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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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printanière
s'était
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    transformée en
crachin. Des papiers gras et des mégots de cigarette flottaient sur les flaques
d'eau créées par la pluie tombée la nuit précédente. Les Morin parcoururent la
rue Fullum jusqu'au coin de Sainte-Catherine. Au moment où ils passaient devant
le presbytère en brique grise dont le petit terrain était délimité par une
clôture en fer forgé haute d'à peine deux pieds, les cloches de l'église
voisine se mirent à sonner. Déjà, de nombreux fidèles montaient lentement la
douzaine de marches conduisant aux portes en chêne massif du temple.
     
    Richard tint la
porte pour laisser entrer sa mère et ses soeurs dans l'église. Il les laissa
volontairement prendre de l'avance. Il les vit tremper le bout de leurs doigts
dans le bénitier situé dans l'entrée et se diriger vers l'allée centrale, à la
recherche de places à l'avant. Pour sa part, l'adolescent bifurqua rapidement
vers l'allée latérale et s'installa dans l'un des derniers bancs. Il vit sa
mère tourner la tête dans toutes les directions, assurément à sa recherche.
Depuis plus d'un an, il lui faisait le même coup pratiquement tous les
dimanches, malgré ses reproches. Il avait décidé une fois pour toutes qu'il ne
voulait plus aller s'installer à l'avant de l'église, sur le même banc que les
membres de sa famille.
     
    Il fit une rapide
génuflexion et s'assit, partiellement dissimulé par l'une des colonnes massives
en marbre qui soutenaient l'édifice. Il sortit immédiatement un missel de sa
poche et lut avec soin l'épître et l'évangile du jour avant de le déposer sur
le banc avec une tuque qu'il venait de tirer de l'une de ses poches. Avant même
que le service divin commence, il quitta subrepticement l'église après avoir
placé bien en évidence son missel et sa tuque pour réserver sa place.
     
    A sa sortie, il
croisa deux ou trois retardataires qui se dépêchaient d'entrer pour ne pas
rater le début de la
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    messe. Les deux
mains enfoncées dans ses poches, Richard se dirigea à pas pressés vers la salle
de billard voisine du magasin Woolworth. Il acheta une bouteille de Coke au
comptoir et la sirota lentement en regardant deux jeunes disputer une partie
dans la petite salle enfumée. Une demi-
    heure plus tard,
il reprit le chemin de l'église Saint-Vincentde-
    Paul après avoir
jeté un coup d'oeil à sa montre.
     
    Il se glissa dans
les lieux en faisant le moins de bruit possible et retrouva, comme prévu, sa
place libre. À aucun moment, il ne se soucia des fidèles qui lui jetèrent des
regards intrigués. Moins de deux minutes plus tard, la voix de stentor du curé
Perreault prononça Vite missa est libérateur.
     
    Richard
s'empressa d'empocher son missel et sa tuque et sortit sur le parvis pour
attendre sa mère et ses soeurs.
     
    Les deux portes
latérales s'ouvrirent pour livrer passage à la foule de paroissiens qui avaient
assisté au service divin.
     
    L'adolescent
venait d'allumer une cigarette quand il vit apparaître sa mère, un peu boudinée
dans son manteau bleu. Elle descendit les marches, ses deux filles sur les
talons. Quand il la rejoignit, elle l'apostropha.
     
    - Veux-tu ben me
dire où t'étais, toi, durant la messe?
     
    demanda-t-elle en
se mettant en marche vers la maison.
     
    - J'étais assis
en arrière, répondit-il, immédiatement sur la défensive.
     
    - Ah oui? T'es
sûr de ça? C'est drôle, j'ai regardé pendant la messe et je t'ai pas vu
pantoute, fit sa mère en le fixant d'un oeil soupçonneux.
     
    - J'étais là.
     
    - Si c'est vrai,
dis-moi donc un peu de quoi ça parlait dans l'Évangile?
     
    Richard
s'attendait à la question puisque sa mère la lui posait chaque fois qu'elle
avait un doute sur sa présence à la messe dominicale. C'était d'ailleurs pour
cette raison
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    qu'il lisait
toujours l'Évangile une fois ou deux dans son livre de messe avant de
s'éclipser de l'église.
     
    - Ben. Monsieur
le curé a dit que c'était le deuxième dimanche après Pâques et il a parlé du
Bon Pasteur et des brebis. J'ai pas trop ben compris ce qu'il a raconté.
     
    - Je suppose que
t'as pas trop ben compris aussi ce qu'il a dit durant son sermon? fit sa mère
en arborant un air qui en disait long sur la confiance qu'elle avait en la
franchise de son plus jeune fils.
     
    - Il a encore
parlé de la même chose, hasarda l'adolescent en prenant une chance.
     
    - Si t'étais à la
messe, comment ça se fait qu'on t'a pas vu aller

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