Le retour
l'extérieur. Elle avait oublié que les persiennes installées la veille
avaient été fermées. En bâillant, elle se dirigea vers la cuisine où Gilles et
Jean-Louis, déjà habillés, attendaient que Carole veuille bien quitter les
toilettes.
Traînant les pieds
dans ses pantoufles éculées, la mère de famille se rendit jusqu'à la fenêtre de
la cuisine dont elle écarta d'une main le rideau. Le ciel était gris et il
tombait une petite pluie fine.
- Bon. Il
manquait plus que ça, murmura-t-elle en laissant retomber le rideau. Il
mouille. Ça va être le fun encore d'aller à Saint-Joseph après le dîner.
Elle s'empara de
son étui à cigarettes, l'ouvrit et alluma sa première cigarette de la journée.
Elle inhala profondément la fumée avant de s'asseoir dans sa chaise berçante en
déplorant intérieurement de ne pouvoir boire une bonne tasse de café le
dimanche matin.
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- Vous êtes pas
obligée d'y aller, m'man, lui fit remarquer Jean-Louis.
- Ben non, fit sa
mère, sarcastique. On va laisser ton père tout seul comme un chien en plein
dimanche.
- Mon oncle
Armand ou mon oncle Bernard va peut-
être y aller,
intervint Gilles. Si c'est mon oncle Armand, il pourrait vous amener en char
et...
- Parle donc pas
pour rien dire, le coupa sa mère. Tu sais ben que ton oncle Bernard est jamais
allé au sanatorium parce que ta tante Marie-Ange a peur qu'il rapporte la
tuberculose à la maison. Pour ce qui est de ton oncle Armand, il est ben fin,
mais il est déjà allé voir ton père il y a quinze jours.
- Je pense que je
vais laisser ma place à Carole, déclara Denise en finissant de brosser ses
cheveux.
- Moi, j'ai fini
exprès de faire mes devoirs hier soir, m'man, pour pouvoir aller voir p'pa avec
vous cet après-
midi si vous le
voulez, annonça Carole en sortant de la salle de bain.
- C'est correct,
accepta sa mère.
- J'y serais allé
si j'avais pas des rapports d'impôt à faire avec Jacques aujourd'hui, s'excusa
Jean-Louis dont la voix ne trahissait aucun regret.
- Moi, j'ai pas
un devoir de fait, dit Gilles, mais si vous voulez que j'y aille avec vous
autres, je vais y aller, proposa Gilles.
- Laisse faire,
dit Richard qui venait de pénétrer dans la cuisine. Je vais y aller. Ça fait
deux mois que j'ai pas vu p'pa.
- On va être
trois, fit remarquer Laurette à ses enfants.
Les soeurs aiment
pas ben ça quand on est plus que deux.
- Le pire qui
peut arriver, m'man, c'est qu'elles nous demandent qu'il y en ait un qui reste
en bas.
Laurette n'ajouta
rien.
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- Bon. Est-ce
qu'on y va? demanda Jean-Louis à son frère Gilles. Je pense que c'est le temps
de partir sinon on va être en retard pour la messe.
Gilles le suivit
dans le couloir. Les deux frères mirent leur manteau et quittèrent
l'appartement. Depuis le départ de son père, Gilles avait pris l'habitude
d'assister à la basse-
messe du dimanche
matin en compagnie de son frère aîné.
Pendant un
moment, Richard avait songé à les accompagner, mais il ne s'entendait pas assez
bien avec Jean-Louis pour avoir envie de faire le trajet entre la maison et
l'église en sa compagnie.
Après avoir
traîné un long moment sans rien faire dans la cuisine, Laurette se secoua. Elle
alla faire sa toilette et s'habilla avant de mettre de l'ordre dans sa chambre
à coucher. Au moment où Denise sortait de la salle de bain, la mère de famille
se mit à la préparation du dîner.
- Qu'est-ce qu'on
va manger à midi, m'man? demanda la jeune fille.
- On va se payer
la traite, annonça sa mère. J'ai acheté un poulet en spécial chez Tougas hier
matin. On va le faire cuire durant la messe. En revenant, on va préparer des
bons hot chicken. J'ai de la sauce et des petits pois. En plus, j'ai préparé un
gâteau aux épices pour pouvoir en apporter un bon morceau à ton père.
- Arrêtez, m'man,
j'ai déjà faim, fit Denise.
- Voulez-vous que
je reste pendant la messe pour être sûr que le poulet brûle pas, offrit
Richard, ironique.
- Laisse faire,
toi, répliqua sa mère. Tu te sauveras pas de la messe. Gilles va s'en occuper
quand il sera revenu.
- Je crèmerai le
gâteau en revenant de la messe si vous voulez, offrit Denise.
Au retour de
Jean-Louis et de son frère, Laurette quitta l'appartement en compagnie de
Richard et de ses deux filles. L'air était doux et la petite pluie
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