Le retour
laver
pendant que vous ôtez les châssis doubles.
- Non, m'man, dit
Richard sur un ton décidé. Vous avez travaillé toute la journée. Allez vous
coucher
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une heure avant le
souper. Nous autres, on a le temps d'ôter les châssis doubles et de laver les
jalousies avant de les poser.
Laurette ne se
fit pas prier. Après avoir épluché des pommes de terre, elle alla dormir une
heure. Pendant ce temps, ses fils sortirent du hangar les persiennes en bois
dont la peinture verte écaillée aurait bien eu besoin d'être rafraîchie. Après
les avoir sommairement lavées sur le balcon, les deux frères les installèrent à
chacune des quatre fenêtres de l'appartement. Au moment où ils s'affairaient à
mettre en place la porte-moustiquaire qui ouvrait sur la cuisine, Denise revint
de son travail, l'air éreinté.
- Ça va faire du
bien de plus avoir les châssis doubles, dit la jeune fille à sa mère, en
pénétrant dans l'appartement.
- On va enfin
respirer, lui fit remarquer cette dernière en ne cachant pas sa satisfaction.
Les gars ont été ben fins d'installer les jalousies après leur journée
d'ouvrage.
- Qu'est-ce qu'on
mange pour souper?
- Du pâté
chinois.
- Je me change et
je viens vous aider à mettre la table, annonça Denise en prenant la direction
de sa chambre.
- Ta soeur va
venir te donner un coup de main. Je l'ai appelée tout à l'heure.
Durant le souper,
l'unique sujet de conversation entre Gilles et Richard fut le cinquième match
éliminatoire qu'allait disputer le soir même le Canadien de Montréal aux Red
Wings de Détroit. Les deux adolescents étaient particulièrement excités par la
possibilité que leurs favoris remportent enfin les séries éliminatoires le soir
même.
- Ça fait deux
ans qu'ils viennent nous voler la coupe Stanley, déclara Richard en beurrant
une tranche de pain.
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On les a plantés
trois à zéro la dernière partie. C'est à soir que ça finit. Lindsay, Delvecchio
et Howe vont pouvoir aller se faire voir ailleurs, ajouta-t-il avec une belle
certitude.
- Attends, il y a
encore rien de fait, chercha à le calmer son frère. Ils sont forts en maudit.
Oublie pas que c'est eux autres qui ont fini premiers cette année.
- Ils sont pas de
taille contre nous autres, protesta Richard. Tu vas voir ça tout à l'heure. En
plus de Richard et Geoffrion, on a Jean Béliveau. Il faut pas oublier que c'est
le champion des compteurs cette année.
- Si vous
arrêtiez de bavasser comme deux pies pour manger, on pourrait peut-être se
débarrasser du lavage de la vaisselle avant minuit, intervint Denise, exaspérée
par cette discussion à laquelle elle ne comprenait pas grand-
chose.
Après le repas,
Laurette s'empressa de dire à ses garçons:
- Niaisez pas
trop si vous voulez avoir le temps de prendre votre bain avant votre partie de
hockey.
- On pourrait ben
faire ça demain soir, rétorqua Richard, peu enthousiaste.
- C'est ça. Je
suppose que, demain matin, tu voudrais aller à la messe sale comme un cochon?
- Qui s'en
apercevrait, m'man?
- Laisse faire,
toi. Tu vas te laver. J'ai pas envie de me ramasser avec des collets de chemise
encrassés et pas nettoyables. Si t'as pas le temps de te laver avant ton match
de hockey, t'en manqueras une partie. C'est clair?
-.Aie! Vous y
pensez pas! protesta l'adolescent, consterné par cette possibilité.
- Dans ce cas-là,
grouille-toi, lui ordonna sa mère, inflexible. Gilles, toi, tu vas aller me
remplir la cruche d'huile, elle est presque vide.
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Gilles, plus sage
que son frère, savait déjà qu'il ne l'emporterait pas dans une dispute avec sa
mère. Il s'empressa d'aller faire bouillir de l'eau pour prendre son bain le
premier. Ensuite, il s'empara de la cruche de cinq gallons en verre dans
laquelle il ne restait qu'un peu d'huile à chauffage et sortit à l'extérieur
pour aller la remplir à même le baril installé dans le hangar.
Un peu plus tard,
au moment où Richard sortait de la salle de bain où il avait été enfermé durant
un bon moment, Laurette lui rappela:
- Oublie pas de
changer de sous-vêtements, et mets ceux qui sont sales dans la laveuse.
- Ben oui, m'man,
se contenta-t-il de dire en poussant un soupir d'exaspération. En tout cas, une
chance que l'hiver est fini et qu'on n'a plus à mettre nos combinaisons à
panneau, ajouta-t-il. Moi, j'ai passé l'hiver à me gratter avec ces
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