Le retour

gâchant un peu l'atmosphère de Noël.
     
    - Espérons que ça
gèlera pas trop vite, fit remarquer Gérard en donnant le bras à sa mère.
     
    Denise et Pierre
ouvraient la marche, suivis par Jean-
    Louis et Carole.
Derrière eux, Laurette et son mari encadraient Lucille Morin, qui n'avait
pratiquement pas ouvert la bouche depuis son arrivée chez son fils.
     
    - Les rois mages
sont après prendre toute une douche, plaisanta Gérard en montrant les trois
personnages en plâtre agenouillés dans la neige, devant la crèche extérieure du
presbytère.
     
    - J'ai ben hâte
de voir de quoi va avoir l'air le petit Jésus qu'ils vont mettre là, dit
Laurette.
     
    A leur arrivée à
l'église Saint-Vincent-de-Paul, de nombreux fidèles montaient déjà la douzaine
de marches conduisant aux portes du temple. Les Morin pénétrèrent dans les
lieux, accueillis par le 77 est né, le divin enfant de la chorale qui procédait
à une dernière répétition avant la messe.
     
    L'église était
déjà plus qu'à demi remplie. Les marguilliers, rassemblés à l'arrière, discutaient
entre eux en se donnant des airs importants. Laurette prit la tête de la
famille, trempa le bout de ses doigts dans le bénitier et
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    s'engagea
résolument dans l'allée centrale, bien décidée à trouver un banc libre à
l'avant pour assister à la messe de minuit. Elle en découvrit un au centre de
l'église et fit des signes impatients aux siens de venir la rejoindre. Il
régnait déjà dans l'église une chaleur élevée.
     
    -- On est aussi
ben d'ôter nos manteaux, dit-elle aux autres en déboutonnant le sien. Ce sera
pas long qu'on va crever ici dedans. Bonyeu! Je comprends pas qu'ils pensent
pas à baisser le chauffage. Il me semble que ça prend pas la tête à Papineau
pour comprendre que quand l'église est pleine, on a de la misère à respirer
tellement il fait chaud.
     
    Lucille Morin lui
jeta un regard réprobateur en l'entendant jurer dans l'église. Laurette s'en
rendit compte et se pencha vers son mari pour lui murmurer:
     
    - Tiens! On
dirait ben que ta mère a l'esprit clair à soir. Je viens de la reconnaître.
     
    Durant l'heure
suivante, les chuchotements des gens étaient ponctués par le bruit des
agenouilloirs qu'on laissait tomber un peu trop brusquement sur le sol en
marbre.
     
    Des enfants
pleuraient déjà.
     
    - Faut-il être
insignifiant pour traîner des enfants à l'église à cette heure-là! ronchonna
Laurette à mi-voix. Ils devraient être dans leur lit, ces enfants-là.
     
    Tout en attendant
le début de la messe, Laurette ne cessait de tourner la tête dans toutes les
directions, à la recherche de Richard et de Gilles qu'elle n'était pas encore
parvenue à apercevoir. Ce n'est qu'à l'entrée dans le choeur du curé Perreault
qu'elle crut apercevoir en arrière, sur sa droite, Gilles en compagnie de
Nicole Frappier dont la tête blonde était couverte d'un béret écarlate.
     
    - J'ai vu Gilles
en arrière, glissa-t-elle à l'oreille de son mari, mais pas Richard.
     
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    - Arrête donc de
t'énerver pour rien, rétorqua son mari, agacé de la voir tourner si souvent la
tête dans toutes les directions. Tu le connais. Il a dû arriver à la dernière
minute et il doit être poigne debout en arrière. Tant pis pour lui.
     
    Comme chaque
année, le curé de la paroisse célébrait la messe de minuit avec un faste
particulier. Les porte-
    flambeaux
l'avaient précédé dans le choeur en même temps qu'une véritable cohorte
d'enfants de choeur en soutane rouge et surplis de dentelle blanche.
     
    Gérard ne s'était
pas trompé de beaucoup au sujet de son fils Richard. Ce dernier était bien
entré dans l'église une minute à peine avant l'arrivée du célébrant, mais il en
était ressorti très rapidement, en proie à des nausées incoercibles. Appuyé
contre l'une des portes, à l'extérieur, l'adolescent tentait de prendre de
profondes respirations pour combattre son envie de vomir.
     
    La soirée chez
Roméo Beaudet avait été particulièrement bien arrosée. Ce dernier avait refusé
d'accompagner ses parents chez une tante à Sorel pour offrir une petite fête à
une douzaine de collègues d'Impérial Tobacco.
     
    Certains étaient
accompagnés et avaient apporté des boissons alcoolisées avec lesquelles ils
s'étaient fait un point d'honneur de régaler tous les invités. Une certaine
Ginette Brodeur, l'alcool aidant, avait semblé particulièrement sensible au
charme du fils de