Le retour

le
taquiner.
     
    Le jeune
débardeur rougit jusqu'à la racine des cheveux et ne sut quoi répondre.
     
    - C'est une
farce, reprit la mère de Denise pour le rassurer. Je te remercie ben gros et je
te garantis que je vais surveiller ceux qui vont essayer de venir se servir
dans ma boîte.
     
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    À ce moment-là,
Laurette se rendit compte que sa belle-mère s'était endormie dans sa chaise
berçante.
     
    - Denise, tu vas
venir m'aider à coucher ta grand-
    mère. Je pense
qu'il y aura pas de réveillon pour elle.
     
    Demain midi, on
lui préparera une assiette spéciale avant de la ramener à l'hospice.
     
    Là-dessus, la
mère et la fille soulevèrent la femme âgée et la conduisirent jusqu'à la
chambre de Laurette dont elles refermèrent la porte derrière elles.
     
    - Vite, fît
Gérard à Gilles et Richard. Allez me chercher le cadeau de votre mère dans la
penderie. Jean-
    Louis, apporte la
petite table. Faites pas trop de bruit.
     
    Lorsque Carole
vit ses deux frères transportant une lourde boîte cartonnée, elle ne put
s'empêcher de demander à son père ce qu'elle contenait.
     
    - Attends. Tu vas
voir quand ta mère va l'ouvrir.
     
    Jean-Louis déposa
la table près de l'arbre de Noël et la grosse boîte fut placée dessus. A peine
les garçons venaient-
     
    ils de regagner
leur place que leur mère et Denise revinrent dans la cuisine.
     
    - Il te reste un
cadeau à développer, annonça Gérard à sa femme, qui se préparait à touiller le
ragoût qui mijotait sur le poêle.
     
    Laurette se
tourna vers lui et aperçut pour la première fois la table sur laquelle reposait
une grande boîte encombrante.
     
    - Pour l'amour du
ciel! Veux-tu ben me dire ce qu'il y a là-dedans? demanda Laurette, intriguée,
en s'avançant vers la boîte. D'où vient cette table-là?
     
    - Pour le savoir,
il va falloir que t'ouvres la boîte, déclara son mari, heureux de voir à quel
point sa surprise fonctionnait.
     
    - Vite, m'man, ouvrez-la
qu'on voie ce qu'il y a dedans, firent Carole et Denise, dont la curiosité
était au moins aussi grande que celle de leur mère.
     
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    Après quelques
efforts, Laurette parvint à ouvrir la boîte cartonnée et elle découvrit avec
stupéfaction le téléviseur Zénith qu'elle contenait.
     
    - C'est pas vrai!
s'exclama-t-elle. Pas une télévision!
     
    Voyons donc,
Gérard! On n'est pas assez riches pour se payer une affaire comme ça!
     
    - Ben oui, on
l'est, protesta son mari sur un ton plaisant. La preuve, c'est que t'en as une
à cette heure. En plus, t'as une belle table en érable sur roulettes pour la
mettre dessus, ajouta-t-il, tout fier de constater à quel point son cadeau
était apprécié.
     
    Pierre aida
Gilles et Richard à extirper l'appareil de la boîte et on le brancha. L'écran
noir se couvrit de neige.
     
    La petite antenne
fut installée et Gilles, habitué à livrer des téléviseurs, mit le sélecteur des
canaux sur le chiffre deux. Immédiatement, une tête d'Amérindien en noir et
blanc apparut sur l'écran, très nette et sans aucune interférence.
     
    - L'image est
belle, dit le jeune homme. C'est de valeur qu'il soit si tard, sinon, vous
auriez pu regarder un programme, dit-il à sa mère qui était demeurée plantée
devant son téléviseur durant toute l'opération. Rouge de plaisir, elle finit
par s'avancer pour passer une main hésitante sur le boîtier du téléviseur,
comme s'il fallait qu'elle le touche pour se persuader qu'elle en possédait un.
     
    - Ça a pas
d'allure de m'avoir acheté un aussi gros cadeau, dit-elle, émue, à son mari.
Merci, Gérard, ajoutât-
    elle en allant
l'embrasser.
     
    - C'est une
affaire qui coûte ben cher, ça! répéta Jean-
    Louis pour la
troisième fois en regardant l'appareil.
     
    - Ça va faire, le
gratteux! dit Richard, les dents serrées. Tout le monde le sait que c'est cher.
Il y a personne qui t'a demandé de payer.
     
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    L'odeur des pâtés
mêlée à celles du ragoût et de la dinde avait envahi la cuisine depuis
plusieurs minutes. Richard, qui avait bien cru ne pas pouvoir avaler une
bouchée de nourriture après avoir été malade durant la messe, fut le premier à
demander si on allait bientôt manger.
     
    - Il est passé
deux heures, déclara Laurette en revenant à la réalité. On mange.
     
    En un rien de
temps, on s'entassa autour de la table familiale et des assiettes débordantes
de bonnes choses furent servies.
     
    - Il est ben bon
votre pâté à la viande,