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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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nombreuse pouvait bien aller aussi
tôt dans la soirée, les cloches de l'église Saint-Vincent-de-Paul sonnèrent et
lui rappelèrent que c'était le mois de Marie et que, chaque soir, il y avait la
récitation du chapelet à l'église, à sept heures.
     
    Elle ne put faire
autrement que de se souvenir de l'époque pas si lointaine où elle obligeait ses
enfants à cesser leurs jeux après le souper pour venir "se débarbouiller
    " avant
d'aller participer à la récitation du chapelet.
     
    Parfois, elle
trouvait même la force de les accompagner.
     
    Maintenant, les
enfants étaient rendus trop grands pour
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    ça et elle, elle
était trop fatiguée après sa journée de travail pour marcher jusqu'au coin de
Fullum et Sainte-Catherine pour aller s'agenouiller.
     
    - Je devrais y
aller au moins une fois ou deux par semaine pour l'exemple, se dit-elle avec un
soupçon de remords. La belle-mère a peut-être raison de dire que je prie pas
assez pour que Gérard guérisse.
     
    Des cris excités
en provenance de l'autre côté de la rue l'incitèrent à tourner la tête vers le
restaurant Paré. Il s'agissait encore des deux mêmes adolescentes, vêtues de
robes à crinoline, qui riaient à gorge déployée, uniquement dans le but
d'attirer l'attention des garçons rassemblés autour d'elles.
     
    - Je voudrais ben
voir Carole se conduire comme ces deux têtes folles-là, dit-elle à mi-voix. Je
te dis que j'irais la chercher par le chignon du cou.
     
    Elle avait déjà
oublié la scène de sa fille se laissant embrasser sur le trottoir de la rue
Sainte-Catherine moins d'un mois auparavant.
     
    Elle regarda
autour d'elle. Tout à coup, il lui sembla étrange de ne pas voir le taxi jaune
et noir de Charles Gravel stationné devant sa porte et la demi-douzaine de
petits Cadieux en train de s'amuser un peu plus loin sur le trottoir. Elle leva
la tête vers le long balcon du second étage de la maison d'en face, s'attendant
à y voir Simone Rocheleau occupée à bercer l'un ou l'autre de ses trois jeunes
enfants.
     
    - C'est vrai
qu'elle est partie, se dit Laurette. Bonyeu!
     
    je viens d'y
penser. Qui est-ce qui va me donner mes permanents à cette heure qu'elle est
plus là? J'avais pas pensé à ça pantoute, moi.
     
    Au même moment,
elle vit une vieille dame à l'air fragile, les bras chargés de deux sacs en
apparence assez lourds, avancer péniblement sur le trottoir, de l'autre côté
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    de la rue Emmett.
L'inconnue adressa un sourire à Laurette avant de se diriger vers le pied de
l'escalier où étaient les deux adolescentes entourées de leur cour.
     
    Les jeunes
s'écartèrent de son chemin à contrecoeur, mais aucun ne lui offrit de se
charger de ses paquets pour l'aider. Révoltée, Laurette se leva.
     
    - Attendez,
madame, cria-t-elle à la vieille dame qui avait déjà posé le pied sur la
première marche. Gilles, cria-
    t-elle à son fils
qu'elle savait dans la cuisine. Viens ici une minute. Dépêche-toi.
     
    - Qu'est-ce qu'il
y a? demanda l'adolescent en sortant de l'appartement.
     
    - Dépêche-toi. Va
aider madame à monter ses paquets, lui dit-elle en lui indiquant l'aïeule de la
main. Si ça a de l'allure de pas avoir plus de coeur que ça, ajouta-t-elle à
l'endroit des jeunes qui s'écartèrent légèrement pour laisser passer son fils
qui venait de traverser la rue au pas de course.
     
    Gilles sourit à
la vieille dame, prit ses deux sacs de victuailles et les monta au second où il
attendit son arrivée.
     
    Cette dernière
arriva derrière lui près de deux minutes plus tard, à bout de souffle.
     
    - T'es ben fin de
m'avoir aidée, lui dit-elle. Je te dis que c'est pas drôle vieillir toute
seule. Quand t'as quatre-vingt-
    un ans, monter un
escalier, ça se fait pas tout seul.
     
    - Est-ce que vous
restez au deuxième? lui demanda l'étudiant.
     
    - Non. Au
troisième, répondit-elle en cherchant la clé de la porte de l'escalier
intérieur dans son sac à main. Je te remercie, mais je suis capable de monter
mes affaires.
     
    L'autre escalier
est moins à pic.
     
    - Ben non,
madame. Je suis déjà là. Je vais vous monter vos sacs jusqu'en haut. Ça me
dérange pas, offrit Gilles avec un grand sourire.
     
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    La dame le laissa
passer devant elle. Il monta l'escalier et s'arrêta sur le palier, lui laissant
le temps de déverrouiller la porte de son appartement. Il entra et déposa les
sacs sur la table de cuisine.
     
    - Attends que je
te récompense, lui

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