Le retour

l'église, il vit deux marguilliers sortir de l'édifice avec des
seaux remplis de sel. Il n'offrit pas d'aider les deux hommes à répandre ce
dernier sur les marches.
     
    Quelques minutes
plus tard, les portes s'ouvrirent à nouveau, cette fois pour livrer passage aux
fidèles pendant que le maître-chantre de la paroisse entonnait le Minuit,
Chrétiens.
     
    Cette nuit-là,
bien des gens durent regretter d'être sortis de leur maison à la vue des
trottoirs verglacés sur lesquels ils eurent à se déplacer pour rentrer chez
eux. Les Morin se montrèrent très prudents dans les circonstances.
     
    Gilles salua
rapidement son amie Nicole et ses parents avant de venir rejoindre les siens.
     
    - Bonyeu! Il
manquerait plus qu'on se casse une jambe, à cette heure, dit Laurette en
empoignant le bras de Gérard.
     
    Jean-Louis et
Richard soutinrent leur grand-mère, qui ne dit pas un mot durant tout le
trajet. De retour à la maison, on alluma le sapin et on ajouta du charbon dans
la fournaise pendant que Laurette et ses filles dressaient le couvert du
réveillon. Les tourtières furent mises dans le fourneau. La dinde et le ragoût
furent déposés sur le poêle à huile.
     
    - Dans une
dizaine de minutes, tout va être prêt, déclara Laurette. Je pense qu'on est
aussi ben de donner les cadeaux avant de réveillonner. Après, on aura l'esprit
tranquille pour manger.
     
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    Elle disparut
durant quelques instants dans sa chambre à coucher pour revenir dans la cuisine
les bras chargés de petits paquets qu'elle se mit à distribuer à chacun de ses
enfants. Lorsqu'elle arriva à Jean-Louis, ce dernier refusa de prendre le
paquet qu'elle lui tendait.
     
    - M'man, je peux
pas le prendre. Moi, j'ai pas acheté de cadeau à personne. J'avais pas une
cenne.
     
    - Tu le prends,
comme les autres, lui ordonna sa mère en le déposant sur ses genoux. Ton père
et moi, on donne pas des cadeaux pour que vous nous en donniez.
     
    Alors, comme son
père et les autres garçons de la famille, Jean-Louis développa une paire de
gants.
     
    - Tiens! Il me
reste un paquet! s'exclama Laurette avec bonne humeur. Je pense que c'est pour
Pierre.
     
    Elle tendit le
dernier cadeau à l'amoureux de Denise.
     
    Ce dernier
découvrit avec plaisir qu'on lui avait donné le même cadeau qu'aux fils de la
famille.
     
    Assise dans l'une
des chaises berçantes, Lucille Morin commença à s'agiter et à marmonner des
paroles inintelligibles.
     
    - Ta mère
commence à être fatiguée, fît-elle remarquer à Gérard. Ça fait longtemps que
son heure d'aller se coucher est passée.
     
    - On peut ben
aller la coucher tout de suite, proposa son mari.
     
    - Non. Attends,
commanda Laurette. J'ai aussi quelque chose pour vous, madame Morin, dit-elle à
sa belle-mère en lui tendant un paquet plat enveloppé dans un papier rouge
brillant.
     
    Sous les
encouragements de ses petits-enfants, la vieille dame développa avec des gestes
hésitants un foulard imprimé. Elle passa et repassa ses doigts avec un plaisir
évident sur le tissu soyeux, sans songer à remercier.
     
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    - Carole, fais
prendre ses pilules à ta grand-mère, dit Laurette en lui montrant la bouteille
de pilules demeurée sur le comptoir.
     
    - C'est à notre
tour de vous donner vos cadeaux, annonça Denise après avoir vu sa grand-mère
avaler deux pilules.
     
    Les jeunes
disparurent durant un bref moment dans leur chambre pour revenir avec des
cadeaux destinés à leurs parents. Gérard reçut des pantoufles, une chemise et
une cravate tandis que Laurette eut des boucles d'oreilles, une veste de laine
et une robe de nuit.
     
    - On vous les
donne comme ça, expliqua Denise, mais on s'est mis tous ensemble pour les
payer.
     
    Laurette et
Gérard remercièrent chacun des enfants en leur assurant que rien ne pouvait
leur faire plus plaisir. Pierre alla chercher deux paquets qu'il avait laissés
dans le couloir, à son arrivée. Il les tendit à Laurette et à Denise.
     
    - Ce sont des
petits cadeaux que je vous ai achetés, expliqua-t-il. Chez nous, on s'est
jamais fait de cadeaux à Noël. On attend d'habitude au jour de l'An. C'est pas
grand-chose, mais c'est de bon coeur.
     
    - C'est ça qui
est important, déclara Laurette en mettant à jour une boîte de chocolats Laura
Secord.
     
    Denise développa
son cadeau. C'était aussi une boîte de chocolats, mais plus grosse.
     
    - Mais pourquoi
sa boîte est plus grosse que la mienne? demanda Laurette à Pierre pour