
d'amusant à dire aux deux
    312
    filles qu'il
venait de voir. Paul Jutras lui avait tellement laissé entendre qu'il plairait
sûrement à sa soeur qu'il avait bêtement cru que sa conquête était presque
chose faite.
     
    - Maudit nono!
n'avait-il pas cessé de se traiter durant le trajet qui l'avait ramené à la
maison.
     
    Ce vendredi
soir-là, il s'était mis au lit de bonne heure, mais il n'avait trouvé le
sommeil que bien après minuit.
     
    - Pis! Comment ça
a marché? lui avait demandé Gilles après sa soirée de travail chez Living Room
Furniture, lorsqu'il était venu se coucher.
     
    - Achale-moi pas!
lui avait dit Richard en lui tournant le dos.
     
    - Bon. Si je
comprends ben, ça a pas marché pantoute.
     
    C'est pas grave.
Il y a d'autres filles.
     
    Le lundi suivant,
Paul s'était presque excusé du comportement de sa soeur.
     
    - Tu sais, avec
les filles, on sait jamais sur quel pied danser, avait-il fini par dire à son
compagnon de travail, à l'heure de la pause.
     
    - C'est pas
grave, avait menti Richard. C'est normal que je poigne pas avec toutes les
filles.
     
    Mais la leçon
avait été dure à avaler. L'adolescent avait beau encore plastronner et se
donner des airs de tombeur, il était évident que cette rebuffade l'avait
perturbé beaucoup plus qu'il n'osait l'admettre. Depuis, il n'avait pas cessé
de scruter son image dans le miroir de la salle de bain chaque fois qu'il
allait dans la petite pièce.
     
    - Maudit, je fais
pas si dur que ça! n'avait-il cessé de se répéter. A part mes oreilles un peu
décollées, je suis même plutôt pas mal. Qu'est-ce qu'elles ont toutes à même
pas me regarder?
     
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    Le 25 juillet,
Gérard s'apprêtait à éteindre la radio après avoir écouté les dernières
informations quand un bulletin de nouvelles de dernière heure annonça qu'une
collision venait de se produire sur l'Atlantique, à faible distance de New
York, entre un cargo et un paquebot transportant plus de mille passagers et
cinq cents membres d'équipage. Roger Baulu parlait de la possibilité d'une
catastrophe maritime aussi importante que celle du Titanic survenue en 1912.
     
    L'homme suspendit
son geste et se rassit dans sa chaise berçante, bien décidé à attendre plus
d'informations.
     
    - Tu viens pas te
coucher? vint lui demander Laurette qui venait de passer sa robe de nuit.
     
    - Pas tout de
suite. Ils viennent d'annoncer qu'il y a eu une collision entre deux gros
bateaux. Je veux savoir s'il y a eu ben des morts.
     
    - Ça va changer
quoi que tu le saches? lui demanda sa femme, insensible à cette catastrophe.
Bon. Ben, moi, je m'en vais me coucher. Je me lève de bonne heure demain matin.
Baisse un peu le radio pour pas empêcher les filles de dormir et, en venant te
coucher, essaye de pas me réveiller, ajouta-t-elle en tournant les talons.
     
    Gérard dut
attendre jusqu'à une heure du matin pour apprendre que le paquebot Andréa
Doria, la fierté de la flotte italienne depuis 1953, avait été éperonné dans le
noir par le Stockholm, un cargo suédois. On ignorait encore ce qu'il était
advenu des mille sept cents passagers et membres d'équipage du paquebot. On
parlait de plusieurs centaines de morts et de nombreux corps flottant sur la
mer. Les dégâts causés au paquebot étaient d'une telle ampleur que le capitaine
avait donné l'ordre de l'abandonner, même si la moitié des embarcations de
sauvetage avaient été détruites lors de la collision. Aux dernières
informations, l'Ile-de-France et d'autres bateaux faisaient
    3H route vers les
lieux de la catastrophe pour porter secours aux naufragés.
     
    Lorsque Gérard se
rendit compte qu'il n'y avait plus de nouvelles

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