Le retour

Ce dernier lui versa une solide rasade de gin
dans un verre et il ne s'oublia pas.
     
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    - Bois ça, lui
ordonna-t-il. Ça va te faire du bien.
     
    L'adolescent huma
l'odeur du liquide dans le verre et fit une grimace.
     
    - Bois, je te
dis. C'est ce qu'il te faut.
     
    Sans plus
attendre, Richard avala le contenu de son verre. Il sentit immédiatement comme
une boule de feu descendre dans son estomac. Son oncle le remercia d'avoir
accompagné sa mère avant de lui ouvrir la porte de l'appartement.
     
    La tête rentrée
dans les épaules, l'adolescent revint à la maison, tout heureux de retrouver
son lit et la tiédeur relative de sa chambre à coucher.
     
    Pendant ce temps,
Laurette avait chassé son frère trop
    nerveux de la
chambre où sa femme s'apprêtait à donner naissance à leur premier enfant.
     
    - Les
contractions reviennent juste aux dix minutes, lui fit-elle remarquer.
L'accouchement est pas pour tout de suite. Appelle encore pour mettre la main
sur son docteur, ajouta-t-elle au moment où les plaintes de Marie-Ange
s'élevaient à nouveau dans la chambre.
     
    Laurette ferma la
porte de la pièce et se tourna face à sa belle-soeur, étendue dans son lit, le
visage défait et couvert de sueur.
     
    - Bon.
Marie-Ange, tu vas prendre un peu sur toi et arrêter de crier comme si on était
en train de t'égorger, lui ordonna-t-elle.
     
    - Ça fait mal,
dit la femme de trente-sept ans d'une voix éteinte. Je pense que je vais
mourir.
     
    - Ben non! Ben
non! dit Laurette, rassurante. Tu vas passer à travers. Quand tu vas avoir ton
petit tout à l'heure, tu vas avoir tout oublié.
     
    - Le docteur?
     
    - Laisse faire le
docteur. Il s'en vient. Mais il y a pas de presse, tes contractions sont pas
encore assez
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    rapprochées.
Essaye de te reposer un peu avant qu'elles reviennent. C'est ce que t'as de
mieux à faire.
     
    Elle sortit de la
chambre en laissant la porte ouverte derrière elle et alla rejoindre son frère
dans la cuisine pour vérifier si tout était prêt pour l'accouchement. Bernard
Brûlé avait eu le temps de disposer sur la table de cuisine un grand bol, de la
lingerie pour bébé, un savon et des serviettes.
     
    - Je viens de
parler au docteur, dit-il à sa soeur en raccrochant l'écouteur du téléphone. Il
s'en vient.
     
    - Bon. On a juste
à attendre. Reste dans la cuisine. De toute façon, tu servirais à rien dans la
chambre.
     
    Le docteur
Poissant n'arriva chez les Brûlé qu'un peu passé trois heures du matin. L'homme
âgé d'une cinquantaine d'années avait l'air fatigué. Il tendit sa trousse et
son chapeau au futur père de famille pour pouvoir enlever son paletot noir. Il
eut l'air un peu soulagé en apercevant Laurette qui sortait de la chambre à
coucher d'où provenaient des lamentations.
     
    - Elle en est à
combien de temps entre les contractions? demanda-t-il à Laurette.
     
    - Aux quatre
minutes, à peu près.
     
    - C'est parfait,
dit-il en passant une main dans son épaisse chevelure gris fer après avoir
essuyé avec un mouchoir les verres embués de ses lunettes. Vous avez de l'eau
chaude?
     
    - Dans la
cuisine, fit Bernard en lui indiquant le chemin.
     
    Le praticien se
lava les mains avec soin avant de se tourner vers Laurette.
     
    - Vous avez des
enfants, madame?
     
    - Oui. Cinq.
     
    - Vous allez
m'assister. Il devrait pas y avoir de complications.
     
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    Tous les deux se
dirigèrent vers la chambre, laissant un Bernard Brûlé très énervé derrière eux.
     
    Moins d'une heure
plus tard, tout était fini. L'accouchement s'était déroulé sans aucun problème.
Le docteur Poissant avait mis au monde un garçon d'un peu plus de sept livres
et la mère n'avait eu besoin que de trois points de suture.
     
    Quand Laurette
avait pénétré dans la cuisine en tenant contre elle le nouveau-né, Bernard s'était
précipité vers elle pour le voir.
     
    - C'est un gars,
lui dit-elle en le repoussant du plat de la main. A cette heure, ôte-toi de mon
chemin et verse-moi de l'eau tiède dans le bol à main pour que je puisse le
nettoyer et l'habiller, cet enfant-là. Ajoute du charbon dans ton poêle, il
manquerait plus que ton petit meure d'une pneumonie. Après, t'auras tout le
temps que tu voudras pour le regarder.
     
    Bernard se
précipita vers la bouilloire déposée sur le poêle et versa de l'eau chaude dans
le bol. Il ajouta une bonne dose d'eau froide avant que sa soeur se déclare
satisfaite. Quand la toilette du bébé fut