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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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vite.
     
    L'adolescent
aurait pu faire remarquer à sa mère qu'elle aurait pu y penser avant d'acheter
un ensemble de vaisselle parfaitement inutile, mais il n'en fît rien.
     
    Chapitre 7
     
    de nouveaux
voisins
    Le lundi matin,
Laurette laissa sur la table la somme exacte du loyer à payer à Armand Tremblay
quand il passerait à la fin de l'après-midi. Habituellement, Gilles ou Carole
était déjà de retour à la maison à cette heure-là de la journée et pouvait
payer le fondé de pouvoir de la Dominion Oilcloth.
     
    Elle avait passé
la journée à surveiller du coin de l'oeil les allées et venues de Maxime
Gendron qui, elle le savait, l'épiait sans arrêt dans l'intention de la prendre
en défaut.
     
    A l'heure du
midi, le contremaître irascible avait enguirlandé l'employée qui lui avait
timidement demandé de changer de poste avec Laurette en prétextant qu'elle
avait du mal à suivre la cadence de la machine.
     
    - Si c'est trop
dur pour toi, t'as juste à aller te chercher une job ailleurs! avait-il aboyé.
C'est pas toi qui vas venir organiser mon département.
     
    Laurette avait
été bien près de se mêler de la conversation et il avait fallu l'intervention
de son amie Lucienne pour l'empêcher de faire cette bêtise.
     
    - Mêle-toi pas de
ça, lui avait-elle enjoint en la saisissant par un bras. Tu vois ben qu'il
cherche juste à te provoquer pour te faire sacrer dehors.
     
    - Le gros chien
sale! s'était-elle emportée. Il sait ben que je suis capable de faire cette
job- à et que j'ai mal aux
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    jambes à rester
debout toute la journée à remplir ses maudites boîtes.
     
    - C'est sûr qu'il
le sait, avait répliqué Lucienne d'une voix apaisante. Mais fais-lui pas le
plaisir de lui montrer que ça te fait quelque chose.
     
    - Il va finir par
me payer ça, l'enfant de chienne, avait promis Laurette avant de déballer son
repas du midi.
     
    Lorsqu'elle avait
pris le tramway un peu après cinq heures, la pluie s'était mise à tomber.
     
    - Ça fait exprès,
bâtard! j'ai oublié mon parapluie, se plaignit-elle à son amie.
     
    - On n'est pas en
chocolat. On fondra pas, la consola Lucienne en se levant pour la laisser
descendre au coin de Frontenac.
     
    Quelques minutes
plus tard, au moment où elle tournait au coin de la rue Emmett, Laurette eut la
surprise de voir la petite artère totalement obstruée par quatre camions. Il y
en avait trois dans lesquels étaient entassés un bric-à-
    brac de vieux
meubles et de boîtes cartonnées débordant d'objets hétéroclites. Des hommes,
des femmes et des enfants, chargés de paquets et de boîtes, s'agitaient en tous
sens. Les Cadieux, voisins de la veuve Paquin, achevaient de charger un camion
de déménagement. Deux hommes sortaient justement de leur appartement en peinant
à transporter un vieux réfrigérateur Roy. De l'autre côté de la rue, trois
adolescents et un vieil homme faisaient la chaîne pour vider la benne d'un
petit camion. Son contenu était destiné à l'un des appartements du second
étage, en face de chez Laurette. Un camion de la compagnie Coke était stationné
au coin de la rue, empiétant légèrement sur la rue Archambault. L'employé de la
compagnie déchargeait des caisses de bouteilles pleines et les transportait
chez Paré en passant par la porte de ce qu'Édouard Paré appelait son
"backstore".
     
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    Le dernier camion
était stationné exactement devant la porte de l'appartement des Morin. Laurette
descendit du trottoir et marcha dans la rue pour éviter de se heurter aux
déménageurs de la famille Cadieux. Elle ne remonta sur le trottoir qu'un peu
avant d'arriver chez elle.
     
    - Envoyé!
Grouille-toi! hurla un petit homme noueux à la chemise détrempée à un grand
adolescent efflanqué
    qui venait de
s'emparer d'une boîte de carton. Attends pas que la pluie ait défoncé le
carton, sacrament!
     
    L'adolescent se
mit en marche sans trop regarder où il allait et heurta Laurette au moment où
elle s'apprêtait à pousser sa porte d'entrée. Il allait poursuivre son chemin
sans s'excuser quand elle l'apostropha:
     
    - Tu peux pas
regarder où tu marches, toi!
     
    Le garçon fit un
pas en arrière sous le choc et regarda par-dessus sa boîte. La figure furieuse
qu'il aperçut l'incita à lâcher un " scusez! " avant de poursuivre sa
route vers la porte voisine qu'une brique maintenait ouverte. Deux hommes
s'escrimaient sur le palier de l'escalier intérieur avec un poêle à

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