Le retour
précédents de cette finale.
- C'est drôle,
mais moi, j'aimais mieux la voix de Michel Normandin. Lecavalier m'énerve, dit
Gilles, à mi-voix.
Avant la fin de
la première période, Jean-Louis rentra à la maison, toujours aussi
soigneusement habillé et coiffé.
Après avoir
suspendu son manteau derrière la porte de sa chambre, le jeune homme aux
manières un peu précieuses entra dans la cuisine et eut un sourire un peu
méprisant à la vue de ses deux frères fanatiques de hockey. Il mit de l'eau à
bouillir sur le poêle.
- T'as failli
venir nous aider à poser les jalousies, lui fit remarquer Richard sur un ton
sarcastique.
- J'avais autre
chose à faire, tu sauras.
- C'est vrai que
t'aurais pu salir ton beau linge.
- Mêle-toi donc
de tes affaires, dit sèchement son frère aîné en ouvrant la porte du vieux
réfrigérateur Bélanger pour en inspecter le contenu.
- Qu'est-ce que
tu cherches? lui demanda sa mère.
- Quelque chose à
manger. J'ai presque pas soupe.
- T'avais juste à
arriver pour l'heure du souper. Il reste plus rien. Tu peux te faire un
sandwich si ça te tente.
- Je pense que je
vais prendre juste des biscuits, dit-il en se dirigeant vers la porte du
garde-manger.
Après la sortie
de Denise de la salle de bain, Jean-Louis s'enferma dans la petite pièce qu'il
quitta, quelques minutes plus tard, vêtu de son pyjama rouge vin. Un sifflet
moqueur salua son apparition.
- Tabarnouche!
s'exclama Richard, faussement admiratif.
Je me demande
s'ils en font pour les hommes des pyjamas comme ça.
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- Tu devrais en
mettre un, tu sentirais peut-être moins mauvais, répliqua Jean-Louis d'une voix
cinglante.
- Richard, ferme
ta boîte! intervint la mère de famille avant de s'allumer une cigarette. Arrête
de faire enrager tout le monde.
L'aîné prit la
direction de sa chambre à coucher.
Quelques années
auparavant, il avait lu quelque part qu'il était malsain de dormir dans les
sous-vêtements portés durant la journée et il s'était promis de s'offrir un
pyjama avec l'argent de sa première paye. Il avait tenu parole.
Ce vêtement de
nuit, comme sa préoccupation d'être toujours élégamment vêtu, lui donnait
l'impression d'échapper à la pauvreté qui l'entourait. Une fois sorti de son
quartier, personne ne pouvait deviner qu'il vivait dans un taudis.
Pour sa part,
Richard obéit à sa mère et n'ajouta rien.
Il adressa un
sourire de connivence à son frère Gilles.
Avec les années,
les frères Morin ne s'étaient pas encore habitués à voir l'un des leurs vêtu
d'un pyjama, un vêtement qu'ils jugeaient superflu et, pour dire vrai,
nettement inutile.
Gilles eut la
bonne idée d'orienter la conversation sur un autre sujet en attendant que la
seconde période du match de hockey commence.
- Le père d'un
gars de ma classe a acheté une télévision.
- Comme celles
qui sont dans la vitrine de chez Beaulieu? demanda sa mère, tout de suite
intéressée en entendant le mot " télévision ".
- Il m'a pas dit
que c'est là qu'il l'avait achetée, mais ça doit être pareil. En tout cas,
Laflamme dit que c'est ben l'fun de regarder ça le soir. Il paraît que t'as
même pas le goût de sortir de la maison. C'est comme si t'allais aux vues tous
les soirs. Ils montrent même le hockey.
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- Ils montrent
aussi des films, ajouta Denise qui venait de quitter momentanément sa chambre.
Mon gérant nous a dit qu'il s'en est acheté une, le chanceux.
- Aïe! Vous avez
vu les prix de fou qu'ils demandent pour cette patente-là? leur fit remarquer
leur mère. Moi aussi, j'aimerais ben ça qu'on ait les moyens de s'en payer une,
mais j'ai ben peur que ce soit pas pour du monde ordinaire comme nous autres.
- Laflamme m'a
dit que les moins chers sont autour de quatre cent cinquante piastres, précisa
Gilles. On rit pas.
- C'est vrai, ça.
On dirait ben qu'il faut être aussi riche que Jean-Louis pour se payer une
affaire comme ça, ajouta Richard.
- Espèce de nono!
se contenta de laisser tomber son frère aîné avant de se diriger vers sa
chambre.
Lorsque la
deuxième période débuta, il ne resta plus dans la cuisine que Laurette et ses
deux fils. Carole s'était finalement décidée à aller rejoindre sa soeur dans
leur chambre pour ne pas avoir à supporter l'énervement de ses deux frères. Le
Canadien marqua à deux reprises durant les vingt
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