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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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maudites
affaires-là. En plus, aussitôt que tu bouges le moindrement, tu perds des
boutons. Je voudrais ben mettre la main sur le sans-dessein qui a inventé ça.
     
    - T'es ben
niaiseux, Richard Morin, lui fît remarquer sa mère. Je suppose que t'aimerais
mieux geler et attraper ton coup de mort en mettant des petits corps d'été tout
l'hiver.
     
    L'adolescent se
dirigea vers sa chambre à coucher et en revint moins d'une minute plus tard. Il
alla se planter devant le petit miroir installé au-dessus du lavabo.
     
    - J'haïs ça
prendre un bain, dit-il sans s'adresser à quelqu'un en particulier.
Regardez-moi la tête! Mon "coq" tient plus pantoute et mes cheveux
s'en vont dans tous les sens. J'ai l'air d'un vrai fou.
     
    Laurette lui jeta
un bref regard avant de tourner son attention vers la chemise qu'elle était en
train de repriser.
     
    Avec ses cheveux
mouillés ainsi plaqués sur le crâne, les
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    grandes oreilles
de son fils semblaient encore plus décollées que d'habitude.
     
    - Tu dis ça
toutes les fois, lui fit remarquer Gilles qui venait d'allumer la radio.
T'auras juste à mettre plus de Brylcreem demain matin. Grouille-toi. La partie
commence.
     
    - Vous autres et
votre maudit hockey, laissa tomber Denise en fermant le roman d'amour qu'elle
était en train de lire, assise à un bout de la table. Il y a jamais moyen
d'avoir la paix pour lire tranquille.
     
    - C'est correct,
la vieille fille. On a compris. T'étais faite pour entrer chez les soeurs, dit
Richard, sarcastique.
     
    - Niaiseux!
répliqua sa soeur aînée en levant les épaules. Je pense, m'man, que je vais
aller prendre mon bain, moi aussi, et après, je vais aller lire dans ma
chambre.
     
    - Pour moi, p'pa
doit faire comme nous autres à soir, fit remarquer Gilles avec une note de
nostalgie dans la voix, en s'installant tout près de la radio en compagnie de
son frère, de manière à ne rien perdre des commentaires de René Lecavalier.
     
    - Ça, tu peux en
être sûr, acquiesça sa mère. Depuis que votre oncle Rosaire lui a donné un
radio, l'année passée, il a pas dû manquer ben des parties.
     
    - J'ai hâte qu'il
revienne, fit Richard.
     
    - Moi aussi, dit
son frère, apparemment aussi ému que lui à l'évocation de leur père.
     
    - C'est presque
certain qu'il va sortir du sanatorium avant l'été, affirma leur mère avec une
assurance qu'elle était loin d'éprouver.
     
    Il y eut un bref
silence dans la pièce. On entendait seulement les cris des amateurs de hockey
qui avaient pris d'assaut le Forum de Montréal en cette soirée d'avril et qui
étaient retransmis par Radio-Canada.
     
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    - Moi, en tout
cas, j'aimerais ben pouvoir faire mon devoir en paix, déclara Carole,
mécontente. Avec le radio à tue-tête, j'ai de la misère à comprendre ce que je
fais.
     
    - Baissez un peu
le son, ordonna Laurette à ses fils qui venaient de tirer leurs chaises encore
plus près de l'appareil pour être bien certains de ne pas perdre le moindre mot
de la description de la cinquième partie de la finale de la coupe Stanley.
     
    - Baissez le
radio, insista Carole.
     
    - Chut! fit
Richard en faisant signe à sa soeur de
    se taire.
     
    Gilles poussa un
soupir d'exaspération, mais il n'en avança pas moins la main pour baisser un
peu le son.
     
    - Pas trop,
s'insurgea son frère. On n'entend plus rien. C'est à soir qu'on va voir si
Lindsay va se faire planter, ajouta-t-il d'une voix excitée. En tout cas, Howe
et Delvecchio feront pas ce qu'ils veulent sur la glace.
     
    - Vous l'avez pas
baissé assez, se plaignit Carole.
     
    - Tais-toi! Ça
commence, lui ordonna Richard en lui adressant un regard furieux.
     
    La voix de René
Lecavalier emplit la cuisine des Morin.
     
    La foule
surexcitée hurlait et scandait des encouragements à leurs favoris qui venaient
de paraître sur la glace.
     
    - En tout cas,
cette année, Maurice Richard est pas suspendu, dit Gilles en faisant allusion à
la suspension imposée l'année précédente à son idole par le président Campbell,
suspension qui avait déclenché une émeute au Forum de Montréal.
     
    - C'est sûr que
le Canadien va gagner, fit son jeune frère, comme pour conjurer le mauvais sort
qui s'était acharné sur le Canadien les deux années précédentes.
     
    - C'est pas
encore fait, reprit Gilles en s'allumant une cigarette.
     
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    Ils se turent
durant quelques instants pendant que le commentateur rappelait les faits
marquants des trois matchs

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