Le retour

va être
toute une surprise pour m'man, fît Richard, heureux à l'avance de la joie
qu'allait éprouver sa mère en découvrant son cadeau ce soir-là.
     
    Cette veille de
Noël se déroula tel que prévu. Durant toute la journée, une petite neige folle
rendit l'atmosphère encore plus joyeuse.
     
    Un peu avant onze
heures, le téléviseur et la table furent livrés chez les Morin. Richard et son
père eurent amplement le temps de bien les dissimuler au fond du placard de la
chambre de Jean-Louis avant le retour de Laurette et de Carole.
     
    Denise et Gilles
rentrèrent de leur travail un peu avant six heures, et toute la famille se
retrouva dans la cuisine pour le repas du soir.
     
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    - À soir, on
prendra pas un trop gros souper, dit Laurette aux siens. On va avoir un gros
réveillon. J'ai préparé deux recettes de galettes de sarrasin. On va manger ça
avec de la mélasse.
     
    Le repas fut pris
en quelques minutes. Pendant que les filles de la maison se chargeaient de
remettre de l'ordre dans la cuisine, les garçons se disputaient l'usage de la
salle de bain pour faire leur toilette.
     
    - J'ai promis à
Nicole d'être chez eux à sept heures, déclara Gilles.
     
    - Et moi, j'ai un
party chez Beaudet, un gars qui travaille avec moi, déclara Richard.
     
    - J'espère, vous
deux, que vous allez être à l'heure à la messe de minuit, fît leur mère.
     
    - Certain, m'man,
répondirent les deux frères en même temps.
     
    Après le départ
des deux adolescents, Denise dit à sa mère:
     
    - J'ai vu Pierre
à midi. Il s'est arrêté au magasin. Il m'a proposé de venir me prendre après le
souper pour aller chercher mémère à l'hospice.
     
    - Il est ben fin,
ton bum, dit Laurette, fatiguée de sa journée. Si c'est comme ça, je vais aller
m'étendre une heure. On va veiller tard à soir. Gérard, tu vas rentrer la
dinde, le ragoût et deux tourtières dans la maison pour que ça dégèle.
     
    Denise et Pierre
ramenèrent Lucille Morin à la maison un peu après huit heures. La vieille dame
était un peu apathique et sa petite-fille proposa de la laisser dormir un peu
dans son lit avant de l'emmener à la messe de minuit.
     
    - Comme ça, m'man
sera pas obligée de s'occuper d'elle et on peut la laisser dormir, elle aussi,
un peu plus longtemps, expliqua-t-elle à son père.
     
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    Gérard acquiesça
tout en se levant pour aller baisser le son de la radio où Tino Rossi finissait
de chanter Petit papa Noël.
     
    - On pourrait
peut-être jouer aux cartes en attendant de se préparer pour la messe, proposa
le père de famille d'excellente humeur.
     
    Il s'assit à
table en compagnie de Pierre Crevier, Denise et Carole et on joua au Cinq
cents. À aucun moment durant la soirée, Jean-Louis ne vint rejoindre les
membres de sa famille dans la cuisine. Après le repas, il s'était empressé de
se retirer dans sa chambre et n'en avait plus bougé.
     
    Vers dix heures,
Laurette se réveilla. Dans le noir, elle fixa un long moment les chiffres
phosphorescents du réveille-matin avant de réaliser qu'elle avait dormi près de
trois heures. Elle se leva précipitamment et alla retrouver les siens assis
dans la cuisine.
     
    - Il est pas
vraiment dix heures? demanda-t-elle en regardant l'horloge murale.
     
    - Ben oui, m'man,
répondit Carole. On vous a laissée dormir.
     
    - Et où est ta
mère? demanda-t-elle à son mari.
     
    - Dans le lit des
filles. On l'a couchée en arrivant.
     
    - Et la soeur
nous a donné des pilules qu'elle doit prendre si elle devient trop agitée,
ajouta Denise en montrant une petite bouteille de pilules roses déposée sur le
comptoir.
     
    - Bon. On va la
réveiller tout à l'heure. On va partir à onze heures pour la messe. Si on part
plus tard, on n'aura pas de place pour s'asseoir.
     
    - Je pense que
j'irai pas, m'man, fit Jean-Louis qui sortait à ce moment-là des toilettes.
     
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    - Tu viens à la
messe de minuit comme tout le monde, trancha sa mère sur un ton sans appel.
     
    À onze heures,
l'appartement de la rue Emmett se vida de ses occupants. En posant le pied à
l'extérieur, Laurette ne put s'empêcher de s'exclamer:
     
    - Ah ben! maudite
affaire! Vlà qu'il mouille à cette heure! On va arriver à l'église les pieds
tout mouillés.
     
    En effet, le
mercure avait encore grimpé durant la soirée après s'être situé tout près du
point de congélation durant la journée. Peu après neuf heures, une petite pluie
froide s'était mise à tomber,