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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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était vêtu d'une
chemisette verte et d'un pantalon noir et il avait soigneusement peigné son
épaisse chevelure noire.
     
    - Je voulais pas
te déranger, s'excusa le visiteur, l'air un peu intimidé, debout à l'extrémité
du couloir. Mais comme je t'avais promis un cornet, je trouvais que ça aurait
pas été correct de pas venir. T'aurais pu croire que j'étais cheap, ajouta-t-il
avec un sourire désarmant.
     
    - Viens, l'invita
Denise. Je vais te présenter ma mère, ma soeur et un autre de mes frères.
     
    La jeune fille
l'entraîna dans la cuisine où sa mère venait de commencer à plier le linge
séché durant la journée, installée à une extrémité de la table.
     
    - Bonsoir, madame
Morin, dit poliment le visiteur. Je m'appelle Pierre Crevier. J'espère que vous
me trouverez pas trop effronté d'être venu sonner chez vous sans avoir été
invité. J'avais promis à Denise et à Richard qu'on irait manger un cornet après
le souper.
     
    Dès le premier
coup d'oeil, Laurette fut séduite autant par l'apparence physique que par la
personnalité du jeune
    213
     
    homme. Il ne
parlait pas "en termes" comme Serge Dubuc, l'ancien amoureux de sa
fille et il donnait une impression de franchise et de solidité. Par conséquent,
elle ne se sentit nullement obligée de le vouvoyer comme elle l'avait fait
instinctivement pour l'autre.
     
    - Tu déranges pas
pantoute, lui dit-elle avec le sourire.
     
    On a fini de
souper depuis un bon bout de temps.
     
    Denise lui
présenta ensuite sa soeur Carole et son frère Gilles. Au moment où les
présentations prenaient fin, Richard revint dans la cuisine.
     
    - Maudit qu'on
n'est pas chanceux, s'exclama-t-il, l'air faussement peiné. Au moment où on
aurait pu se faire payer des gros cornets à trois boules chez Oscar, v'ià qu'il
mouille à cette heure.
     
    En effet, la
pluie venait de commencer à tomber. Elle s'était même mise à tambouriner
furieusement sur le toit du hangar.
     
    - J'ai vu qu'il y
a un restaurant au coin, dit Pierre Crevier en souriant. Je peux aller chercher
des cornets là, mais j'ai ben peur de trouver là juste des mino rolls.
     
    - Aie, Richard,
mon maudit fatigant! intervint sa mère. Ça va faire! Tu viens de sortir de
table. Avec ce que t'as mangé au souper, je pense pas que tu vas mourir de faim
à soir.
     
    - Je disais juste
ça pour faire une farce, m'man.
     
    - Bon. Ben, je
pense que je vais m'en retourner, dit le jeune débardeur. Je pensais ben qu'on
pourrait marcher jusqu'à la rue Sainte-Catherine pour aller se chercher un
cornet.
     
    - Si vous pouvez
pas aller marcher, vous pourriez peut-être vous asseoir un bout de temps sur le
balcon en arrière ou ici dedans, proposa Laurette en constatant que sa fille ne
semblait pas se décider à inviter le garçon à rester.
     
    T'es pas pour
t'en retourner avec une pluie pareille.
     
    214
     
    Elle lança un
regard mécontent à sa fille.
     
    - On n'a pas de
salon, finit par dire Denise, gênée par la situation.
     
    - Nous autres
aussi, on n'a jamais eu de salon chez nous, avoua Pierre Crevier, apparemment
très à l'aise.
     
    Avec treize
enfants à la maison, ajouta-t-il à l'intention de Laurette, on était pas mal
tassés. De toute façon, si on avait eu un salon, ça aurait été de la place
perdue parce que, connaissant ma mère comme je la connais, elle aurait jamais
voulu qu'on aille dans cette pièce-là qu'elle aurait réservée à la visite.
     
    - Assis-toi, lui
offrit Denise, tout de même heureuse de constater que le garçon ne semblait
nullement pressé de la quitter.
     
    Pierre Crevier
sut se montrer charmant toute la soirée.
     
    Denise craignit
pendant un moment qu'il révèle à sa mère dans quelles conditions il avait fait
sa connaissance, mais sa crainte était injustifiée. Son ami sut se montrer
discret et, à aucun moment durant la soirée, il ne chercha à jeter de la poudre
aux yeux des Morin réunis dans la cuisine.
     
    Quand Richard le
questionna sur sa force physique qui semblait particulièrement l'impressionner,
l'invité se contenta de lui dire qu'une paire de bras remplace jamais une tête
solide, comme le disait son père.
     
    - De toute façon,
tu finis toujours par trouver quelqu'un capable de te planter, ajouta-t-il.
     
    Voyant Gilles
encore plongé dans ses travaux scolaires bien après neuf heures, il ne put
s'empêcher de lui demander en quelle année il était.
     
    - Je finis ma
onzième année, déclara

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