Le retour

sa mère.
     
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    - Moi, j'haïs ça
quand Noël tombe un samedi, déclara Richard après avoir avalé une bouchée de sa
rôtie couverte de marmelade. T'es poigne pour aller deux fois à la messe en
deux jours. Il me semble que la messe de minuit devrait compter pour la messe
du dimanche.
     
    - Parle donc pas
pour rien dire, lui ordonna sa mère, sévère. Denise, ajouta-t-elle en se
tournant vers son aînée, tu peux inviter ton Pierre à réveillonner avec nous
autres si ça lui tente.
     
    - Merci, m'man,
fit la jeune fille, reconnaissante.
     
    - Ah! Gérard,
j'allais oublier de te le dire. Ta soeur Colombe nous a téléphoné hier soir.
     
    - Qu'est-ce
qu'elle voulait?
     
    - Elle nous appelait
pour nous souhaiter des bonnes fêtes. Elle partait avec Rosaire à Saint-Sauveur
pour une dizaine de jours. Il paraît qu'ils ont des amis qui vont fêter avec
eux autres là-bas.
     
    - C'est ben fin
de sa part d'avoir appelé.
     
    - Peut-être, mais
as-tu pensé à ta mère dans tout ça? La pauvre vieille va passer les fêtes toute
seule, à l'hospice.
     
    Autour de la
table, les jeunes cessèrent de manger pendant un instant, attendant, de toute
évidence, la réponse de leur père.
     
    - La dernière
fois que je suis allé la voir, elle était tellement perdue que je suis pas sûr
qu'elle va se rendre compte de quelque chose.
     
    - Whow! Gérard
Morin, fit sa femme. Dieu sait que j'ai jamais aimé ta mère plus qu'il faut,
mais il est pas question qu'on la laisse toute seule, comme un chien, à
l'hospice, le jour de Noël.
     
    - Qu'est-ce que
tu veux faire?
     
    - Je vais appeler
à l'hospice pour dire aux soeurs qu'on va aller chercher ta mère après le
souper et qu'on va
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    la garder à
coucher. Tu la ramèneras là-bas demain après-midi.
     
    - Où est-ce
qu'elle va coucher? On a pas de place pantoute pour elle.
     
    - On va se
tasser. T'iras coucher avec Jean-Louis. Ta mère couchera avec moi. Je te
garantis que si elle se met dans la tête d'aller se promener pendant la nuit,
elle va avoir affaire à moi.
     
    Gérard ne
protesta pas et ne put s'empêcher d'adresser un regard non dénué de tendresse à
sa femme. Encore une fois, elle faisait preuve de son grand coeur. Sa rancune
ne durait jamais très longtemps.
     
    - Même si j'ai
congé à soir et demain soir, déclara-t-il, je vais aller dormir une couple
d'heures. Mais avant ça, j'ai à parler aux gars, ajouta-t-il en se levant de
table.
     
    - C'est quoi ces
cachotteries-là? demanda Laurette, méfiante.
     
    - Ça regarde les
cadeaux de Noël, se contenta de lui dire son mari. Venez dans ma chambre,
dit-il à ses trois fils, j'ai quelque chose à vous dire.
     
    Denise et Carole
regardèrent leur mère pour voir si elle allait protester, mais cette dernière
n'en fit rien.
     
    Jean-Louis,
Gilles et Richard, intrigués, suivirent leur père dans sa chambre à coucher
dont il referma la porte derrière eux.
     
    - Bon.
Écoutez-moi, dit le père de famille à ses fils.
     
    J'ai acheté un
gros cadeau de Noël à votre mère et aussi à toute la famille. Je vous le dis
avant le temps parce que je peux pas faire autrement.
     
    - Qu'est-ce que
c'est? demanda Richard, impatient.
     
    - Laisse-moi
finir, lui ordonna son père. Je suis arrêté chez Living Room hier après-midi,
avant d'aller travailler.
     
    J'ai acheté une
télévision Zénith et une petite table pour la mettre dessus.
     
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    - Une télévision!
s'exclama Gilles qui avait de la peine à croire ce qu'il venait d'entendre.
     
    - Ben oui, une
télévision. C'est juste une portative.
     
    Une dix-neuf
pouces. C'est sûr qu'elle est moins belle que celles qu'on voit dans un grand
meuble, mais c'est supposé être une bonne télévision. T'es encore sur la
livraison aujourd'hui? demanda Gérard à son fils.
     
    - Oui, p'pa.
     
    -•
    •• Peux-tu
t'arranger pour qu'on me livre ça avant le dîner. Je voudrais pas que ta mère
voie son cadeau avant le réveillon.
     
    - Certain. Je
m'en occupe en arrivant au magasin, affirma Gilles.
     
    - Moi, je peux
pas être ben utile, déclara Jean-Louis.
     
    Je pars tout à
l'heure pour aller me chercher une job et je pense pas être revenu avant
l'heure du souper.
     
    - C'est correct,
fit son père. Richard travaille pas aujourd'hui.
     
    Il va vider le
bas de ton garde-robe et on va cacher la télévision à cette place-là. Quand tu
seras revenu, t'auras juste à t'organiser pour que personne aille fouiller là.
     
    - Ça